Anas Drihany : Directeur général de PCA Filiale du groupe Banque centrale Populaire, Payment Center for Africa « PCA» est un acteur de référence à l'échelle africaine dans le traitement des transactions électroniques. Aujourd'hui la plateforme est présente dans 11 pays africains. En chiffre, PCA gère 4,2 millions de cartes et plus de 200 millions de transactions par an. Les Inspirations ECO : En se référant à votre expérience en Afrique dans l'industrie monétique, quels sont les besoins que vous recensez auprès de vos clients ? Anas Drihany : Nos clients ont besoin de s'appuyer au quotidien sur une plateforme technologique stable et sécurisée aux meilleurs standards internationaux, un back-office opérationnel et efficace et un coût d'investissement et de fonctionnement maîtrisé et compétitif. De plus, dans un marché fortement concurrentiel et évolutif, notamment sur le plan des besoins, de la réglementation et des technologies, nos clients doivent pouvoir compter sur un fournisseur de services monétiques suffisamment agile et rapide et qui dispose d'un retour d'expérience éprouvé pour réduire leur time-to-market. PCA se base sur un modèle du cloud mutualisé. Comment réussissez-vous l'équation sécurité des données et technologie cloud sachant que le secteur bancaire opte le plus souvent pour le cloud privé ? La sécurité des moyens électroniques de paiement est un paramètre déterminant pour la confiance des clients dans les canaux technologiques. Compte tenu de cet enjeu, des ressources financières et humaines importantes sont allouées par le Groupe pour la sécurité du data center. Les responsables du data center sont constamment mis au défi afin d'aligner les dispositifs sur les bonnes pratiques et sur les normes de sécurité, notamment la norme 27001. Des missions régulières d'audit et d'analyse de risque sont également menées par des cabinets spécialisés. PCA vient d'ailleurs d'obtenir la certification PCI-DSS (Payment Card Industry - Data Security Standard) recommandée par les systèmes de paiement internationaux. Ce référentiel garantit aux clients un niveau de sécurité maximal. C'est également une première au Maroc pour une société opérant dans la fourniture des services monétiques et des nouvelles technologies. Nous avons également investi dans des dispositifs intelligents de gestion de la fraude, afin de maîtriser les nouveaux types d'attaques et de fraude. Comment vous évaluez le potentiel du marché de la monétique dans le continent? Le potentiel est considérable. Dans les marchés en transition comme le Maroc, où le taux de bancarisation dépasse 60%, les paiements électroniques doivent davantage se développer pour remplacer progressivement les moyens de paiement classiques comme le chèque ou le cash. La tendance est déjà là, mais elle devrait s'accélérer avec les mesures en cours de mise en place par les principaux acteurs de la monétique au Maroc (Bank Al-Maghrib, les établissements bancaires, les acquéreurs, etc.) Avec ses quelque 90 millions d'habitants, la zone Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui affiche un taux d'utilisateurs des services financiers d'environ 10%, constitue à cet égard un extraordinaire vivier. Quelles sont les perspectives de développement de l'industrie de la monétique notamment dans le continent ? Les solutions de digitalisation des administrations africaines (e-gov) et le déploiement des solutions de paiement pour le commerce de proximité et le commerce en ligne constituent les chantiers prioritaires pour dématérialiser les transactions qui sont encore effectuées en cash. La nouvelle révolution bancaire a déjà démarré. Le téléphone mobile a atteint un taux de pénétration extraordinaire en Afrique et deviendra incontestablement, dans les prochaines années, un moyen de paiement qui va révolutionner le paysage bancaire et financier du Continent. Ainsi, la monétique devra évoluer vers la convergence ou du moins vers le développement de services interopérables avec la téléphonie mobile. Quels sont les atouts qui vous démarquent de la concurrence qui devient de plus en plus rude sur le marché africain ? L'offre «One Stop Shop» propose une gamme complète et intégrée de services pour le pilotage et la gestion de bout en bout d'une activité monétique. La maturité et la richesse fonctionnelles de la plateforme PCA permet aux clients de proposer, dans des délais très courts, une offre riche, innovante et répondant aux meilleures pratiques internationales de l'industrie monétique. La mutualisation des volumes, des infrastructures et des ressources humaines permet aux clients de PCA de réaliser des économies d'échelle en optimisant leurs coûts. Et finalement, une équipe multiculturelle disposant d'un retour d'expérience significatif sur plusieurs projets complexes et internationaux et certifiée PMP / IITIL. Après une présence en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale, quelle est votre ambition aujourd'hui ? Aujourd'hui, nous souhaitons affirmer notre position de leader dans les pays où nous sommes déjà présents et continuer à développer et à fidéliser nos clients. Nous comptons aussi nous adresser à de nouveaux acteurs tels que les opérateurs télécom, les postes ainsi que les opérateurs de transfert d'argent qui ont inscrit la monétique dans leur stratégie de développement pour les prochaines années, et ce, avant de s'ouvrir sur de nouveaux marchés.