Après avoir présenté, il y a quelques mois, les œuvres inédites de Radia Bent Lhoucine, la galerie casablancaise 38, fait voir du 27 octobre au 1e décembre, l'essentiel de l'oeuvre de Mohamed Hamidi. Placée sous le signe de la rétrospective, cette exposition intitulée justement «Hamidi, la rétrospective», fait (re)découvrir les oeuvres de l'un des précurseurs de la peinture moderne au Maroc. Avec Jilali Gharbaoui, Ahmed Cherkaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Mohamed Melehi et bien d'autres, Mohamed Hamidi a posé les jalons de cette peinture qui suscite aujourd'hui l'engouement des professionnels et des collectionneurs. Réalisés entre 1961 et 2011, les tableaux qui seront présentés à la galerie 38 s'organisent autour de thèmes chers au peintre: l'art africain, les corps, l'homme et la femme, les signes et les symboles universels. «C'est très délicat de résumer un travail de plus de 50 ans... mais, tout ce que je peux vous dire, c'est que cette exposition retrace mon parcours artistique, entamé d'abord dans la rue, puisque les murs étaient mes supports favoris, et marqué par des études académiques à Casablanca et à Paris», commente Hamidi. Il faut dire que l'œuvre de cet artiste-peintre confirmé reflète l'originalité de son parcours, dans lequel lAhmed Cherkaoui a joué un rôle déterminant. «C'est lui qui m'a encouragé à faire l'Ecole des métiers d'art de Paris. Il était persuadé qu'il fallait trouver un métier avant de devenir peintre», nous assure Hamidi. La force des couleurs L'artiste casablancais a su depuis toujours créer «une alchimie singulière et plurielle». Des murs, des bâtisses et des ruelles aux couleurs flamboyantes, des formes géométriques transformées en motifs symboliques... les tableaux de Hamidi sont une invitation à un voyage haut en couleurs. Le bleu, le jaune, le rouge, le vert... sont autant de couleurs omniprésentes dans ses œuvres. Comment arrive-t-il à dompter ces couleurs rebelles ? Hamidi répond vite : «J'aime beaucoup la nature... Exploiter toutes ces couleurs se présente comme une sorte d'évasion où l'émotion et la sensibilité sont les mots d'ordre. Je ne les maîtrise pas, chaque couleur en génère une autre d'une manière spontanée». Spontanés, harmonieux, avant-gardistes... les tableaux de l'ancien professeur de l'Ecole des beaux arts de Casablanca ne laissent pas indifférent. Ils conduisent vers un ailleurs éclairé où les signes, les symboles et les couleurs retrouvent légitimement leur place.