L'euro n'est pas uniquement en contreperformance dans sa zone conventionnelle de circulation, qui est l'espace UE. Ses déboires ont transcendé les frontières communautaires et déteignent jusque sur la structure des échanges commerciaux du royaume. L'Office des changes vient de confirmer une tendance perceptible depuis plusieurs années déjà: la monnaie européenne a perdu du terrain dans les devises de facturation des échanges extérieurs du pays, au profit du dollar américain. Pour l'année 2010, en tout cas, une étude menée et publiée ce week-end par le département des statistiques des échanges extérieurs de l'Office, montre effectivement que «les transactions sur marchandises réalisées avec le reste du monde ont été facturées à hauteur de 50% en dollars US contre 45,2% en 2009». Ce ratio n'est que de 45,5% en 2010, pour la devise européenne, contre 49,1% une année auparavant, selon la lecture des experts de l'Office. Rapports équilibrés Cette lecture porte sur les cinq dernières années -de 2006 à 2010- et laisse entrevoir que le dollar a su conserver sa place dans les échanges extérieurs tout au long de cette période. La part de la devise américaine est ainsi passée de 47% en 2006 à 52,6% en 2008, en passant par la barre intermédiaire de 48% en 2007. En face, l'euro a connu un léger fléchissement entre 2006 et 2007 (respectivement à 45,3% et 45,4% de part dans les devises de facturation des échanges commerciaux), avant de plonger à 42% en 2008. Par ailleurs, les «autres devises» ne sont intervenues dans la facturation des échanges commerciaux du Maroc avec l'étranger que pour 4,5% en 2010 et 5,7% en 2009. «Il s'agit principalement du dirham marocain, du yen japonais et du franc suisse», renseigne l'Office des changes. Cette proportion est en chute progressive - passant de 7,3% en 2006 à 5,4% en 2008 - et confirme, à terme, l'hégémonie de l'euro et du dollar US. Pour rappel, les transactions commerciales sur marchandises réalisées avec le reste du monde ont atteint, en 2010, 394,7MMDH, contre un peu plus de 334 milliards en 2009. Balance penchée Pour le détail, sur le segment des importations du royaume durant les cinq dernières années, le dollar US a été la première devise de facturation des importations du Maroc, avec une moyenne de 52% du total des importations. L'euro talonne la monnaie américaine avec une part moyenne de 44,1%. Les importations facturées en dollars US sont constituées principalement des produits pétroliers, qui représentent 42% de ces importations. Dans la liste des produits facturés presque entièrement en dollars, l'huile brute de pétrole arrive en tête (facturée à 100%), suivie du gasoil et du fuel (facturés à 92,3%), ainsi que du gaz de pétrole et autres hydrocarbures (facturés à 89,9%). Toutefois, la monnaie européenne se rattrape sur les exportations. Là, elle réaffirme une domination bien évidente, puisque les économies du Vieux continent demeurent le premier client du royaume sur le marché international. En 2010 par exemple, l'euro a effectivement constitué pour la seconde année consécutive, la première devise de facturation à l'export, avec 48% du total, suivi du dollar avec 45% et du dirham avec 6,1%. La part de la monnaie européenne dans le total des exportations a été respectivement de 54% en 2009, 40,8% en 2008, 50,4% en 2007 et 50,2% en 2006. Ces exportations libellées en euros sont constituées pour plus de la moitié par les produits du textile (facturés à hauteur de 85,2% en euros), les produits de la mer (facturés à près de 80% en euros) et les fils et câbles pour l'électricité (quasi-totalité facturée en euros). Il faudrait par ailleurs retenir au passage que le rapprochement de ces données de facturation issues des déclarations douanières et celles provenant des règlements effectifs (formules bancaires de règlement), laissent apparaître une analogie de tendance de ces deux indicateurs clés du commerce extérieur national.