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Exclusif. Les 150 mesures du Livre blanc des médias
Publié dans Les ECO le 21 - 10 - 2011

«Virulent». Le qualificatif tombe juste pour décrire le discours adopté par l'Instance en charge du dialogue national «Médias et Société» dans son fameux Livre Blanc. Depuis son lancement en mars 2010, Les Echos quotidien a suivi le cheminement de ce dialogue national qui annonçait pour le secteur le début d'un «printemps médiatique» aux parfums de réformes professionnelles. Entre temps, et après des mois de concertations, de nombreuses journées d'études, des heures de dialogue et une demi-douzaine de recherches portant sur des problématiques majeures du secteur, l'instance dirigée par Jamal Eddine Naji, professeur de journalisme et de sciences de la communication et titulaire de la Chaire UNESCO, a édité un Livre Blanc censé dresser un état des lieux du paysage médiatique national et soumettre à l'issue de ce dialogue un certain nombre de recommandations. Le tout devant être, par la suite, soumis à un dialogue public pour engager «progressivement» - espéraient les professionnels - les réformes nécessaires. L'objectif était de remettre à niveau un secteur dont l'enjeu est de contribuer à l'établissement de la démocratie et de l'Etat de droit et la réconciliation des citoyens avec leurs médias. Malheureusement, on est bien loin du compte. Et la récente sortie médiatique de Khalid Naciri, ministre de la communication, donne un autre tournant à ce dialogue : «ce dialogue est une affaire classée. Les choses doivent à présent reprendre leur cours...» clamait-il, il y a quelques jours, dans une interview accordée au quotidien arabophone «Akhbar Al Yaoum».
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?
En juin 2011, l'instance organisait un événement de grande ampleur (en collaboration avec le CCME) réunissant les professionnels des médias marocains des quatre coins du monde pour clôturer le dialogue «terrain» et annoncer par la même occasion la publication «dans quatre mois» du tant attendu Livre Blanc... Depuis (près de cinq mois plus tard), aucune trace de ce document, présenté pour pré-validation à une commission parlementaire avant la fermeture annuelle de la Coupole. Après que cette commission ait déclaré que le document et plus particulièrement quelques recommandations devaient être «révisées», plus de nouvelles du Livre Blanc, ni d'ailleurs de l'instance qui en était chargée. Ce ne sont pourtant pas les débats sur le secteur et les décisions de restructuration ou de réforme partielle qui manquent depuis lors. C'est à se demander pourquoi investir autant de moyens humains et financiers, pour qu'en définitive le résultat du dialogue national reste au placard ? Nourredine Miftah, directeur de publication de l'hebdomadaire Al Ayam n'en pense pas moins. Contacté par Les Echos quotidien, le président de la FMEJ (Fédération marocaine des éditeurs de journaux) rappelle qu'«au départ les professionnels réclamaient une réforme du Code de la presse, le Parlement a initié ce dialogue... Résultat, mêmes les professionnels n'ont pas eu de copies du fameux Livre Blanc».
Constats alarmants
Les Echos quotidien est parvenu à obtenir en exclusivité une copie de ce Livre Blanc, baptisé «Le paysage médiatique marocain : état des lieux et recommandations pour l'avenir du secteur». Véritable «saint graal» de la profession dans sa définition la plus large, le rapport de cette étude de terrain à dimension d'un pays est pour le moins édifiant. Il y a des recommandations tout ce qu'il y a de plus précises et détaillées, mais également des constats des plus alarmants. L'un en particulier : «Le Maroc dispose de tous les atouts, historiques, politiques, économiques et culturels pour être un acteur majeur de la scène médiatique internationale». Cette phrase à l'arrière-goût d'inachevé laisse entendre au regard du lecteur (avisé) qu'elle précède un «mais...», censé présenter un paysage médiatique riche de ses «contradictions». Un terme utilisé par l'instance elle-même : «à ce jour, le champ médiatique national base son équilibre sur un ensemble de contradictions avec lesquelles il concilie en permanence». Et pour cause: il y a des médias publics qui ne se détachent pas de leur casquette «publique», une presse écrite «pseudo indépendante» qui dépend d'un lectorat restreint et d'un marché publicitaire limité et qui plus est, doit jongler avec les règles de la «liberté d'expression» et le «respect des lignes rouges».
