Pour Bouchaib Maoual, il est question de désapprendre avant d'entamer tout processus. Pour lui, l'art consiste en la confrontation de techniques anciennes et de leurs homologues modernes. Le tout dégagé de toute tradition de faire. Graveur, artiste plasticien et sculpteur, Maoual expose ses nouvelles œuvres jusqu'au 12 décembre à la Galerie Bab El Kébir de Rabat, au sein du site historique des Oudayas. C'est un rituel qu'il pratique tous les ans. « Un travail digne de ce nom requiert un minimum de temps pour le mettre en place », s'enorgueillit ce natif de Ben Slimane. Une technique aisée Le travail de l'artiste est mixte. Un mélange de peinture et de gravure, griffé sur des parois métalliques de réfrigérateur, de machine à laver et de lave-vaisselle. Les plaques sont d'abord débarrassées des accessoires, ensuite dépliées et découpées pour être trouées. «J'estime que faire de la gravure sur cuivre, s'inscrit plutôt dans l'artisanat marocain», relativise l'artiste. Le ton convaincu, il poursuit, «ces plaques métalliques ont une vie. Elles font référence à nous, au vécu de l'être humain». Pour les 30 œuvres exhibées, la technique apposée change du conventionnel. Les personnages sont d'abord dessinés au décapant. Ce matériau faisant disparaitre la peinture, c'est sur le fond blanc restant, mis à nu, que Bouchaib entreprend sa «petite cuisine», comme il aime bien la définir. La recette commence par un bain d'acide et de syntophere, matière utilisée par les carrossiers automobiles. L'étape suivante consiste à imprimer les dessins sur du papier, made by l'artiste himself, et à défaut, sur du papier industriel 100% coton. «C'est un processus que je pratique depuis déjà une vingtaine d'années. Pour cela, j'ai sollicité ma mémoire génétique et picturale», explique-t-il. Une manière de revenir aux sources Telle une archéologie qui a subi les traces de la mondialisation, l'idéologie de l'œuvre se veut un va et vient entre le travail de l'homme primitif et l'ensemble de codes actuels transposés, tels des scarifications empruntées au monde usuel : Téléphone portable, guide Michelin et autres. Installé en France depuis plus de 20 ans, Bouchaib est en quête continue d'histoire. De sa propre histoire. C'est ainsi qu'il puise sur ses origines lointaines, pour mieux avancer. Il a fait ses études à l'école des Beaux arts de Tétouan, avant de s'envoler pour Marseille. «Ce n'était pas uniquement pour parfaire ma formation académique. A fortiori, ce voyage m'a permis d'entreprendre des rencontres professionnelles importantes, qui ont conduit à mon introduction au Mouvement Support-Surface ». Le mouvement englobe l'un des groupes fondateurs de l'art contemporain français. Sans être endoctriné jusqu'au nez, Bouchaib Maoual s'affirme dans ce mouvement qu'il reprend par ses propres termes.