Casablanca-Settat abrite 7 millions d'habitants et autant de défis. Zoom sur les risques à éviter pour réussir l'émergence d'une méga-région. La Commission consultative sur la régionalisation (CCR) l'avait demandée, elle l'a obtenue. La création de la région Casablanca-Settat est une des recommandations phares du découpage proposé en 2011. Quatre ans après, ce nouveau territoire est acté par loi organique 1-14 sur les régions. La région accueille 6,9 millions des habitants du Maroc, soit 20,3% de la population nationale et 32,4% du PIB national. Cohabitation PAM-PJD Casablanca-Settat est le territoire le plus dense en matière de couverture administrative (voir schéma). Cette multiplicité des acteurs peut être une source de blocages pour le bon fonctionnement de la régionalisation, surtout que la région comme pivot du développement économique et social tarde à prendre ses marques. Mustapha Bakkoury, président de la région, ne cache pas son agacement face à cette situation : «Aucune mesure concrète n'a été prise en matière de déconcentration. En tant que présidents de région, nous avons des difficultés à l'accès à l'information. Les études qui ont été menées doivent être révisées pour que nous puissions saisir toutes les opportunités. L'heure tourne, et nous devons accélérer la cadence», prévient-t-il, lors d'une journée d'étude organisée par l'Institut national d'aménagement du territoire. Les luttes de pouvoir entre les autorités élues et autorité locale/ techniques est un autre risque qui pèse sur la mise en œuvre de la régionalisation. La région est présidée par le Parti authenticité et modernité (PAM), alors que la majorité des villes de ce territoire sont entre les mains du Parti de la justice et du développement (PJD), particulièrement Casablanca, Mohammedia et Settat. À cela s'ajoutent le partage des pouvoirs entre des agences urbaines bien installés dans le rôle d'aménageur et une région qui cherche encore ses marques. Sur le plan économique, la région doit composer avec deux risques: la perte de vitesse que connaît l'industrie à Casablanca et les disparités dans la répartition des investissements sur l'ensemble du territoire. «La contribution de Casablanca au PIB national s'amenuise. La croissance du PIB régional est plus faible que la moyenne nationale», observe la wilaya du Grand Casablanca dans son étude intitulée Casablanca, ville de prospérité économique. Selon ce document, le taux annuel de croissance moyen (2004-2014) de la ville blanche est de 3,4% contre 8,2% pour le reste du Maroc. Conséquence directe de cette situation: Casablanca a perdu près de 35.000 emplois entre 2011 et 2012, essentiellement dans l'industrie et le BTP. Le secteur tertiaire et l'immobilier attirent désormais les principaux investisseurs. Les investissements industriels à Casablanca ont chuté de 21% entre 2008 et 2011. Le deuxième risque est le creusement des disparités sous-régionales. Si Casablanca et El Jadida attirent les géants de l'industrie, les autres provinces de la région se trouvent dans une course à armes inégales. Le défi majeur est de faire profiter des fruits des investissements tant la commune Oulad Said à Settat, qui connaît un taux de pauvreté de 25,6%, que ceux du Maârif à Casablanca, enregistrant un taux de 1,7%.