C'est un véritalbe exploit!. Le classement du Maroc dans le Doing Business 2012 ne peut être qualifié autrement. Le rapport, rendu public hier, a en effet classé le royaume au 94e rang, soit 21 places de mieux que la précédente édition. C'est tout simplement la meilleure performance réalisée par les 183 économies retenues par la Banque mondiale dans l'élaboration de ce classement. Ceci vient donc redorer le blason du Maroc qui, 115e dans le Doing Business 2011, s'était vu maintenu au même rang que le classement 2010. Ceci avait, pour rappel, provoqué l'ire des officiels marocains, qui estimaient que le classement ne consacrait pas les avancées réelles réalisées par le Maroc sur le climat des affaires. Cette année, c'est une autre histoire. La situation est particulière, aussi, parce que la Banque mondiale et contrairement à d'habitude, a travaillé main dans la main avec les responsables de la Commission nationale de l'environnement des affaires (CNEA). Un travail qui d'habitude était confié aux cabinets internationaux. Cette fois, c'est le CNEA, constitué d'acteurs publics et privés qui s'est attelé à la tâche et qui, aujourd'hui en savoure les fruits. Cerise sur le gâteau, le royaume se voit décerner le titre de «Global Most Improved Economy», soit le meilleur réformateur de l'année, une véritable consécration. D'après le Doing Business, ceci est le fruit des efforts réalisés par le royaume en matière de réglementation des affaires, en simplifiant le processus d'octroi des autorisations, en allégeant le fardeau administratif de la conformité fiscale et en fournissant une plus grande protection aux actionnaires minoritaires. Le rapport note par ailleurs que, depuis 2005, le Maroc a mis en œuvre 15 réformes réglementaires des affaires. En d'autres termes, l'amélioration du classement du Maroc est le fruit des efforts fournis depuis plusieurs années. Qu'est-ce qui a donc fait que le Doing Business n'en tient compte que pour son rapport 2012 et non pour celui décrié de 2011? Il est certes bien admis qu'en une seule année, il est quasiment impossible d'améliorer brusquement les points mis en avant par la Banque mondiale. Des prémices de l'amélioration du climat des affaires dans le royaume auraient donc dû, logiquement, être perçus même dans les précédentes éditions. Il n'en a pourtant rien été. Selon plusieurs observateurs, cette situation résulte principalement d'un déficit de communication dont souffrait le royaume ces précédentes années. Les réformes entamées par le Maroc n'auraient pas été suffisamment promues auprès des institutions internationales, chose à laquelle auraient remédié les officiels marocains à travers un travail de sensibilisation et une participation active à l'élaboration du classement. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, le constat est qu'entre les deux éditions, le Maroc a surtout tiré profit de l'amélioration sensible de son classement en termes de protection des investisseurs. À ce titre, ce ne sont pas moins de 56 places qui ont été gagnées par le royaume, qui s'établit désormais à la 97e position. Une ascension tout aussi importante a été relevée sur la facilitation du paiement des taxes où le royaume a gagné 36 places. C'est dire que la mise en place des procédures de paiement des taxes en ligne depuis janvier 2011 a contribué à l'amélioration du climat des affaires dans le royaume. En revanche, en termes de créations d'entreprises, le Maroc accuse le coup en cédant 11 places. Certes, sur le nombre de procédures à accomplir pour faire du business, le Maroc est quasiment au niveau des autres pays tels que la France, l'Espagne ou l'Egypte, soit six démarches à faire. Cependant, cela nécessite en moyenne 12 jours, ce qui reste bien en deçà des sept jours nécessaires en Egypte ou en France. Le coût de la création d'entreprise est l'autre frein qui pénalise l'économie nationale. Aucune amélioration à ce niveau n'a en effet été constatée pour le Maroc entre 2011 et 2012 et il est toujours question d'une moyenne de 15,7% du capital comme charges à supporter lors de la création. Ceci place le Maroc très loin de ses concurrents, chez lesquels le coût est souvent inférieur à 10%. «L'idéal, c'est d'aller vers une équation d'une procédure, zéro coût en capital et un jour de délai» explique Hammad Kassal, économiste et ancien président de la commission PME au sein de la CGEM. C'est donc l'un des principaux points sur lesquels doit remédier le Maroc dans l'avenir pour améliorer davantage son climat des affaires. C'est du moins ce qui ressort du Doing Business 2012. «Il serait utile pour le Maroc de suivre les modèles régionaux en matière de création d'entreprises», peut-on lire sur le rapport du Doing Business. Le meilleur est à venir. Point de vue : Hammad Kassal, Economiste. Il est vrai que ce classement est une consécration pour les efforts du Maroc au fil des dernières années pour améliorer son climat des affaires. Cela permettra d'améliorer l'attractivité du Maroc en matière d'investissements sur les prochains exercices. Ceci dit, le résultat n'est pas une fin en soi et ces efforts doivent être maintenus, au mieux renforcés, pour répondre aux lacunes qui continuent à pénaliser le royaume face à des concurrents tels que Dubaï ou la Turquie... Parmi celles-ci, on citera la dématérialisation, notamment les créations d'entreprises en ligne, l'amélioration des délais et la corruption. Par ailleurs, le Maroc ne dispose toujours pas de guichet unique au niveau de l'ensemble de ses CRI, ce qui crée un déséquilibre en termes d'attractivité dans les régions. Il existe donc un ensemble de points sur lesquels il faut s'atteler dans l'avenir pour permettre au Maroc, d'abord, d'assurer le statut que vient de lui accorder le Doing Business et, ensuite, de l'améliorer. À ce titre, une analyse détaillée des sous-critères pris en compte pour l'élaboration du classement permettrait de faire ressortir les faiblesses du climat des affaires au Maroc et constituer une référence pour l'action future.