C'est un sujet récurrent que celui des diplômés chômeurs, qui a pris une nouvelle ampleur cette année, avec le retour en force des manifestations de rue dans le sillage du printemps arabe et sur lequel le gouvernement a décidé de s'attaquer de manière directe. À moins d'un an de la fin du programme d'urgence sur l'éducation, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la formation des cadres et l'Instance nationale d'évaluation (INE) auprès du Conseil supérieur de l'enseignement supérieur, compte lancer une enquête pilote sur l'insertion professionnelle des diplômés des établissements d'enseignement supérieur public de l'axe Kénitra-Casablanca. Ce choix est dicté selon la Direction de l'enseignement supérieur par «des considérations d'ordre technique, visant à expérimenter le dispositif méthodologique», et qui se prêtent opportunément à l'enquête, au regard de la concentration des entreprises, et donc du potentiel en matière d'offres d'emploi, sur cet axe qui concentre près de 60% de l'activité économique du pays. L'objectif principal de l'étude est, donc, «d'évaluer le degré d'insertion professionnelle» des diplômés des établissements concernés et ainsi de «déterminer le degré de réponse de notre système de formation vis-à-vis des mutations incessantes du marché de l'emploi, ainsi que l'appréciation des diplômés de la qualité de la formation reçue», précise le département d'Akhchichine. Argument électorale ? S'il y a un fait, notoirement connu, c'est la mauvaise image des établissements publics supérieurs, principalement les facultés qui sont érigées au rang de «véritables machines à produire des chômeurs». Ce qualificatif est largement partagé par les employeurs et même par les étudiants. La preuve, dans le langage universitaire le vocable FAC a donné lieu à la traduction «Faculté d'aptitude au chômage». Cette ironie sied malheureusement bien à la réalité de la problématique, puisque ce sont les lauréats de nos universités qui, chaque année, viennent grossir le rang des diplômés-chômeurs. C'est pour cela que l'un des objectifs principaux assignés à la nouvelle mission de l'université dans le cadre du plan d'urgence a été axé autour de «la préparation des jeunes à l'insertion dans la vie active». Sur le terrain, les efforts déployés dans le sens de «réconcilier l'université avec le monde de travail», s'est traduite par une série d'actions mises en œuvre avec différents acteurs du secteur éducatif et économique, notamment la CGEM. Il s'agit, donc, à travers cette étude dont le champ couvre les lauréats de la promotion 2008-2009, de mesurer l'impact de ce vaste chantier, ainsi que des mécanismes mis en place, notamment la réorganisation des filières pour des formations plus adaptées au besoin de l'économie nationale. Cela permettra, assurément de combler une lacune, celle de l'absence d'indicateurs fiables sur l'insertion des diplômés, comme il a été relevé lors de la présentation du bilan 2010 du programme d'urgence, en juin dernier. Par la même occasion, les autorités seront fixées sur les différents aspects de la problématique du chômage des jeunes au Maroc, principalement les diplômés, un sujet qui, assurément sera au cœur de la prochaine campagne électorale.