Les AMC marocaines se sont engagées dans plusieurs chantiers d'envergure visant à porter leurs performances sociales aux plus hauts standards internationaux. Les performances commerciales ont, de ce fait, été au rendez-vous. Les mesures de protection des bénéficiaires de la microfinance revêtent une grande importance et doivent faire l'objet d'une attention particulière. Il s'agit d'un chantier d'envergure pour renforcer la crédibilité et la durabilité du secteur. C'est dans ces termes que se sont exprimés les professionnels des Associations de microcrédit (AMC) marocaines, qui ont participé, la semaine dernière (du 30 mai au 2 juin) à Marrakech, à la conférence annuelle de la Social Performance Task Force-SPTF, événement que nous avons annoncé sur nos colonnes (voir www.leseco.ma). Les normes universelles de la protection de la clientèle étaient au centre des discussions, lors de cet événement organisé en partenariat avec le Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire (CMS) et la Fédération nationale des Associations de microcrédit (FNAM) qui regroupe 13 AMC. La performance sociale, une priorité En effet, dans le cadre de la gestion de la performance sociale, les AMC marocaines se sont engagées dans plusieurs chantiers d'envergure visant à porter leurs performances sociales aux plus hauts standards internationaux. C'est dans ce sens qu'elles ont d'ailleurs renforcé leur collaboration avec la SPTF, une organisation non-gouvernementale de plus de 2.700 membres qui a pour mission principale de responsabiliser les acteurs de la finance inclusive en vue de développer et mettre en œuvre des normes universelles en matière de gestion de la performance sociale, visant à placer le client au centre de leur stratégie. De manière générale, «après les périodes difficiles que le secteur de la microfinance a traversées, notamment durant la période 2008-2012, un gros travail réglementaire, de renforcement des capacités, de révision de l'ensemble des process, qu'il s'agisse de process produit, de process RH, etc... a été fait et on peut affirmer que le secteur est résilient aujourd'hui», nous a souligné, d'emblée, Mohammed El Mazouri, délégué général de la FNAM, avant de préciser : «Sur le plan de la mission sociale, celle-ci a d'abord été renforcée par notre présence dans les régions les plus enclavées où le taux de pauvreté est le plus élevé». Le secteur de la microfinance compte en effet 1.500 points de vente fixes et près de 150 unités mobiles qui servent les communes rurales les plus éloignées. Le réseau est équitablement réparti entre l'urbain et le rural, puisque chacun bénéficie de 50% des points de vente. À noter que sur les 50% de points de vente dans le rural, 30% sont dans le rural enclavé où se trouvent les populations les plus vulnérables. Il s'agit également d'un des secteurs où l'approche genre est la mieux représentée. Selon Mohammed El Mazouri, le secteur de la microfinance emploie plus de 6 .500 personnes, dont 50% sont des femmes. Aussi, au niveau des bénéficiaires du microcrédit, plus de 55% sont des femmes. Egalement dans leur démarche, de gestion de la performance sociale, les AMC marocaines, dans le cadre de leur collaboration avec la SPTF, ont participé à la démarche de protection des clients en microfinance de la Smart Campaign, une initiative de la SPTF. Il s'agit d'une certification relative au respect des normes déontologiques et éthiques dans le secteur de la microfinance. Tamwil Al Fellah, filiale du Crédit Agricole du Maroc a été la première institution marocaine à recevoir cette certification, mercredi dernier à Marrakech (voir interview), mais selon le délégué général de la FNAM, toutes les AMC sont en marge de l'obtenir, «puisque toutes se sont engagées dans ce processus de certification et certaines sont même en phase finale», nous a affirmé El Mazouri. Pour rappel, la certification de la Smart Campaign exige des associations de microcrédit, l'implémentation d'un système axé autour de 7 principes, à savoir le développement des produits et distribution appropriée, la prévention du surendettement, la transparence, la tarification responsable, le traitement respectueux et équitable des clients ainsi que la confidentialité des données des clients et les mécanismes de résolution des plaintes. Un secteur résilient Par ailleurs, il semblerait que l'ensemble des efforts fournis par les acteurs du secteur, sur le plan de la performance sociale, aient été payant puisque, à en croire Az El Arab Alami Ouazzani directeur exécutif du CMS, le secteur de la microfinance suit une bonne trajectoire depuis quelques années et se porte bien en ce début d'année. Les chiffres qu'il nous a communiqués décrivent si bien cette tendance. Avec un encours 6,180 MMDH à fin mars, le secteur du microcrédit marocain affiche une évolution positive trimestrielle de 2,6%, alors que le crédit bancaire a été en recul sur la même période (-2,1%). En 2015, c'est une évolution annuelle de 6% qui a été enregistrée par le secteur. Le secteur du microcrédit continue également d'attirer un nombre important de clients. Le nombre des bénéficiaires était en progression de 4,5% l'année dernière. Rien que sur les trois premiers mois de l'année, 6.312 clients supplémentaires ont rejoint le circuit et ils sont au total 912.302 clients actifs, au terme du premier trimestre. Depuis son lancement au Maroc, la microfinance a débloqué plus de 55 MMDH de microcrédits pour près de 8 millions de bénéficiaires. La proportion actuelle des clients dans l'urbain est de 58%, contre 42% en milieu rural. Le secteur a, par ailleurs, généré plus d'un million d'emplois indirects. Les activités financées par le microcrédit concernent en grande partie le commerce et les services (57%), suivis des métiers manuels et de l'artisanat (17%), de l'agriculture (16%).