Le think tank marocain, OCP Policy Center a récemment édité une nouvelle publication consacrée à la construction d'un espace «Afro-Atlantique», censé réunir l'ensemble des pays africains de la façade atlantique. Créer une organisation transrégionale regroupant l'ensemble des pays riverains de l'Atlantique de Tanger au Cap de Bonne espérance, tel est le principal sujet débattu dans la dernière publication du think tank marocain, OCP Policy Center, diffusée le 19 avril 2016. Dans cet ouvrage enrichi par la contribution de plusieurs professeurs et doctorants, il est essentiellement question de voir comment parvenir à l'émergence de cet espace régional. La promotion de cette idée au Maroc n'est pas une première, car elle a déjà été évoquée depuis 2009 et 2010, lors de rencontres de conférences ministérielles des pays riverains de l'Atlantique. Depuis, le projet souffre dans les tiroirs, d'où l'intérêt pour l'OCP Policy Center de le remettre au goût du jour. Intérêt pour le Maroc «Outre cette dynamique internationale mettant l'accent sur la pertinence de l'émergence d'un espace atlantique élargi, cette initiative répond à un besoin pour le Maroc de renouveler ses relations avec l'Afrique et d'avoir un cadre multilatéral pour pouvoir faire face aux nouveaux défis transfrontaliers et transrégionaux de sécurité», indique-t-on dans ce document de 185 pages, édité à la suite du colloque portant sur «la façade atlantique de l'Afrique : un espace géopolitique en construction», tenu le 25 mai 2015 au Maroc. Pour le royaume, il s'agit donc d'un intérêt stratégique, à l'heure où l'offensive économique du Maroc sur le continent gagne en importance. En effet, cette initiative «traduit également la montée des considérations géo-économiques en tant que thématique privilégiée dans la politique étrangère du Maroc à l'égard de l'Afrique, sans oublier pour autant l'utilité de l'espace atlantique pour le positionnement stratégique et régional du Maroc tant dans ces relations avec les puissances traditionnelles qu'émergentes». En d'autres termes, le Maroc espère gagner, à travers cet espace, ce qu'il lui est encore difficile, voir impossible, d'obtenir dans les autres regroupements régionaux comme l'Union du Maghreb arabe ou encore l'Union européenne, sans parler de l'Union africaine. Blocages Si l'initiative garde toute sa pertinence pour le Maroc, le royaume est cependant appelé à «accompagner» sa mise en place «par des dynamiques parallèles à l'amélioration de ses relations avec les Etats de la rive atlantique africaine». Il s'agit particulièrement du Nigéria et de l'Afrique du Sud, «dont l'adhésion à ce projet, manque d'enthousiasme», indiquent les auteurs de la publication du think tank marocain. «De meilleures synergies avec ces Etats ne pourraient qu'avoir des répercussions positives sur la relance des activités de cette initiative», poursuivent-ils. C'est une fois ces obstacles surmontés, que la concrétisation de ce projet aura plus de chance d'être effectif ! Et pour cela, il faudra beaucoup de diplomatie et d'influence pour venir à bout du pessimisme des géants anglophones de la rive atlantique africaine ! OCP Policy Center : Carte de visite OCP Policy Center est un think tank marocain «policy oriented», qui se donne pour mission de «contribuer à approfondir les connaissances et à enrichir la réflexion autour de questions économiques et de relations internationales revêtant un enjeu majeur pour le développement économique et social du Maroc, et plus largement pour celui du continent africain». À cet effet, le think tank s'appuie sur des productions analytiques indépendantes et un réseau de partenaires et de chercheurs dans l'esprit d'une plateforme ouverte de discussions et d'échanges. Porteur d'une «perspective du Sud», celle d'un pays à revenu intermédiaire africain, sur les grands débats internationaux ainsi que sur les défis stratégiques auxquels font face les pays émergents et en développement, OCP Policy Center apporte une contribution sur quatre champs thématiques majeurs : agriculture, environnement et sécurité alimentaire; développement économique et social ; économie des matières premières ; et géopolitique et relations internationales.