Noureddine Darmouch, directeur du Centre régional d'investissement de la région Agroalimentaire, tourisme, mines, énergies renouvelables...Béni Mellal-Khénifra connaît l'émergence de plusieurs activités. Comment drainer l'investissement dans ces secteurs et enclencher une dynamique de développement ? Les Inspirations ECO : Quels sont les secteurs à fort potentiel dans la région ? Noureddine Darmouch : Il est notoire que le cœur d'activité de la région est axé sur les secteurs de l'agriculture et du tourisme. Toutefois, durant les dernières années, la région a connu l'émergence d'autres secteurs à fort potentiel de développement portés par les grands investissements dans l'agro-industrie, les mines et les énergies renouvelables. L'installation de grandes unités agro-industrielles a profité naturellement, en amont, de l'importance et de la diversité des productions agricoles, dans la mesure où la région dispose d'une superficie agricole utile de plus de 959.000 ha, produisant 10% à 30% de la production agricole nationale, selon les filières. Le secteur minier est tiré essentiellement par l'extension des capacités productives de l'OCP, mais aussi par l'abondance d'autres ressources minières qui sont exploitées par les investisseurs privés. Au niveau de ces deux filières, signalons que la région collabore avec le ministère de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique pour mettre en place des écosystèmes intégrant et mutualisant les efforts des différents opérateurs de ces filières. S'agissant des énergies renouvelables, la région a réalisé durant les trois dernières années un montant d'investissement dépassant les 3 milliards de dirhams, alors qu'elle dispose déjà d'un stock important de ressources renouvelables lui permettant de se positionner comme l'un des principaux pôles de production de l'énergie propre (énergie hydroélectrique, composte...). Quelle est votre stratégie pour attirer les investisseurs ? Nous avons une stratégie axée sur l'intelligence économique territoriale, la structuration de l'offre de la région et le ciblage réfléchi des investisseurs. À cet effet, nous mettons en place des outils et des bases de données socio-économiques permettant de générer une information fiable quant aux opportunités d'investissements dans la région, de nature à améliorer constamment la visibilité économique pour les investisseurs. La structuration de l'offre de la région, repose sur l'installation des infrastructures et des équipements nécessaires à l'accueil des investisseurs, et ceci en termes d'accessibilité, de logistique, de formation et de foncier dédié. En synergie avec les potentialités sectorielles et les infrastructures de la région, notre politique de ciblage vise les investissements à forte valeur ajoutée, permettant d'accélérer la structuration et la transformation économique des filières. À ce titre, signalons que la moyenne annuelle des investissements réalisés dépasse les 8 milliards de dirhams. Le grand défi pour attirer les investissements demeure la qualité des infrastructures et équipements. Que peut «vendre» la région à ce niveau et quels sont les projets en cours de réalisation ? Plusieurs projets structurants contribuent à l'amélioration de l'attractivité de la région Béni Mellal-Khénifra et de la compétitivité des entreprises installées au niveau de son territoire. L'agropole de Béni Mellal avec sa plateforme industrielle intégrée (P2I), dont les travaux de la première tranche sont déjà achevés, permettra d'offrir aux investisseurs des lots industriels aménagés selon des standards internationaux, dans un espace de 208 ha, regroupant tous les services de support (approvisionnement, logistique, stockage, laboratoires d'analyse, services administratifs...). Par ailleurs, les infrastructures dont la région vient de se doter, à savoir l'autoroute Beni Mellal-Casablanca et l'Aéroport international de Beni Mellal, ont permis une fluidité croissante du transport de personnes et de marchandises avec les autres pôles économiques nationaux et internationaux. La région œuvre également en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux et nationaux pour l'extension et la consolidation de ces infrastructures. Il s'agit des projets d'autoroute Marrakech-Béni Mellal-Safi, de l'autoroute de Béni Mellal et du bipôle Fès/Meknès ainsi que de la voie ferroviaire Khouribga-Oued Zem-Fquih Ben Salah-Béni Mellal. Tous ces projets sont en phase d'étude. La province de Béni-Mellal est dotée d'un plan stratégique d'une enveloppe de 6,9 MMDH. Comment sera-t-il décliné ? Et comment les autres composantes de la région peuvent profiter de cette dynamique ? Le Plan de développement régional se décline à travers plusieurs axes, qui seront intégrés au niveau des types d'investissements et des emplois à générer en étroite collaboration avec les départements ministériels. Parmi ces axes, on cite particulièrement la création des locomotives économiques et des écosystèmes pour l'intégration des filières économiques, l'accompagnement et l'encouragement des PME, des TPE et des auto-entrepreneurs par la mise en place de dispositifs d'appui basés sur le cofinancement d'une partie des coûts d'acquisition du foncier et sur des primes à l'emploi. Un autre axe très structurant pour l'économie régionale concerne la création d'espaces d'accueil industriels (Technopole, zones franches, parcs industriels locatifs intégrés (PIL), zones d'activités économiques ...). L'objectif de ces espaces est d'améliorer l'offre foncière destinée aux investisseurs afin d'encourager le développement du secteur industriel dont la participation au PIB régional demeure assez modeste par rapport à la moyenne nationale, mais également de stimuler l'émergence d'autres filières permettant la diversification de l'économie régionale (Offshoring, nouvelles technologie, R&D, technologie verte...). Comment comptez-vous améliorer le climat des affaires dans la région ? La région a mis en place depuis l'année 2015 son Comité régional de l'environnement des affaires (CREA), qui constitue une plateforme privilégiée de concertation public-privé œuvrant pour l'amélioration du climat des affaires dans la région, avec la participation d'un nombre important d'acteurs régionaux de différents horizons. En plus de la déclinaison et du suivi au niveau régional, les programmes d'action du Comité régional de l'environnement des affaires, le CREA Béni Mellal-Khénifra, pilote un plan d'action ambitieux visant l'amélioration du climat des affaires, réparti sur sept groupes thématiques de travail : le groupe «création d'entreprises» avec pour finalité de simplifier les démarches de création d'entreprises et d'en réduire les délais. Le groupe «suivi des projets d'investissement» avec comme mission principale d'accompagner les investisseurs dans toutes les étapes de concrétisation de leurs projets validés par la Commission régionale d'investissement (mobilisation du foncier public, autorisation de construire, branchement aux réseaux, autorisation d'exercer...). Le troisième groupe : «services de l'administration» a été chargé d'inventorier et de simplifier toutes les procédures liées à l'investissement. Le reste des mesures du plan d'action concerne quatre autres groupes : «financement», «compétitivité des entreprises», «foncier et urbanisme» et le groupe «formation et esprit d'entreprise». Comment se portent les créations d'entreprises au niveau de la région ? La création d'entreprises a connu une dynamique soutenue durant les dix dernières années, avec un taux de croissance annuel moyen de +5%/an. Sur cette même période, le nombre annuel moyen des entreprises créées est estimé à plus 2.100 entreprises par année. Afin de faciliter la procédure de création d'entreprises et d'augmenter le nombre de procédures engagées, le CRI travaille avec ses partenaires pour déployer une prestation en ligne permettant de réduire le nombre de déplacements nécessaires à l'accomplissement des formalités de création, et de suivre l'état d'avancement du dossier tout au long des différentes étapes de son traitement.