Le monde vit aujourd'hui un marasme d'une ampleur peu commune. D'abord, la crise financière et bancaire commencée en 2008 aux Etats-Unis qui s'est transformée en une profonde perturbation augmentant le sentiment général d'insécurité économique. La durée de cette récession demeure incertaine. Les économistes et les politiques oscillent, en fonction du signe de la dernière statistique publiée, entre optimisme et pessimisme parfois forcenés. Il est coutumier que les crises soient faites d'instabilité, de paradoxes, d'incertitude et de désordre. Souvent, elles dépassent le seul fait qui les provoque. Elles peuvent être aggravées, évaluées par des perceptions inexactes, par une implication insuffisante ou par des dispositifs de réponse inadaptés. Parfois, des gouvernements tentent de les occulter par des «cosmétiques communicationnelles», comme si pour arrêter la montée de la fièvre, il aurait suffi de briser le thermomètre. Pourtant, Il apparaît indispensable que les gouvernants, amenés à y être confrontés, soient préparés. Hélas, dans les choix économiques opérés germent la cyclicité de ces crises et les tensions socio-économiques qui en découlent.Immanquablement, la crise financière et la crise environnementale s'enracinent dans des causes communes. Elles émanent de l'«absence de régulation» d'un système en quête d'enrichissement rapide et de surexploitation des ressources. Indéniablement, la question des ressources naturelles a joué un rôle dans la tension financière et économique, car la montée des prix du pétrole et des denrées alimentaires a fortement pesé sur le budget des ménages. Comment expliquer de tels agissements? Ils viennent d'une part des limites de la rationalité des agents économiques et d'autre part de «l'aléa moral », c'est-à-dire du fait que les responsables d'une crise ne sont pas forcément censés être ceux qui en subissent les conséquences ! Pourtant, lorsque la crise a lieu, elle a des conséquences sur l'économie et la société dans son ensemble, et même les acteurs qui se pensent protégés peuvent en être affectés. C'est le cas du chômage des catégories vulnérables qui a inévitablement des conséquences sur la demande, sur le climat social et sur la croissance en général. Les tensions que connaissent actuellement beaucoup de pays en sont une preuve irréfutable ! Il en est de même dans un système mondial inter-impliqué, où la faillite économique d'un pays peut avoir des conséquences mondiales, à l'instar du cas de la Grèce, qui défraie la chronique. Peut-être étions-nous trop attachés à l'idée que les marchés sont efficaces, que les participants des marchés sont rationnels, et que les prix élevés sont justifiés par des fondamentaux économiques. La théorie ne dit pas que les marchés peuvent s'effondrer si les nouvelles sont mauvaises, alarmantes ou si les investisseurs deviennent timorés, par rapport aux risques ou parfois, tout simplement par rapport à des rumeurs... Tout comme en médecine, l'économie est devenue très comportementaliste. Les macro-économistes et les hommes politiques ne prêtent généralement aucune attention à ce sur quoi travaillent les économistes de la finance ou de l'immobilier, et vice versa. Agir efficacement en situation de crise dépend à la fois de la capacité à détecter les signaux annonciateurs et de la capacité des gestionnaires à gérer l'impact du «stress et de la panique» sur les processus de décision. La préparation à la gestion de crise ou à son évitement passe par la réflexion sur l'adaptation des choix économiques établis, aux nouvelles nécessités d'un développement plus équitable et plus serein. Elle passe aussi par la création d'une culture de gestion de crise. L'identification et l'acheminement des informations, la remontée des signaux critiques doivent être clairement définis, en amont. L'ensemble des acteurs, mais aussi et avant tout les dirigeants, doivent être préparés à gérer les enjeux psychologiques de la crise et de leurs impacts. Le flou des informations, le manque ou l'inadéquation des moyens, l'urgence et la nécessité d'agir créent un climat de tension, qu'il faut savoir «traiter et manager», sans forcément verser dans l'excès d'optimisme. Quels sont les signes qu'il convient de guetter ? Est-il possible de concevoir un modèle économique capable de prédire que l'économie approche d'un seuil critique ? Certainement ! Mais il demeure nécessaire de procéder à des travaux complémentaires, afin de mieux en comprendre les causes. D'autres aspects exigent d'être étudiés plus avant, parmi lesquels figurent des éléments institutionnels, tels que la robustesse des cadres réglementaires, la qualité de gestion des entreprises, leur gouvernance, leur réactivité, ainsi que des variables capables de décrire les évolutions sociopolitiques, ainsi que leur performance dans la relance économique et dans la génération de la confiance.