Grande biennale parisienne dédiée aux professionnels de l'automobile, le Salon Equip Auto s'est tenu la semaine dernière, durant cinq jours (du 11 au 15 octobre) au Parc des Expositions de Villepinte. Cette exhibition a vu la participation de quelque 2.000 exposants, de tous bords et en provenance de 70 pays. Au menu: des équipementiers de deuxième monte (pièces de rechange), des sous-traitants, des accessoiristes, des enseignes de la réparation automobile, du lavage et des fabricants de tout ce qui peut servir à la vie et à l'entretien d'une voiture (pneus, filtres, batteries, peintures...). Question pays, différents pavillons étaient à l'honneur. Des Etats-Unis à la Chine, en passant par la France, l'Allemagne, la Turquie, la Tunisie... et bien entendu, le Maroc. On remarquera à ce niveau deux faits marquants. D'une part, la domination -un euphémisme- des entreprises chinoises dans ce Salon. De l'autre, la forte présence des entreprises turques, lesquelles constituent un concurrent direct et même un véritable «benchmark» pour les équipementiers marocains. Et justement, ces derniers n'avaient rien à envier à leurs homologues étrangers. Car pour cette énième participation marocaine à Equip Auto, Maroc Export a réservé et aménagé un stand de 204 m2 répartis en plusieurs box pour chacune des douze sociétés ayant pris part à l'événement. Il s'agit, en l'occurrence, d'Afrique Cables, Atlantic Free Zone, CFD Cooling, Flexi Ressorts, FMI, Gecam, Induver, Inotecha, Plastex Maroc, Sinfa filtres, Siprof et Tanger Free Zone. Espace de rencontres et de prospection Tous ces exposants ont donc fait le déplacement à Paris pour deux objectifs... au moins. D'une part, il s'agissait de prospecter de nouveaux clients afin de développer les exportations de leurs produits, en l'occurrence des pièces de rechange automobiles. D'autre part, les professionnels étaient mobilisés pour vanter les atouts et potentialités du Maroc comme futur hub régional pour l'industrie en général et comme plateforme automobile naissante, en particulier. Outre le projet herculéen de Renault à Tanger, lequel a d'ailleurs drainé des équipementiers internationaux de premier rang, il fallait aussi et surtout rappeler la dynamique qu'a connue le secteur de l'industrie automobile durant ces dix dernières années, en dépit d'une conjoncture mondiale difficile. De la diversification du tissu industriel à la hausse des exportations, en passant par la mise à niveau et l'amélioration de la qualité (certifications ISO)... nos équipementiers ont fait du chemin. À titre d'exemple et parmi les exposants présents à Equip Auto, citons Sinfa et Flexi Ressorts, qui se sont littéralement développés durant ces cinq dernières années. La première, spécialisée dans la production de filtres pour moteurs, fait carrément figure de meilleure success story du secteur. La seconde, elle, s'est strictement orientée vers la fabrication de ressorts à lames pour camions, engins industriels et poids lourds, avec de belles perspectives d'exportation, fortes d'une certification TÜV. Il reste à souligner l'effort fourni par l'Etat pour accompagner et promouvoir ces entreprises. La seule participation à Equip Auto aura coûté près de 4 MDH, dont 80% supportés par Maroc Export. Larbi Belardi, Président de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce de l'automobile. Les Echos quotidien: Qu'attendez-vous de la participation des équipementiers marocains à Equip Auto 2011 ? Larbi Belarbi : Le but des équipementiers présents cette année à Equip Auto était de voir les tendances du marché, faire un benchmarking avec les entreprises étrangères, mais également réfléchir à une stratégie de développement, afin d'améliorer leur compétitivité, leur qualité et leurs services. Le tout, avec pour objectif final de séduire et de convaincre les donneurs d'ordre européens en matière d'achat de pièces de rechange automobile. Comment a évolué le secteur des équipementiers marocains durant ces dernières années ? Au Maroc, nous avons des équipementiers qui se sont bien établis depuis 2000, jusqu'à devenir des opérateurs majeurs dans la région, comme c'est le cas par exemple pour ce qui est du câblage. Nous avons aussi des équipementiers de deuxième monte, qui ont pu se développer et devenir des fournisseurs de premier rang pour la Somaca, encouragés par la demande sur le marché local. Aujourd'hui, avec l'arrivée de Renault à Tanger, la donne a changé. En effet, une usine qui doit produire à terme jusqu'à 400.000 véhicules a nécessairement besoin d'équipementiers de premier rang, lesquels sont aujourd'hui une vingtaine à avoir suivi Renault en s'installant à Tanger ou à Kénitra, pour fournir cette future usine. Comment voyez-vous le développement de ce secteur au Maroc ? Voilà bientôt trois ans que le Maroc a commencé à passer progressivement de la petite sous-traitance pour composants à la formation pour de véritables métiers de l'industrie automobile, y compris ceux de l'ingénierie. Bien qu'ils restent encore loin du potentiel de leur développement, les équipementiers marocains ont plutôt bien évolué, que ce soit en qualité ou en mix de pièces de rechange. À titre d'exemple, il y a sept ans environ, les câbles représentaient près de 95% des exploitations ... Aujourd'hui, leur part a baissé sous la barre des 70%, au profit d'autres produits. Ceci dit, le secteur des équipementiers automobiles peut encore se développer au Maroc. Comment ? En aidant les entreprises à se mettre à niveau, en réalisant des fusions entre équipementiers, des alliances stratégiques avec des grands groupes internationaux ou encore, en soutenant les start-up technologiques naissantes. Et c'est tout cela qui devrait faire en sorte que d'autres constructeurs automobiles suivent l'exemple de Renault et viennent s'installer au Maroc.