Côté audiovisuel, si la libéralisation du champ radiophonique est un avantage pour le pays, l'infatigable monopole de l'Etat sur la télévision est loin de favoriser le développement du secteur vers plus de démocratie. Souffrant d'une libéralisation des antennes (vers l'international), l'image du Maroc reste encore un point noir dans un secteur qui se doit d'accompagner les évolutions d'un pays en mutation. Cela sans parler de la progression «fulgurante» des nouveaux médias face à laquelle le Maroc n'a pas encore de cadre juridique adéquat et qui «signe la fin du journalisme tel qu'on le connaît», tel qu'exprimé dans le document. À ce sujet l'instance M&S alerte que «le Maroc est sur le point d'enregistrer une fracture technologique». En somme, pour Naji et ses équipes, «il est temps de se mobiliser pour l'avenir de nos médias, afin qu'ils s'inscrivent dans le projet de société du pays». Ce projet se veut «moderne et démocratique», visant «le modèle de la société de l'information et du savoir». Cela est loin d'être une mince affaire, vue l'importance que les pouvoirs décisionnaires ont accordée aux dizaines de recommandations qui leur ont été soumises dans ce document.
Naciri persiste et signe :
«Le jour de l'inauguration du dialogue national, le ministre de la Communication a clairement annoncé son rejet de participer à cette initiative», nous confie l'un des professionnels qui a pris part au dialogue. Et pourtant, sous la Coupole comme en dehors, les entités relevant du ministère -la SNRT et la MAP pour ne citer qu'elles- ont participé au débat. Aujourd'hui, près de deux ans après le lancement de ce dialogue national initié avec le Parlement, le ministre en personne se décharge de toute responsabilité concernant ce chantier qui se voulait une réconciliation entre le secteur et ces différents interlocuteurs (notamment les officiels). Pis encore, quand Khalid Naciri lui-même déclare que le dialogue national «n'est qu'une course au mirage», il y a de quoi s'inquiéter. Pour le ministre de tutelle, «il est temps à présent de passer au travail institutionnel». Il est vrai que depuis le temps que les professionnels réclament - envers et contre tout - des réformes professionnelles, structurelles, financières... «l'institution» a fait ses preuves. Preuve de bonne volonté d'ailleurs, l'institution laisse filtrer quelques réformes ici et là, et soutient une fois de plus quelques assises professionnels, notamment celles récemment organisées par le pôle audiovisuel public, laissant tout juste à ceux qui ont participé/assisté au dialogue Médias et société, une impression de déjà vu.
Liberté d'expression
Lorsque l'on prive une plume de sa liberté... c'est toute une aile qui s'en trouve affectée. La liberté d'expression est un pilier majeur à la réalisation de la démocratie. Dans un Maroc en pleine mutation, il est évident que ce principe ne peut être éludé. C'est à ce titre que les recommandations du dialogue national abordent, en première ligne, la «constitutionnalisation» de la liberté de la presse, du droit d'accès à l'information et le rôle des médias dans la construction d'une démocratie stable et moderne. Si cela est désormais chose faite dans le nouveau texte de la Constitution, le volet «légal» des recommandations émises par l'instance ne manque pas de rappeler l'importance de la régulation (et autorégulation) du secteur, ainsi que la protection des sources. Celles-ci, rappelons-le au passage, ont également été constitutionnalisées. Soit, mais ce n'est pas le tout d'écrire noir sur blanc des droits humains reconnus à l'échelle universelle. La réforme du Code de la presse attend toujours. Le Code juridique national est loin d'être adapté aux réalités de la profession et le distinguo juridique entre «faute professionnelle» et «diffamation volontaire» manque aussi à la liste des réalisations. Autant de points soulignés dans le document, qui appelle également à la suppression des peines restrictives de liberté. Tout un chantier est à mettre en place, mais également à «garder à l'œil», d'où la proposition de créer un «Conseil national déontologique pour le développement des médias». Garant de la bonne gouvernance du secteur, le Conseil en question se veut également être un médiateur en cas de litiges impliquant un acteur des médias ou toute entreprise de presse.
