Bouchaib Erraziki : Directeur du Centre régional d'investissement (CRI) de Drâa-Tafilalet Quelles sont les potentialités économiques de la région Drâa-Tafilalet ? La région regorge de potentialités naturelles immenses et elle présente des opportunités d'investissement à saisir, surtout dans ce territoire encore vierge. Elle peut facilement se démarquer. Le rôle des opérateurs économiques est de valoriser ce potentiel pour permettre la création de la richesse et de l'emploi. Le CRI a réalisé un diagnostic de la région. De cet état des lieux, trois pôles économiques ressortent comme les piliers du développement régional. L'agriculture est le premier pôle économique de la région, il est suivi du pôle «mines et énergie» et enfin des services avec le tourisme et l'industrie culturelle. Quels sont les atouts du pôle agricole ? La région se distingue par l'agriculture oasienne. Notre territoire se spécialise dans des niches à haute valeur ajoutée commerciale, telles que la variante des dattes «majhoul». D'ailleurs, depuis le lancement du Plan de développement de la filière, la région d'Erfoud a connu un flux massif des investissements. Plus de 25.000 hectares de palmiers dattiers ont été plantés. En plus de ce produit phare, la région regorge des produits du terroir. Les filières du henné, de la rose du Grand Atlas à Kelaât M'gouna et de la poterie à Midelt permettent le développement économique de ces zones ainsi que la création d'une richesse partagée par les populations locales. Le secteur minier est un pôle historique de la région, comment promouvoir ce pilier de l'économie régionale ? La région est connue pour son potentiel minier, mais ces ressources sont peu valorisées. Il faut savoir que 40% des autorisations minières nationales sont délivrées dans cette zone. Les sols de la région regorgent de barytine, cobalt, fer, cuivre, manganèse, etc. Le secteur connaît une structuration profonde pour permettre une professionnalisation poussée grâce à l'arrivée des investisseurs du Maroc et de l'étranger. La valorisation reste le maillon faible de la chaîne de valeur. Des efforts sont à déployer par tous les intervenants dans cette phase de restructuration du secteur. Le lancement du Programme solaire marocain depuis la région a fait du secteur de l'énergie un pilier important dans la région. Les projets de Noor à Ouarzazate et à Midelt sont de grands projets structurants pour l'ensemble de la région. Le tourisme dans la région traverse une crise, comment relancer l'investissement dans ce secteur ? Non, ce secteur ne connaît pas de crise, il s'agit de difficultés conjoncturelles. Ce secteur connaît des hauts et des bas en fonction du contexte régional et international. Le secteur n'est pas en crise, ce sont des difficultés passagères et cycliques. D'ailleurs, les opérateurs économiques s'apprêtent à relancer les investissements. Comme en témoigne le projet de construction d'un hôtel 5 étoiles dans la région. Mais comment relancer le secteur ? Le développement du tourisme dans la région est lié au tourisme durable, spécialement à Ouarzazate et Erfoud. Les richesses naturelles sont importantes et diversifiées. Dans ce territoire, nous disposons de zones montagneuses et de dunes de sables. L'aérien est à améliorer pour dépasser les quelques lacunes actuelles. L'existence de trois aéroports dans la région (Ouarzazate, Zagora et Errachidia) mérite d'être développée au profit du secteur touristique. Comment se porte le secteur de l'industrie cinématographique ? L'industrie culturelle et spécialement l'industrie cinématographique constitue une image de marque de ce territoire. Dans les prochaines semaines, nous allons accueillir le tournage de la série Prison Break. Le succès de la région est basé su une offre adaptée à ce genre d'opérateurs. La région est connue par ses sites naturels de décor et paysages adaptés à la réalisation cinématographique (vues panoramiques, plaines, plateaux, kasbahs, dunes, lacs, oasis, etc). La région dispose aussi de quatre studios internationaux et de deux structures de formation académique et professionnelle dans le domaine du cinéma. La région capitalise sur son actif riche (200 films ou séries télévisées, marocains ou étrangers), un savoir-faire en développement (technicité, figurants, artisans, etc), un coût de production compétitif comparativement à nos concurrents en Tunisie, en Afrique du Sud ou en Roumanie pour attirer les productions nationales et étrangères. À cela s'ajoute l'existence de structures d'accompagnement et de facilités administratives (Film commission, one stop shop) dans la région. Comment le CRI œuvre pour améliorer le climat des affaires ? La diversité de notre territoire est un atout majeur pour la région afin d'attirer les investisseurs et les fidéliser. Notre approche se base sur la construction de relations, de partenariats et de passerelles entre l'administration territoriale, les élus et le secteur privé. Le Comité régional pour le climat des affaires, créé en février dernier, est un outil adapté pour arriver à ce but. Ce comité est aujourd'hui opérationnel. La finalité de ce travail est de surmonter les difficultés et les entraves à l'investissement dans la région, en facilitant toutes les procédures administratives nécessaires à l'acte d'investir. C'est pour cette raison que nous disposons d'un siège à Errachidia et d'une antenne à Ouarzazate. Quel est le bilan de la création d'entreprises depuis le début de l'année ? Le nouveau CRI a vu le jour en janvier. Nos services ont pu accompagner la création de 220 entreprises en trois mois. L'essentiel des entreprises ont été créées à Errachidia et Ouarzazate et à moindre mesure à Tinghir et Midelt.