Omar Abarro : Directeur général délégué de Ciments du Maroc Les Inspirations ECO : Comment s'est déroulée l'année 2015 pour Ciments du Maroc, en termes d'activité ? Omar Abarro : L'année 2015 a été globalement positive. Concernant l'activité, le marché national a progressé de 1,4%, comme on a pu le constater. Certes, cela reste une légère hausse, mais qui intervient après trois années successives de baisse de la consommation nationale. Cette progression reste appréciable. Cela marque peut-être un palier qui augure d'une inflexion de la tendance pour les années à venir. Grâce, notamment, à l'efficience des outils de production et aux performances industrielles enregistrées, Ciments du Maroc a pu améliorer considérablement ses résultats en 2015 avec une progression de plus de 13% de son excédent brut d'exploitation. Quel est l'état actuel du secteur des BTP et cimentier ? Le BTP a connu une quasi stagnation ces deux dernières années. La consommation de ciment en est un des indicateurs. L'inflexion de tendance dont j'ai parlé concernera également -je l'espère du reste- la filière BTP et le secteur de la construction de manière générale. Où en est la fusion entre HeidelbergCement et Italomobiliare ? L'annonce du rachat, par HeidelbergCement, des parts d'Italomobiliare dans Italcementi a été faite le 28 juillet 2015. La durée du processus d'acquisition prévue était initialement d'une année. Le «closing» de ce processus est attendu pour juillet, selon HeidelbergCement. Pour Ciments du Maroc, cette fusion ne peut être que positive, compte tenu de la taille et des performances du groupe HeidelbergCement, qui est le deuxième opérateur au niveau mondial dans le secteur cimentier, mais aussi le premier dans les granulats et le troisième dans le béton. C'est un acteur de taille à l'échelle internationale qui va certainement nous apporter énormément au niveau du pilotage du business, de l'amélioration de nos performances mais également à l'international, en termes d'opportunités d'exportations, vu son dispositif et sa présence dans plusieurs pays. Ladite fusion pourrait-elle compromettre la stratégie de positionnement sur les côtes africaines lancée l'an dernier par Ciments du Maroc ? Nous avions annoncé l'année passée le lancement d'une stratégie de développement en Afrique. Italcementi voulait faire du Maroc un hub pour le développement dans ce continent. Il y avait une forte ambition de se développer particulièrement en Afrique de l'Ouest. Maintenant, HeidelbergCement est déjà présente en Afrique, dans huit pays précisément, dont certains figuraient dans notre plan de développement. Ceci va certainement remettre en cause notre plan initial. Je pense qu'il y aura un ajustement de la stratégie africaine avec l'arrivée d'HeidelbergCement. Cet ajustement sera annoncé en temps voulu après le «closing». Le Maroc, en tout cas, présente énormément d'atouts pour HeidelbergCement, en tant que hub pour son développement en Afrique. Le projet guinéen, déjà lancé, sera finalisé bientôt. Pensez-vous que la fusion Lafarge-Holcim pourrait représenter une menace pour Ciments du Maroc, en termes de concurrence ? Le gouvernement avait donné son accord pour la fusion Lafarge-Holcim. Cette fusion donne naissance à un opérateur avec une part de marché de près de 55%. J'espère qu'il n'y aura pas d'abus de position dominante et que tout le monde agira dans le cadre d'une concurrence saine. Comme nous l'avons déjà souligné à maintes reprises, nous resterons vigilants et nous défendrons, coûte que coûte, notre part de marché. Quels sont vos projets pour le reste de l'année ? Les projets à venir, dans le ciment, sont ceux décidés et déjà annoncés par notre Conseil d'administration, à savoir le projet du Nord, qui sera lancé au moment opportun, et le projet d'un centre de broyage à Dakhla qui est en cours d'instruction au niveau du CRI de cette ville. Pour cette année, nous comptons implanter également deux nouvelles centrales à béton à Laâyoune et Marrakech, et lancer une carrière granulats aux environs de Casablanca. Après le «closing», notre plan de développement sera certainement ajusté et redéfini en fonction de l'ambition et de la stratégie d'HeidelbergCement. Quelles sont vos perspectives pour le reste de l'année, concernant Ciments du Maroc et le secteur plus généralement ? Le premier trimestre a bien démarré. Toutefois, cela est uniquement dû à la faiblesse du marché au début de l'année 2015, à cause des intempéries. Le volume des ventes du mois d'avril, au niveau national, a connu une baisse par rapport à avril 2015. Globalement, on estime que le marché restera plus ou moins stable pour l'année 2016. Cela dit, on continue à travailler sur nos performances industrielles pour améliorer nos résultats, malgré la stagnation de l'activité.