Professionnalisme
On l'aura compris à la lecture des premiers chapitres du Livre Blanc, le journalisme a en quelque sorte perdu ses lettres de noblesse. Le contexte politico-économique national n'est pas seul à être en cause, il y a également de nombreuses lacunes sociales et professionnelles qui doivent être comblées. Concernant les compétences, une chose est sûre: ne devient pas journaliste qui veut. Ainsi en attestent les recommandations de l'instance, qui cite la diplômation et l'expérience professionnelle comme des minima requis devant contribuer à l'amélioration du paysage médiatique national. Ce constat en amène un autre, celui de la carte professionnelle. Pour l'instance, il est important de «serrer les vis» en ce qui concerne la remise des cartes de presse. Pour autant, être professionnellement reconnu n'est pas la panacée. «La couverture sociale des journaliste pose un vrai problème dans le secteur, ce qui a un impact sur la partialité des professionnels et sur leur indépendance», explique le document. Pour y remédier, l'instance suggère de créer une structure à caractère sociétal dédiée au secteur. Cofinancée par l'Etat, les rentes publicitaires et une adhésion mensuelle des professionnels, cette structure prendra en charge un ensemble de services sociaux, allant du logement à la sécurité sociale, en passant par l'assurance maladie ou encore la formation continue. Notons toutefois que «cette structure ne prend pas en charge les services déjà mis à la disposition des professionnels dans leur entreprise».
Pluralisme
En dehors du dialogue national, la question du pluralisme, en particulier dans les médias audiovisuels, a fait l'objet de nombreux débats. Concrètement, quoi que l'on puisse en dire et malgré quelques entorses, la Haute autorité de la communication audiovisuelle ( HACA) n'a pas relevé - à ce jour - d'irrégularité majeure en matière de respect du pluralisme politique. Qu'en est-il du pluralisme culturel, par contre ? En réalité, c'est surtout là où le bât blesse. À en juger des consignes de l'instance, l'expression amazighe n'est pas suffisamment représentée sur les chaînes de télévision nationale. Consacrer une chaîne unique à la langue n'est pas «la» solution à cette problématique. «Augmenter le nombre de débats en arabe et en amazigh sur toutes les chaînes nationales en dehors de la chaîne thématique amazighe», voilà ce que demande l'instance. Plus urgent encore, «l'amélioration de la qualité de l'expression de la langue amazighe» et la transmission de sa culture de manière cohérente et précise. Jusqu'ici, les sages veillaient sur le temps d'antenne des politiciens et acteurs de l'opinion publique. Prochainement, ne seront-ils pas également appelés à examiner l'égalité linguistique? Pour ce qui est de la presse écrite et de l'agence de presse nationale, l'instance se contente d'assigner -en fin de paragraphe- cette fonction à une structure dont elle soumet la proposition.
L'entreprise de presse
Peut-on parler de réforme des médias, sans parler de celle qui attend le cœur de la profession, à savoir les structures médiatiques ? Selon le Livre Blanc, «les entreprises de presse sont appelées à se restructurer de manière transparente et moderne, tant au niveau administratif, financier qu'organisationnel». Est par ailleurs soulignée la mission de «service public» des entreprises de presse. L'instance demande la création d'une Caisse de garantie dédiée aux entreprises de presse. Sa mission serait de contribuer au développement et à l'expansion des structures sans qu'elles ne soient bloquées par les créances et les redevances. Pour ce faire, il a également été proposé de revoir à la baisse les régimes fiscaux imposés aux entreprises, en particulier lorsqu'il s'agit d'investissements de l'ordre de l'équipement ou de la remise à niveau. La communauté résidente à l'étranger n'est pas en reste. Au cours du dialogue, l'instance avait d'ailleurs, rappelons-le, largement impliqué les journalistes marocains du monde dans le débat, en collaboration avec le CCME. À ce niveau, l'idée serait de mettre en place un plan national visant à «encourager les Marocains du monde qui ambitionnent d'investir les médias», soit en tant que journalistes ou en tant qu'entrepreneurs de ce côté-ci de la Méditerranée.
Soutien à la lecture
Comme si la crise politique et sociale que connaît le secteur ne suffisait pas, s'y ajoute également la «crise de la lecture». Selon les études réalisées au cours de ce dialogue national, l'ensemble des supports de presse attire à peine 1% des Marocains, et encore. Selon le Livre Blanc, ce n'est pas tant la qualité de l'information qui importe, mais l'exclusivité qui prime, souvent aux dépens de la véracité de l'information. Face à ce constat «alarmant», l'instance soumet un ensemble d'actions à mettre en œuvre en collaboration avec d'autres départements. Le ministère de l'Education nationale par exemple pourrait introduire un «cours annuel» de journalisme dans le but de sensibiliser les élèves du primaire au supérieur et d'inscrire le journalisme dans ces programmes scolaires. Il est également question de mettre à la disposition des bibliothèques scolaires et régionales des exemplaires de journaux gratuits. Idem pour les espaces publics notamment dédiés aux jeunes, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des sports. L'idée d'un concours national pour la sélection de journalistes stagiaires a également été émise. L'objectif est d'impliquer la nouvelle génération dans la construction de l'opinion publique pour plus de démocratie et de sensibiliser ces jeunes lecteurs au rôle des médias. La distribution et l'accessibilité des supports sont par ailleurs des freins de taille au développement du lectorat, notamment dans les régions enclavées. Le dialogue national propose à ce titre d'instaurer un système d'aide à la distribution des supports. Selon l'instance, celui-ci pourrait de plus s'inscrire dans le cadre du projet de régionalisation avancée.
