Née dans l'optimisme italien des Sixties, la 124 avait fortement contribué à forger l'image de Fiat auprès des amateurs de sportivité et plus particulièrement en Amérique du Nord. Modèle emblématique dans l'histoire de Fiat, la 124 Spider fait partie de ces voitures qui ont marqué leur temps. Son histoire est étroitement liée avec l'Italie, à l'image de son constructeur qui avait largement participé à l'essor économique du pays durant les années soixante. Après avoir motorisé toute la botte avec sa très populaire 500, Fiat veut à la fois rajeunir son image et s'exporter en Amérique. Telle sera la double mission de la 124 Spider, cabriolet dérivé de la gamme 124 et développé avec deux grands noms italiens de l'industrie automobile. Avec Ferrari et Pininfarina... Ayant pris une participation dans le capital de Ferrari, la firme turinoise va se donner les moyens d'améliorer, un tant soit peu, le contenu technique de ses modèles. Voilà comment la berline 124, dotée de freins à disque, d'amortisseurs coaxiaux et d'une ligne classique à trois volumes, sera considérée comme l'une des voitures les plus modernes de son époque. Si bien qu'elle a connu un succès immédiat et fut sacrée «Voiture de l'année 1967» en Europe. Une dynamique qui ne fera qu'encourager Fiat à la diversification de la gamme 124. Après la berline, le break et le coupé, c'est la variante Sport Spider qui est à l'étude. Si les ingénieurs motoristes de Ferrari se chargent du volet moteur, c'est du côté de Pininfarina que Fiat se tourne pour la partie design. Tom Tjaarda, designer américain (d'origine hollandaise) qui avait déjà fait ses preuves au sein du carrossier italien, se charge de crayonner la 124 Spider. En interne, son premier rendu est jugé peu audacieux et trop lisse. Pourtant, c'est bel et bien cette silhouette épurée qui sera finalement retenue et portée à la production en série. Une ligne intemporelle Long de 3,97 mètres et doté de proportions équilibrées, ce roadster s'anime d'un 1.438 cm3 à culasse en aluminium qui développe une puissance de 90 ch. Capot allongé, habitacle stricte biplace, capote souple repliable facilement depuis le siège conducteur...L'auto respecte les fondamentaux de la catégorie. Point d'orgue de son design : ses deux phares ronds placés en léger retrait dans les ailes et laissant le capot pointer en avant. À l'avant toujours, on note une grille de calandre hexagonale et des pare-chocs métalliques exempts de butoirs. Dans la même veine, la partie arrière se caractérisait par un couvercle de malle un cran plus bas que les deux ailerons légèrement rebondis. Bref, cette ligne sensuelle, mais pas tapageuse, a été bien accueillie par le public lors de la présentation du véhicule au Salon de Turin, en novembre 1966. Dès 1968, la 124 Spider s'exporte aux Etats-Unis où elle plaît énormément. Là-bas, les jeunes baby-boomers appréciaient autant son côté latin que son tempérament fougueux, avec l'agrément de conduite d'une propulsion, cheveux au vent, ainsi qu'une vitesse de pointe atteignant les 180 km/h. Auparavant, Fiat a dû adapter le véhicule pour se conformer aux normes de sécurité américaines (adoption de pare-chocs à absorption d'énergie et de feux latéraux de position) et aussi pour répondre à la demande en termes de puissance (disponibilité d'un moteur 2.0 litres de 105 ch). Son charme s'est avéré inoxydable au fil des ans. Régulièrement remise au goût du jour Après un lifting en 1969, la 124 Spider a droit à une seconde mise à jour en 1972. Si sa ligne extérieure reste inchangée, sa présentation intérieure monte en gamme histoire d'attirer une clientèle plus chic. Parallèlement à cela, de nouvelles versions et motorisations font leur apparition. Outre la 124 Spider America, spécialement destinée au marché nord-américain, arrive la 124 Abarth Rally, mue par un 1.756 cm3 de 128 ch et qui, comme son nom l'indique, est chargée de défendre les couleurs de la marque en compétition. Cela, même si 1.000 unités de cette version seront produites et commercialisées. La carrière à succès de cette Fiat l'amène jusqu'en 1981, année où elle subit de profonds changements techniques à travers la version «Spider Europa». Cette fois, Pininfarina en assure le développement, mais aussi l'assemblage et ceci jusqu'à la fin de la production en 1985. Au total et en tout juste deux décennies, la 124 Spider aura été produite à près de 200.000 unités, dont les trois quarts se sont écoulés en Amérique du Nord ! Bien avant l'actuelle 500, c'est ce modèle qui a façonné la belle image de Fiat au pays de l'Oncle Sam. Cinquante ans plus tard, la saga de la célèbre barquette italienne se poursuit avec l'ultime génération de ce roadster, plus que jamais orienté vers la légèreté et le plaisir de conduite.