Bon cru pour les banques marocaines cette année ! En dépit d'un contexte politique régional difficile et de la crise économique et financière aux impacts relativement défavorables, elles ont pu conserver leur place dans le classement des institutions bancaires continentales que dresse, annuellement, le groupe «Jeune Afrique». Pour sa 13e édition qui vient d'être publiée, les majors marocaines figurent en bonne place malgré une nette domination des banques sud-africaines dont cinq s'accaparent la tête du top 10. Attijariwafa bank, la première banque nationale, se positionne à la 7e place sur le continent et elle est la 2e au niveau de la région Afrique du Nord, juste derrière la National Bank of Egypt et devant la Banque extérieure d'Algérie. Elle est rejointe dans le top 50 par le Crédit populaire (10e), la BMCE (12e) et la Société générale (24e). La BMCI pointe à la 29e place, perdant 3 places cette année et à la 42e place on retrouve le Crédit du Maroc et enfin le CIH à la 57e place. Cette présence remarquée des entreprises marocaines confirme, par ailleurs, la vitalité du secteur bancaire et surtout la pertinence de la stratégie d'expansion engagée par les banques marocaines sur le continent africain. Le secteur est plus que jamais porteur et les perspectives très prometteuses comme l'ont conclu les analystes du «spécial finance de Jeune Afrique». Les chiffres sont là pour le prouver. En cinq ans par exemple, le total bilan des 200 premières banques africaines a doublé, s'établissant en 2010 à 1.375 milliards de dollars, ce qui correspond à une progression de 14,7% par rapport à 2009. Cette dynamique s'est accompagnée de l'amélioration des produits et services, ainsi que de la performance interne des banques, qui ont vu leurs produit net bancaires (PNB) progresser de 21% sur la même année, dépassant pour la première fois les 50 milliards de dollars. Cette vitalité n'est pas sans attirer des convoitises, mais profite pour le moment aux concurrents africains. Ambitions et opportunités Ces perspectives africaines tombent opportunément bien, puisqu'elles coïncident avec le moment choisi par les compagnies marocaines pour porter leur effort de pénétration au sud du Sahara, à sa vitesse de croisière. Après les premiers pas, assez concluants, d'Attijariwafa bank qui vient de lancer ses premières banques d'affaires à partir du Sénégal et de la BMCE, qui s'est offerte les 12 filiales du groupe Banque of Africa, c'est au tour des compagnies d'assurance de suivre les traces du groupe Saham qui a acquis Colina. Selon le rapport, trois compagnies marocaines (RMA Watanya, Wafa Assurance et CNIA Saada) sont en train de peaufiner des stratégies d'expansion en Afrique subsaharienne, sans compter les ambitions de la BMCE qui s'apprête à lancer une nouvelle filiale, qui sera basée à Casa Finance City et qui sera dédiée aux assurances, avec comme marché cible prioritaire, l'Afrique. La principale raison de cet engouement est l'énorme potentiel que recèle ce créneau sur le continent, particulièrement pour le secteur des PME. Le Maroc qui caracole derrière l'Afrique du Sud en termes de maturité de marché, a des atouts à faire jouer avec son expérience sur le marché national. La stratégie payante, expliquent les analystes du rapport est axée autour de l'innovation et de l'adaptation des offres aux réalités locales comme l'a prouvé la micro-assurance et «le mobile insurance», un secteur qui rencontre un franc succès au sein des populations. Il est vrai que la concurrence sera très rude, mais les connexions politiques du Maroc avec certains pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre peut s'avérer un bon coup de pouce aux ambitions des groupes marocains sur le continent. Le Maroc devra néanmoins compter avec des concurrents de taille, notamment les entreprises sud-africaines très agressives sur le continent et qui sortent progressivement de leur pré carré, constitué par les pays d'Afrique australe, mais aussi le Nigeria, qui se positionne désormais en acteur majeur dans le secteur bancaire. Le marché boursier en berne Année satisfaisante mais pas aussi performante pour les marchés boursiers africains. C'est ce qui ressort du rapport «spécial finance 2011». La Bourse de Casablanca s'en sort relativement bien avec 18% des principales opérations boursières conduites sur le continent en 2010. Celle de Johannesbourg fait mieux avec 32% devant la bourse du Caire avec 18% et 4% pour Tunis. Pourtant, le potentiel est là et les perspectives également prometteuses. C'est principalement le cas de Casablanca, avec le démarrage des activités de Casa Finance City qui est attendue pour servir de détonateur au secteur. Les premiers contrats pour les sociétés sont annoncés pour les prochains mois. Un projet qui semble déjà attirer des investisseurs potentiels en dépit de l'apparition de nouvelles places financières aux mêmes objectifs sur le continent. Parmi celles-ci les places de Maurice, du Togo ou du Botswana.