Après le succès de l'exposition de Radia Bent Lhoucine, organisée en février dernier, la galerie 38 récidive et accueille, depuis le 27 avril et jusqu'au 27 mai, les œuvres de l'artiste peintre marocain Omar Bouragba. «Omar Bouragba, 50 ans de peinture» tel est l'intitulé de cette exposition qui se veut une rétrospective de l'œuvre de ce pionnier de l'art abstrait au Maroc. Quelque soixante toiles sont ainsi présentées pour mettre «en perspective la spiritualité singulière et la force picturale de ce peintre autodidacte, marqué par l'enseignement soufi d'Ibn Arabi». On se retrouve en effet devant une série de tableaux où la courbe, le triangle et le signe prennent une place de choix. Ce sont d'ailleurs trois éléments déterminants dans l'œuvre de Bouragba, ce dynamique artiste de 66 ans. Chaque œuvre du peintre nous plonge dans l'univers de l'abstraction lyrique. D'un tableau à l'autre, Bouragba «entre dans l'inconnu de la conscience, pour recueillir dans sa solitude, les signes cachés dans les entrailles de la terre ou dans le silence du cosmos, faisant jaillir les diverses couleurs en l'état ou parfois dans un mélange venu de loin, dicté par sa muse créative». C'est par ces mots que la galerie Memoarts l'avait présenté, il y a quelques années. Au-delà du cachet purement «graphique», plusieurs autres déclinaisons se dégagent de l'univers de Bouragba. Il faut dire que ses tableaux sont une invitation au voyage dans l'atmosphère poétique, symbolique et mystique. Un cheminement tout à fait normal, si l'on sait que cet artiste marrakchi est fortement marqué par l'enseignement soufi, notamment celui du grand Ibn Arabi. Des périodes créatives Depuis 1959, date de la présentation du premier tableau signé Omar Bouragba, l'artiste n'a cessé d'explorer «le monde de l'inconnu». Sa rencontre avec l'autre monstre de l'art abstrait marocain, Jilali Gharbaoui, en 1965, fut déterminante dans ses orientations en tant que peintre. C'est ainsi qu'on peut parler de différentes périodes créatives de Bouragba. Des périodes où son œuvre évolue dans un cheminement logique, où la spiritualité et la mysticité «insufflent à cette même œuvre une poésie dans une danse rythmée des formes et dans une maîtrise parfaite du dialogue des couleurs». Bouragba, dont les œuvres ont été exposées en Europe, en Asie, en Amérique et en Afrique, est aussi un artiste engagé. Il a toujours essayé de faire de Marrakech, sa ville natale, un haut lieu d'art. C'est ainsi qu'il a organisé en 1989 une grande exposition de peinture qui a réuni 500 œuvres de 120 artistes. Une méga exposition mise en place à l'occasion de l'inauguration du Palais des Congrès.