Il est l'une des figures montantes de la scène humoristique ! Il est franco-sino- marocain et a vécu à Fès. Son spectacle «Melting pot», qu'il a joué au Megarama ce jeudi 3 mars, est un régal et une carte postale vers ses origines. Il s'appelle Karim Duval et il n'hésite pas à se dévoiler, se mettre à nu grâce à des personnages bien trempés. Coulisses ! Il revient au pays pour présenter son spectacle «Melting pot», une rétrospective de sa vie entre Fès et Paris, entre ses origines françaises, marocaines et chinoises et surtout entre ses différents choix de vie. Lui c'est Karim Duval et rien que son nom en dit long sur cet artiste singulier, qui choisit l'humour et la comédie après avoir tourné le dos à une carrière d'ingénieur toute tracée et toute cadrée. Carte postale d'une vie colorée Karim Duval a vécu plusieurs vies en une seule. Il vit à Fès tout en étudiant dans une école française. Une double culture dès le départ puisqu'il parle en français en cours et l'arabe à la maison. Mais ce n'est pas tout. À la maison, à Fès, entouré de la tradition purement marocaine, la culture chinoise est omniprésente à travers sa mère et la culture amazighe à travers un père franco-marocain qui parle aussi bien l'arabe que le français. «On parlait arabe à la maison, et français à l'école. J'ai vécu le melting pot très jeune», confie l'humoriste et acteur qui passe 18 ans de sa vie dans la ville des Quaraouyine et s'imprègne de ses voisins, de sa famille, de ses camarades, des gens dans la rue, des commerçants, pour imiter, reprendre les mêmes mimiques et faire rire les copains. «J'ai toujours aimé imiter. Petit j'enregistrais des cassettes avec des sketches que j'envoyais à mes frères et sœurs», confie celui qui apprend le chant et la guitare, à ce moment-là, pour compléter sa formation d'acteur-humoriste, sans le savoir. Parce que pour lui, tout ceci n'est pas un métier. «Je ne savais pas encore que l'on pouvait faire sa vie en tant qu'humoriste !». Un parcours atypique Son bac en poche, il quitte sa Fès natale pour intégrer l'Ecole centrale de Paris, avant d'entamer une carrière dans l'informatique dans le Sud de la France en 2005, à Sophia-Antipolis. Pendant 6 ans, il est ingénieur et gagne bien sa vie avec un métier qui lui procure beaucoup de plaisir avec des voyages aux quatre coins du monde. «J'ai compris que ma passion m'avait rattrapé quand j'en ai eu marre d'aller à l'Île Maurice ou à une destination de rêve pour le boulot parce que j'avais une date au fin fond de la province pour être sur scène», explique Karim Duval. C'est à ce moment-là que l'ingénieur pense sérieusement à changer de voie. En 2007, il intègre, presque par hasard, la compagnie «Artistes Antibois Associés Théâtre» et découvre l'improvisation théâtrale, puis très vite l'écriture. Sous le regard bienveillant de Claude Krespin et Corinne Casabo, il crée ses premiers sketches. C'est à ce moment-là, qu'il comprend enfin que l'humour pouvait devenir un métier, un réel métier. «Ce sont des gens comme Gad El Maleh, que j'admire énormément, qui m'ont donné foi en ce métier, qui m'ont fait comprendre que cela est possible». Karim Duval commence à s'imposer, à faire les premières d'humoristes importants, comme Michel Boujenah, Didier Bénureau ou encore Patrick Timsit qui baptise son premier spectacle : «D'un commun accord». Il écume les festivals et les représentations à Antibes, Nice, Lyon et Paris, rafle quelques prix, dont le Coup de cœur du théâtre des Oiseaux à Nice et gagne la reconnaissance du milieu, dont le soutien de la comédienne et humoriste, Noëlle Perna, alias «Mado la Niçoise». Il décide alors de s'installer à Lyon pour se consacrer à sa passion... Melting pot ou la maturité du premier spectacle C'est en 2012, que son spectacle est présenté au Festival d'Avignon. Un festival qui va lui permettre de rencontrer Léon Vitale, comédien et metteur en scène avec qui il va travailler une nouvelle version du spectacle qui lui ressemble plus, qu'il intitule «Melting pot». Un spectacle riche de personnages atypiques d'un professeur de musique roumain adepte du silence, à un athlète marocain sans-papiers aux «J.O. de Gibraltar», en passant par un PDG vendeur de roses à la sauvette, un voyage vers le métissage culturel où l'humoriste est juste, sans jamais être vulgaire, et qui oscille merveilleusement bien entre le cynisme et la légèreté. «Mes personnages sont inspirés de ma vie, de mes observations, de ce que je vois tous les jours. Ce sont des gens réels, décalés et musclés en vannes. D'autres sortent de mon imaginaire également», confie l'artiste singulier qui présente son spectacle en France et au Maroc, son pays natal où il adore jouer. «C'est toujours un bonheur de rentrer au pays et d'y jouer. Le public marocain est connaisseur. En revenant ici, je vois l'enfance défiler, c'est ma manière de rester connecté», continue Karim Duval qui adapte son spectacle au Maroc avec une touche de darija, et des vannes sur mesure ! «Un humoriste doit être à la fois original et singulier, on a envie de ressembler à tous ceux qui nous inspirent et à aucun en même temps, puisqu'il faut être authentique», avance celui qui avoue être un grand fan de Hanane Fadili et de Abdelkader Secteur. Dans «Melting pot», c'est un Karim Duval sincère et drôle, qui a une touche personnelle sans copier ou faire la même chose que ses confrères. L'étoile montante du rire continue à briller et souhaite jouer ce spectacle encore et encore même s'il avoue qu'il a commencé à écrire et à penser au deuxième...Une bonne nouvelle quand on sait qu'avec l'humoriste, on ne rit jamais jaune, mais toujours coloré...