Mohamed Ridza Abdullah : Manager associé de RidzaLaw, Malaisie et expert international spécialisé en finance islamique Mohamed Ridza Abdullah, manager associé de RidzaLaw Malaisie et expert international spécialisé en finance islamique, invité à la Bourse de Casablanca pour débattre des sukuk, à l'occasion du 3e meeting de la finance qui se tient aujourd'hui à Casablanca à l'initiative de l'APSB et de l'AMFP, explique qu'avec le soutien du gouvernement, il sera possible pour les entreprises étatiques tout comme celles privées d'émettre des sukuk. Les ECO : Dans les pays occidentaux les sukuk sont considérés comme des obligations halal, mais leur mécanisme est différent. Comment expliquez-vous les différences entre ces deux outils et pourquoi ce «mélange» dans les pays occidentaux ? Mohamed Ridza Abdullah : La terminologie n'est pas importante. Ce qui compte c'est la substance de la transaction. Le mot obligations halal est utilisé parce que certains considèrent les sukuk comme des obligations ou des obligations islamiques qui sont conformes à la charia. L'une des raisons pour lesquelles les mots obligations ne sont pas utilisés pour décrire les sukuk est parce les obligations connotent un titre de créance alors que dans les sukuk, tous ne sont pas classés comme des titres de créance étant donné que certains sukuk sont «construit» sur la base des titres de participation. Quelle est la manière la plus simple pour structurer les sukuk ? La structuration des sukuk dépend de l'intention de l'auteur ou de l'entreprise qui un besoin de financement en fonds. La structure n'est jamais compliquée. Des complications surviennent lorsque la solidité financière de l'émetteur ou la viabilité financière du projet ne répond pas aux attentes des investisseurs exigeant ainsi mécanisme supplémentaire pour garantir la souscription totale l'émission. L'incorporation du mécanisme supplémentaire est donc considérée par certains comme rendant la structure compliquée, alors qu'en réalité ce n'est pas le cas. Il existe de nombreux types et catégories de sukuk en fonction de leurs sous-jacents (sukuk ijara, sukuk murabaha, etc). Pourquoi cette multiplicité ? La multiplicité est nécessaire parce que la finance islamique repose sur des contrats sous-jacents, par opposition à la finance conventionnelle. Par conséquent, la mise en œuvre des différents contrats sous-jacents que ce soit ijara, murabaha, musharakah devra être adapté au projet nécessitant un financement en capital. Par exemple, si une entreprise possède des actifs et souhaite émette les actifs de financement, Ijarah serait la meilleure méthode par opposition à Murabaha. Les observateurs ont prédit une forte croissance des émissions au cours des années à venir mais le retrait de la Malaisie en 2015 a fait baisser le marché. Quelle lecture faites-vous de ce retrait et comment cela peut-il impacter le marché des sukuk ? Il est vrai qu'il y a une tendance à la baisse du marché des sukuk en Malaisie en 2015 en raison de l'adhésion de la Malaisie à sa politique de réduction du déficit budgétaire dans le contexte de la faiblesse des prix des matières premières et la volatilité des taux de change. Cependant, il y a une lecture positive qui en ressort. Cela reflète en effet l'internationalisation croissante et la diversité des marchés de capitaux islamiques. Par ailleurs, cette tendance à la baisse devrait être temporaire grâce à une forte demande des investisseurs locaux, et des politiques de soutien coordonnées du gouvernement pour la finance islamique. Pour le Maroc, quelles sont vos recommandations concernant les sukuk et qu'elles sont les exigences pour les sukuk souverains et ceux des entreprises privées ? D'après mon expérience de gestion de démarrage des sukuk dans d'autres pays, l'exigence principale serait le soutien du gouvernement pour assurer que toute émission de sukuk soit neutre sur le plan fiscal comparée aux émissions classique. Je crois que les efforts ont commencé avec la promulgation de la loi sur la titrisation n° 33-06. Je ne suis pas sûr des récents développements au Maroc après cela. Avec le soutien du gouvernement, il est alors possible pour les entreprises étatiques tout comme celles privées d'émettre des sukuk. Il est intéressant de constater que lors de mon implication dans les débuts de financement islamique dans les deux pays le Brunei et l'Indonésie, ce démarrage impliquait des compagnies pétrolières et gazières. Même en Malaisie, la première émission de sukuk en 1990 impliquait une société pétrolière et de gaz.