Les médias publics
«Les médias publics n'ont pas suivi les évolutions qu'a observées le pays depuis le milieu des années 90». C'est le constat de l'Instance qui souligne, une fois de plus dans son document, l'absence d'indépendance éditoriale au sein de ces médias devenus plus «officiels» que publics. Qualité, proximité, facilité d'accès et crédibilité de l'information, telles sont les consignes de l'instance en ce qui concerne le champ médiatique étatique. En clair, si réforme il doit y avoir, elle devra d'abord émaner de l'intérieur avant d'être débattue sous la coupole. Dans le même ordre d'idées, l'instance appelle également ces structures à impliquer davantage les professionnels ainsi qu'à mutualiser les moyens techniques dont dispose le pôle public en ce qu'elle dénomme «Maroc Télévision». Une recommandation à laquelle il faudra tout de même mettre un bémol, étant donné que les chaînes réclamaient justement, il n'y a pas si longtemps que cela, leur autonomie administrative et technique.
La SNRT
Le chantier est de taille. À elle seule, la société de radiodiffusion et de télévision nationale représente toute une réforme : remise à niveau des programmes, indépendance commerciale, renforcement des débats publics, sont autant de recommandations amenées par l'instance. Avant cela, son Conseil d'administration devra d'abord «être restructuré selon des critères de compétence», précise le Livre Blanc. Dans un autre registre, il semble aujourd'hui important d'accélérer le chantier de la télévision numérique terrestre (TNT). Le passage au tout numérique étant prévu pour 2015, l'instance recommande de déployer les moyens techniques et humains nécessaires pour respecter les délais prévus. Les recommandations du dialogue national ne manquent pas d'ambition, puisqu'en second lieu, le Livre Blanc propose le lancement d'un satellite marocain pour «garantir la diffusion satellitaire nationale et ne plus dépendre des humeurs des autres», argue le document.
2M
La chaîne la plus regardée par les téléspectateurs marocains et à la fois la plus critiquée doit choisir son camp. C'est du moins ce que prêtent à penser les recommandations de l'instance du dialogue. Premier point : incarner la notion de «chaîne généraliste», à travers une grille de programmes qui concilie information, éducation et divertissement, précise le document. Le principe de proximité est également à revoir à ce qu'il paraît, puisque l'instance parle de «rapprochement à travers une couverture de l'actualité nationale à travers toutes les régions du Maroc». La deuxième chaîne nationale aurait-elle eu tendance à écarter une partie de l'information nationale ou plus exactement régionale? Soit. Comme c'est le cas pour l'ensemble des supports du pôle public, la chaîne est invitée à «préciser sa ligne éditoriale, à veiller à son indépendance professionnelle et à mettre à contribution les professionnels du secteur dans sa stratégie de développement». Autre recommandation, assez précise pour le coup, le respect des quotas relatifs à la production étrangère. «Pas plus de 30% de toutes les fictions diffusées par la chaîne» tient à préciser l'instance, qui affirme que le «flux» étranger actuel «noie et marginalise» la production nationale.
