Les agriculteurs et les commerçants reprochent à Casa Prestations l'augmentation de certaines taxes sur le prix des fruits et légumes. Ils menacent de maintenir le débrayage si la situation n'est pas réglée ce jeudi. Au marché de gros de fruits et légumes de Casablanca, les choses rentreront-elles dans l'ordre aujourd'hui ?C'est ce jeudi10 mars à la mi-journée, en effet, que devraient être révisés les taxes appliquées dans l'enceinte du plus grand marché de gros du pays. Taxation qui, rappelons-le, a été au coeur d'un débrayage tenu par les commerçants du marché en début de semaine. Lundi 7 mars, quelque 240 camions bloquaient en effet l'entrée du marché refusant d'y accéder et criant leur colère par la hausse «décidée unilatéralement» sur la taxe d'accès au marché. S'en est suivie une grande tension, si bien qu'il a fallu l'intervention des autorités locales pour «trouver momentanément une solution d'ici à jeudi», commente un commerçant à ce marché. La mise à jour de la taxation appliquée, soulignons-le, est faite tous les lundis et les jeudis. Et c'est là où le bât blesse, selon les commerçants, car lundi dernier, ils expliquent que l'accès leur a été interdit pour qu'ils ne puissent pas empêcher la hausse. Ainsi, ce n'est que mardi 8 mars à 3 heures du matin, que la situation s'est en partie résorbée lorsqu'a été décidée une réduction de 20% de ladite taxe. Une solution temporaire en attendant la réunion prévue aujourd'hui entre l'ensemble des parties prenantes, y compris une représentation des commerçants, pour statuer sur le problème. Passé ce délai, les grossistes promettent de maintenir le débrayage si un accord satisfaisant n'est pas trouvé. Cette grève s'apparente légitimement à un boycott de «produits injustement renchéris par Casa Prestations, qui ne tient compte que de sa propre rentabilité, occultant les répercussions qui impacteront négativement le marché», nous confie un gréviste, estomaqué par la situation. Et pour cause, les commerçants se trouvent, suite à cette décision «unilatérale», devant le dilemme d'accepter la taxe et gratter sur leurs marges afin de maintenir artificiellement les prix pour limiter l'impact sur le consommateur, ou alors, répercuter l'augmentation du coût de revient sur le prix de vente et laisser aux «autres» le soin de réguler intrépidement le marché. Une situation intenable aussi pour les agriculteurs qui voient leurs stocks de produits, durement récoltés en temps de sécheresse, pourrir en attendant de trouver une solution. Et à voir l'ampleur de l'augmentation en question, l'on comprend très vite leur colère : 1 dirham en moyenne par kilo et par produit. Bien souvent, cela équivaut à leur marge nette sur le prix du marché. Absorber la perte reviendrait à abandonner purement et simplement cette marge. «Autant fermer boutique et changer de métier. Qui voudrait d'oignons à 16 ou 17 dirhams le kilo?», s'insurge un détaillant. En effet, le produit «passe-partout» est devenu, dernièrement, un article de luxe dans le panier des ménages, des suites d'une batterie de causes, certes circonstancielles (baisse de la disponibilité du produit sur le marché national tandis que les exportations sont maintenues vers le marché africain, sénégalais notamment), mais pas seulement. Casa Prestation, en charge de la gestion du marché, est accusée par les détaillants d'avoir fait cavalier seul pendant près d'un an dans le processus décisionnel du projet d'encadrement du marché, pareil pour la maîtrise des flux et des pratiques considérées jusque-là comme obsolètes. Or, c'est justement ce que les commerçants demandent depuis avril 2015, au moment où Casa Prestations engageait des négociations avec le Conseil de la ville de Casablanca, avant la cession par ce dernier des activités relatives à la gestion à la SDL. S'agissant de la crise de cette semaine, Casa Prestation, jusqu'au moment où nous mettions sous presse, ne nous avait pas encore fourni sa version des faits. Le directeur de la SDL «attendait encore de finaliser la version officielle à fournir à la presse», tel qu'il nous l'a indiqué.