Nada El Biaz : Directrice générale du groupe ISCAE Axant sa stratégie pédagogique sur la polyvalence et l'adaptation continue, l'ISCAE modifie le contenu de ses programmes en fonction des changements relevés sur le marché de l'emploi, en opérant des rapprochements systématiques avec le monde professionnel. Quelle stratégie l'ISCAE a-t-elle mis en place pour répondre à la demande du marché ? Le Groupe ISCAE met au centre de sa stratégie de positionnement qualitatif l'adéquation entre les profils de ses lauréats et les besoins du marché du travail. Pour ce faire, ce décloisonnement ISCAE/Entreprises commence en amont par la participation des professionnels à l'ingénierie pédagogique et à la co-construction des profils souhaités. Par ailleurs, une cellule «Entreprise et Carrière» gère les relations avec les partenaires en matière de stages et de recrutement d'une part, et assure une veille du marché de l'emploi d'autre part. En raison du caractère stratégique des partenariats avec les entreprises, ce rapprochement avec le monde professionnel se gère au niveau de la Direction de l'institut, voire au niveau de la Direction générale. De plus, la Direction Développement et recherche, qui assure également la veille stratégique, établit des benchmarks au niveau international afin de rester en phase avec les meilleures pratiques en matière d'immersion des étudiants en milieu professionnel, tout au long de leur cursus. Enfin, au-delà de la grande école qui offre des spécialisations à partir du semestre 4, les autres cycles (expertise comptable, doctorat et formation exécutive) offrent un large choix de spécialisations de plus en plus pointues. Prévoyez-vous des programmes de formation dédiés aux nouveaux métiers mondiaux ? En ce qui concerne la grande école, nous formons des profils polyvalents, destinés à travailler n'importe où dans le monde, dans un contexte multiculturel. Notre défi est donc de former des profils suffisamment flexibles pour s'adapter à des besoins évolutifs. Nous leur apprenons à apprendre et à être acteurs de leur auto-formation. Malgré le fait qu'ils ont à choisir une filière particulière, l'objectif est de favoriser l'ouverture au niveau national et international ainsi que le développement de la capacité d'adaptation dans des secteurs variés. Quelle que soit leur filière, la RSE, le développement durable, l'éthique, la technologie sont présents de manière transverse. En ce qui concerne les mastères spécialisés, nous lançons chaque année de nouvelles formations, en fonction des besoins décelés. Pour l'année universitaire 2016-2017, nous prévoyons le lancement d'au moins trois nouveaux programmes dans des domaines pointus. Nous les annoncerons à la rentrée. À quel point êtes-vous adaptables aux actuelles mutations des exigences des employeurs ? Je pense que les exigences des employeurs en ce qui concerne les postes de management vont justement dans le sens de la flexibilité, l'adaptabilité, la capacité à raisonner «local», dans un environnement «global». Or, les lauréats du Groupe ISCAE, notamment ceux de la grande école, sont formés pour être autonomes. Plus que cela, l'autonomie est un critère de sélection lors du concours d'accès à l'ISCAE. Ainsi, nos étudiants sont généralement dans une phase ascendante, curieux, et sont habitués à apprendre, à s'adapter. L'expérience à l'international, à travers les échanges, renforce leur ouverture et leur capacité à participer à leur propre construction de manière responsable. Au Groupe ISCAE, nous avons le privilège, en tant qu'établissement à accès limité, de sélectionner nos étudiants parmi les meilleurs candidats au Maroc et en Afrique subsaharienne (à travers l'AMCI puis sur concours extrêmement sélectif). Ceci permet d'avoir dès le départ des profils à haut potentiel. Quelle lecture faites-vous de l'évolution du marché de l'emploi dans la décennie à venir ? Face à l'évolution sans précédent des technologies, des défis climatiques, ainsi qu'aux transformations au niveau de l'échiquier mondial, personne ne peut prévoir, de manière sûre, quels seront les besoins dans la décennie à venir. C'est pour cela qu'il semble essentiel de préparer les jeunes en leur donnant les outils pour se débrouiller par eux-mêmes dans un monde incertain et imprévisible. Il ne suffira pas de les préparer sur un plan purement technique, mais il faudra les armer psychologiquement pour affronter les situations nouvelles et saisir les opportunités. Je pense également que la maîtrise des langues (l'anglais, mais aussi le chinois par exemple), des TIC, la flexibilité, les valeurs de citoyenneté, d'éthique et de responsabilité sont indispensables pour réussir aujourd'hui et dans les années à venir.