MAP
On prend tout et on recommence... ou presque. À l'issue du dialogue, la proposition concernant l'agence Maghreb arabe presse (MAP) est celle de changer de statut pour devenir une société publique. L'instance appelle même à l'ouverture du capital de l'agence. Cela permettrait ainsi à la MAP de garder son lien avec l'Etat, tout en bénéficiant de fonds suffisants pour réaliser ses projets de développement. D'autre part, ce changement de statut devrait également accorder plus d'indépendance éditoriale à l'agence de presse. Déclinant un véritable plan stratégique de développement, les recommandations de l'instance proposent ainsi la diversification de l'offre de la MAP (notamment vers l'audiovisuel), la concrétisation de l'édition asiatique et le lancement d'une édition amazighe, ainsi que la remise à niveau des éditions anglaise et espagnole pour plus de visibilité à l'international et particulièrement dans la région Maghreb et MENA. Par ailleurs, le dialogue national conseille également une restructuration administrative de l'agence, mais également professionnelle. Pour ce faire, un renouvellement de la répartition géographique des correspondances de l'agence s'avère nécessaire. Au niveau du Maroc, il s'agirait de s'adapter au projet de régionalisation avancée, pour plus de pertinence en matière de répartition régionale. Coïncidence ? Ce sont là pratiquement les mêmes points abordés dans la stratégie de développement 2012-2016 pour laquelle la MAP vient tout juste de lancer un appel d'offres (www.lesechos.ma). Seulement voilà, au lieu s'appuyer sur le travail de l'instance, l'agence relance le processus de diagnostic et de réflexion, pour l'élaboration d'un «nouveau» cahier des charges.
Ministère de la Communication
C'est sûrement là que le bât blesse le plus. Plus de ministère de la Communication. En effet, l'instance du dialogue tranche et ne fait pas dans la demi-mesure. On avait entendu parler de l'idée d'un Conseil supérieur des médias qui remplacerait le ministère, mais en réalité, il s'agit d'une fusion entre deux départements. Ainsi donc, le dialogue propose la constitution d'un seul et unique ministère pour la culture et la communication. Celui-ci aurait non seulement pour mission de coordonner entre les départements culturel et communicationnel, mais également celle d'élaborer une stratégie de développement commune. La force d'une telle proposition réside, il faut le reconnaître, dans la mutualisation des compétences et l'optimisation des ressources, notamment des budgets (d'autant qu'il s'agit là des budgets les moins importants de l'enveloppe globale du gouvernement) pour une réduction notable des coûts. Par ailleurs, le rapprochement des deux ministères permettrait également de consolider le volet relatif à la conservation et à la documentation du patrimoine national, ainsi que tout ce qui concerne les droits d'auteur. Les deux secteurs étant reliés, la promotion de la culture, nationale en l'occurrence, profitera d'autant plus des outils médiatiques locaux.
HACA
Décidément, le dialogue aura passé le secteur des médias au peigne fin. Même la Haute autorité de la communication audiovisuelle y passe. Au total, huit recommandations sont listées dans le Livre Blanc du dialogue. De manière générale, l'instance appelle à l'élargissement des compétences de la Haute autorité en matière de contrôle de la qualité des productions, du respect des mœurs et de l'éthique (ce qui est déjà le cas) ainsi que de l'expression linguistique (arabophone, francophone ou amazighophone). La HACA serait également invitée à contribuer à la formation des ressources humaines dans le secteur audiovisuel et à leur sensibilisation au respect de l'éthique. En ce qui concerne sa mission de «gardien du temple audiovisuel», la Haute autorité serait également appelée à élargir son domaine de compétence aux webs TV et radio. C'est une problématique qu'Ahmed Ghazali et son équipe ont déjà évoquée à de nombreuses occasions et qui se confronte aux contraintes technologiques. Lors de l'élaboration des cahiers des charges et de l'octroi de nouvelles licences, la HACA est invitée à mettre à contribution d'autres institutions nationales, telles que l'IRCAM (Institut royal de la culture amazighe), par exemple, ou le Conseil de la concurrence.
Les radios privées
La libéralisation du champ radiophonique n'est pas sans conséquence sur le secteur. À ce titre, l'instance en charge du dialogue souligne l'importance de gérer la publicité «et particulièrement pour les stations publiques». L'idée étant de permettre une «répartition équitable et démocratique des budgets publicitaires». Ce point est critiquable, dans la mesure où la loi du marché n'implique pas de «démocratisation» des revenus. Par contre, le développement du secteur aura en effet besoin d'un soutien étatique, aussi bien financier, ce que propose le Livre Blanc, que technique ou juridique. On parlera à ce titre de la constitution d'un contrat-programme entre l'Etat et les stations privées nationales et de l'instauration d'un cadre juridique «mixte» liant la réglementation des entreprises de commerces à la loi sur l'audiovisuel. Le mode d'émission et de retransmission est également appelé à être revisité, étant donné qu'il dépend encore des plateformes de la SNRT. «En contrepartie, les stations privées sont appelées à améliorer leurs grilles de programmes» dans le respect de leur cahier des charges, comme le précise le document.
