Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, se basant sur la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie, menace de sanctionner les pharmaciens responsables des établissements pharmaceutiques qui ne cesseraient pas d'approvisionner en médicaments les associations, les pharmacies des mutuelles et la pharmacie de la CNOPS. «Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens vient de décréter la mise à mort des associations en charge des centres d'hémodialyse». Tel est l'avis de ces associations depuis que le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens a menacé de sanctions les pharmaciens responsables des établissements pharmaceutiques qui continueraient d'approvisionner en médicaments les associations, les pharmacies des mutuelles et la pharmacie de la CNOPS. Il demande à ses associations de se conformer au circuit normal de distribution, c'est-à-dire de passer par les pharmacies d'officine et non pas de s'adresser directement aux laboratoires. Les menaces du Conseil se basent sur la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie. Si ces mesures sont appliquées à la lettre, les associations bénévoles en charge des malades rénaux subiront le contrecoup d'une augmentation de 30% à 40% des frais. Les centres de dialyse privés sont très chers -entre 850 DH et 950 DH la séance- sachant qu'un malade nécessite parfois jusqu'à 3 séances par semaine. Les malades se réfugient auprès des associations qui prennent en charge la grande majorité des dépenses, estimées faramineuses. Chaque association ne pouvant pas prendre en charge la totalité des malades rénaux dispose d'une liste d'attente qui ne cesse de s'allonger. «Plusieurs malades sont morts à défaut d'être pris en charge», indique Mhamed Al Arbai, de l'association Al Amal à Tanger. Cette loi est considérée par ces associations comme «catastrophique», d'autant plus qu'elle pénalise seulement «les nécessiteux». L'incompréhension est grande à Casablanca aussi, le wali de la région ayant contacté le ministre de l'Intérieur afin de remédier à la situation. Casablanca dispose d'une fondation comptant environ 530 malades et englobant plusieurs associations, sans compter les listes d'attente. À défaut de mobiliser des fonds supplémentaires uniquement pour les pharmaciens, les associations sont actuellement bloquées. Pour leur part, les industries pharmaceutiques rechignent à alimenter les associations en kits de dialyse de peur de subir des pénalités. La dialyse nettoie le sang en le faisant circuler à travers ce que l'on appelle un «rein artificiel» ou en le filtrant à l'intérieur de l'abdomen. Ce traitement permet de retirer les déchets et l'excès d'eau, travail normalement effectué par les reins. Si la fonction rénale est interrompue de façon permanente (l'insuffisance rénale terminale), le patient est appelé à continuer à utiliser la dialyse à moins de recevoir une transplantation rénale. Mais cette dernière opération demeure inaccessible à grande majorité des malades. Il ne reste qu'une seule solution: se soigner ou mourir.