Etienne Cail et Olivier Masmonteil puisent dans la beauté du Maroc pour créer une série d'œuvres qu'ils comptent exposer à Tanger, Rabat et Marrakech. Les deux plasticiens français sont en résidence depuis 2 mois et commencent à montrer le fruit d'une passion commune. Le Maroc et sa lumière particulière ont toujours inspiré les plus grands peintres. C'est au tour d'Etienne Cail et Olivier Masmonteil, deux plasticiens français, qui ont choisi de passer du temps au Maroc, à Rabat, pour réaliser une série de travaux inspirés des ambiances marocaines. Pour les deux artistes, tout commence par un coup de foudre. Lumières différentes et particulières, tonalités chromatiques variables, ambiances spéciales entre orientalisme et modernité, pour des thématiques qui oscillent entre sensualité, estampes nippones, légèreté des traits, subtilité des couleurs, jeu fluide entre noir et blanc et féria des coloris. Si Olivier Masmonteil multiplie les clins d'oeil à des références orientalistes évidentes, avec en arrière-fond Henri Matisse, Etienne Cail, lui, prend résolument le parti-pris du noir et blanc. Plus de portraits sur des formats inhabituels privilégiant le rotondo, comme un retour à un classicisme nordique, très déclaré. Le rendu est sobre, profond, avec une justesse du propos et une précision dans le détail. Même souci de la composition pour Olivier Masmonteil quand il traite des ambiances feutrées dans des intérieurs richement étoffés, avec ce combat à mort entre le crocodile et le tigre, un leitmotiv puissant qui ancre ce travail dans une philosophie très particulière. Le tout mâtiné de belles silhouettes langoureuses, offertes au bien-être des lieux. L'inspiration marocaine est certes une dominante dans un travail pictural qui a de solides références derrière lui, avec de nombreux va-et-vient entre plusieurs cultures plastiques, mais l'originalité de ces peintures réside aussi dans leur lumière, rendue ici avec délicatesse. «Pour le duo esthète, le Maroc est une love story qui a été, et continue d'être, comme cette fulgurance qui illumine l'esprit et le cœur car les illuminations différentes émanant de l'autre nous invitent sans doute à partir du spécifique vers l'universel. Une telle particularité chromatique a ébloui les deux plasticiens, d'autant plus qu'ils ont saisi cette étoile filante rebelle à l'appréhension et sise entre l'orientalisme et la modernité», précise l'équipe de la résidence. C'est de l'entre-deux qu'il s'agit dans cette résidence artistique. D'où le foisonnement des poncifs esthétiques : légèreté des traits, sensualité des gestes, couleurs méticuleuses et parallélisme chiasmatique... Lumières sur noirceurs, strates superposant les contraires et thématiques inextricablement enchevêtrées. Tout se mélange jusqu'à l'unité. La disharmonie ne résiste plus à la complétude de l'acte. Ce tout est justement tributaire avant tout d'une culture orientaliste dont est doté Olivier Masmonteil, qui fait écho à celle d'Etienne Cail qui, quant à elle, se réfère plutôt aux Occidentaux, à commencer par Henri Matisse, en privilégiant le noir et le blanc, tous azimut. En effet, c'est une œuvre qui se nourrit du détail minutieux dans une trame nouée avec beaucoup de justesse et de subtilité. Et la lumière feutrée de rimer paradoxalement avec l'étoffé donnant ainsi naissance à des êtres du dedans en combat pacifique avec ceux du dehors. Comme si l'espace concrétisait littéralement les théorèmes de «La Poétique» de Gaston Bachelard ! Olivier Masmonteil entame au même titre qu'Etienne Cail un jeu fluctueux, et nécessairement fructueux, oscillant entre les différentes couleurs, les volumes, les formes, les ombres et les lumières. Le clair-obscur naît de la suggestion. Une légèreté accomplie en douceur à telle enseigne que l'œuvre d'art s'apparente à la littérature des esquisses, c'est-à-dire de l'inachevé, une vie en perpétuel devenir comme l'appellerait Derrida. «La présence évidente de la mythologie vient corroborer cette esthétique de l'alliance, du dialogue culturel et du vivre ensemble entre l'Orient et l'Occident, au-delà des images reçues qu'on risque de reproduire quand on est à la découverte d'un lieu autre. L'invitation des autres références n'est nullement malmenée ou du moins incongrue mais bien au contraire, elle offre à«la toile» une force intrépide autant par le trait que par les coloris. C'est dans ce sens qu'on assiste à un travail fondé sur la structure binaire apparemment oxymorique et unique, en filigrane, grâce à l'art de la nuance, métaphore de tolérance par excellence», détaille un communiqué de presse sur la résidence. L'exposition a déjà fait l'unanimité à Tanger du 24 au 27 août au Palais Moulay Hafid. Etienne Cail et Olivier Masmonteil sillonneront Rabat et Marrakech dans les prochains pour faire la lumière sur leurs oeuvres créées au Maroc, pour le Maroc....