La publicité
Un secteur totalement désorganisé. C'est l'impression que donne le secteur publicitaire aux membres de l'instance qui signalent, dans le Livre Blanc du dialogue, que le secteur a besoin – au plus vite – d'une loi cadre, visant à structurer l'activité publicitaire. De plus, la création d'une institution garante d'une certaine objectivité et d'une partialité concurrentielle est également sollicitée dans ce document. L'instance précise par ailleurs que cette structure devrait se situer (au niveau des fonctions) entre le Conseil de la concurrence et la Haute autorité de la communication audiovisuelle, à cette différence près que cette institution devrait également prendre en charge la gestion du champ publicitaire sur la presse écrite. Par ailleurs, le dialogue national M&S estime qu'il est désormais temps de baser les choix publicitaires sur des critères de qualité et de responsabilité sociale et non sur des résultats d'audience ou des chiffres de vente. Cette recommandation encore une fois est critiquable, la publicité répondant avant tout aux lois du marketing. L'utilisation de l'image de la femme dans la communication à but commercial fait par contre partie des préoccupations de l'instance qui n'a pas manqué de souligner ce point parmi ses recommandations au même titre que la concurrence déloyale et la publicité mensongère. Il est vrai qu'à ce niveau, la législation actuelle fait défaut. Voilà donc là un chantier qui mériterait également d'être abordé, au même titre que les nombreuses réformes attendues au sein du secteur.
Les nouveaux médias
C'est incontestablement là que réside le nouveau défi du secteur, à cette chose près que le paysage médiatique national puisse disposer des réformes nécessaires pour une mise à niveau des médias nationaux. Cela est d'autant plus vrai que l'évolution technologique n'attendra pas celle des législations. De ce fait, le dialogue national proposait dans ses recommandations l'instauration d'un cadre institutionnel, visant à structurer l'évolution du marché, à savoir la création d'un ministère dédié aux nouvelles technologies et à l'économie numérique. Concernant le volet technologique, l'instance cite le besoin de réduire les prix de connexion, la structuration de l'offre, la disponibilité des appareils et outils techniques. Pour ce qui est du champ médiatique numérique, il est avant tout question d'encourager les initiatives en la matière, et particulièrement la diversité de celles-ci. Ainsi donc, le Livre blanc compte parmi les recommandations de l'instance, la création d'un Prix national du meilleur site d'information, ainsi que de la meilleure e-entreprise. L'idée de la création d'un réseau professionnel a également été évoquée, au même titre que la coordination avec des institutions telles que Maroc Telecommerce et MIC pour le développement des offres commerciales en ligne. Bref, l'instance aura décidément pensé à tout... ou presque.
Un projet de chaîne d'information ?
«Il est urgent d'octroyer tous les moyens financiers, techniques et humains nécessaires à la création d'une chaîne de télévision d'information pour relayer d'une part l'actualité nationale, mais également internationale, à travers une œil marocain». Voilà une recommandation qui mérite d'être observée de très près. Dans le chapitre concernant la SNRT, l'instance appelle à concrétiser un projet de «chaîne d'information marocaine». Et Medi1 TV ? La chaîne d'abord privée qui a rejoint la coupole du ministère de la Communication, il y a près de deux ans, était pourtant tout à fait en mesure de remplir cette fonction, après son «étatisation». Pourquoi changer de positionnement, pour en faire une chaîne généraliste, s'il est donc question de créer une autre chaîne d'information nationale? D'ailleurs, sur la liste des recommandations déclinées par l'instance, on constate également que la chaîne tangéroise n'est à aucun moment évoquée. Pourtant, celle-ci est non seulement publique et fait donc partie du pôle public, mais aurait pu également faire l'objet d'observations minutieuses au même titre que ses principales consœurs, la SNRT et 2M. Même les radios
privées ont été observées à la loupe... L'exception Medi1 (Radio) serait-elle également valable pour sa petite sœur adoptée par l'Etat marocain ? Quoi qu'il en soit, si projet de chaîne d'information il y a dans les tiroirs du ministère de tutelle, il semble étonnant que l'instance en charge du dialogue n'évoque pas non plus le projet -tant martelé- de chaîne gouvernementale. À l'aune des changements politiques que traverse le Maroc actuellement, il serait d'autant plus important, voire même urgent, de concrétiser un tel projet pour pallier justement la «crise» évoquée dans le Livre Blanc, entre politique et médias.


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