Une enquête est lancée par le Laboratoire public d'essais et d'études (LPEE) pour déterminer les causes de l'effondrement d'un immeuble en construction, le 29 février, à Casablanca. On déplore trois décès et trois blessés. Lundi 29 février, il était environ 9h35 quand les habitants du quartier Mandarouna, à Casablanca (arrondissement d'Ain Chock) ont entendu un bruit terrible. Un immeuble de 3 étages en construction s'est brusqument effondré, provoquant la mort de trois ouvriers. Trois autres ont été blessés. Des ouvriers, qui travaillaient sur le chantier, n'ont pas eu le temps d'évacuer le site avant que l'immeuble ne s'effondre. Jusqu'à la fin de la journée, les pompiers étaient en train de réaliser deux tâches : l'une consistait à rechercher les personnes portées disparues et l'autre à sécuriser le périmètre, a précisé le Colonel commandant régional de la protection civile à Casablanca. Pendant plus de dix heures, les pompiers fouillaient ainsi activement les décombres de l'immeuble à la recherche des disparus. Dans un premier temps, le colonnel commandant régional de la protection avait indiqué que deux ouvriers étaient peut-être ensevelis sous les décombres. «Deux persones sont recherchées et trois autres ont été transportées à l'hôpital Sekkat avant d'être transportées, par la suite, à l'hôpital Moulay Youssef», nous a-t-il déclaré. Finalement, trois décès étaient à déplorer dans la fin de la soirée. Comment expliquer qu'un immeuble s'effondre alors qu'il était en cours de réalisation ? À qui incombe la responsabilité ? Rencontré sur le lieu du sinistre, le représentant de l'entreprise en charge de l'exécution des travaux de construction soutient que l'erreur humaine semble être la cause du sinistre. «Cet accident arrive parfois sur les chantiers. Mais, il n'y a pas de faute en ce qui concerne la maîtrise d'ouvrage, ni au niveau de la maîtrise d'œuvre. Il s'agit d'une erreur humaine», déclare-t-il aux ECO. La réponse des responsables de l'entreprise n'a pas convaincu notre accompagnateur, qui n'était autre que le président de l'Association nationale des bureaux d'ingénieurs, Redouane Nqairi. Ce même lundi, nous avions, en fait, un rendez-vous avec cet ingénieur d'Etat pour un entretien sur la situation du secteur, lequel ferait l'objet, selon lui, de plusieurs problématiques en ce moment. Selon lui, «bon nombre de bureaux de contrôle ne seraient pas agrées et il faut l'intervention urgente des responsables pour mettre de l'ordre dans le secteur». De fait les bureaux de contrôles figurent parmi les intervenants les plus importants dans l'exécution de tout chantier. Nous avons appris le drame lors de notre entretien. L'ingénieur accepte de nous accompagner sur les lieux de l'effondrement. Arrivé sur le site du chantier, l'ingénieur n'y va pas par quatre chemins. Il accuse directement l'entreprise chargée de l'exécution des travaux de réalisation du projet en question. Pour celui-ci, plusieurs hypothèses pourraient expliquer l'effondrement de l'immeuble en cours de construction. «La rapidité dans l'exécution des travaux et le non respect des délais nécessaires de coulage entre les dalles pourraient être à l'origine de ce drame qui vient à nouveau endeuiller le secteur, un jour après l'écroulement d'une maison dans la médina de Fès», commente l'ingénieur. Avant de constater que dans tous les chantiers, des recommandations doivent être, en principe, faites par le bureau de contrôle accompagnant l'exécution des travaux de construction. L'objectif, poursuit-il, étant d'assurer l'étayement des planchers. Pour sa part, le président du Conseil régional des architectes du centre, Karim Sbai, qui était également sur le lieu, ne cache pas son inquiétude. «L'Ordre des architectes n'arrête pas de sensibiliser sur les normes qui ne sont pas respectées par tous dans l'exécution des chantiers. Et c'est ce qui conduit à des effondrements de bâtiments provoquant ainsi des pertes humaines». Concernant l'effondrement de ce lundi, l'architecte met en cause le délai de décoffrage qui n'aurait pas été respecté, et pas seulement ! La rapidité dans la réalisation des travaux est, selon lui, un autre facteur incriminé. «Le problème est un problème d'exécution. Ça se voit à l'œil nu», déplore le président du Conseil régional des architectes. La défaillance est-elle technique comme le laisse entendre l'ingénieur et le président de l'Ordre régional des architectes de Casablanca ? La responsabilité est-elle du ressort de l'entreprise ? À ce stade, il est très tôt pour en attester. Il faut attendre les résultats d'une expertise technique qui est lancée par le Laboratoire public d'essais et d'études (LPEE) pour déterminer les causes du drame ayant provoqué la mort des trois ouvriers. «Pour l'heure, on ne peut pas se prononcer sur ce problème. Tant qu'on n'a pas encore le plan de coulage, on ne peut s'exprimer sur les vraies raisons de l'effondrement», précise le représentant du LPEE. Le chantier est à l'arrêt, en attendant les résultats de l'expertise du LPEE. Quelles que soient les causes de cette catastrophe, le problème pourrait avoir des conséquences pour le reste dudit projet. Des sources sûres nous ont confié que deux autres dalles risquaient de s'effondrer. C'est ce qui explique d'ailleurs qu'une entreprise sera diligentée par le laboratoire public pour faire l'étayement des planchers. En réaction à cet incident, Ahmed Bouhmid, président de la Fédération des petits et moyens promoteurs, souligne que «malheureusement, le secteur est de temps à autre sinistré par des effondrements en plein chantier». Et il faut, dit-il, qu'il y ait réellement une conscience professionnelle qu'on n'a pas véritablement sur le marché. «L'effondrement d'immeubles en cours de réalisation est généralement causé par le fait qu'il n'y a pas un suivi des travaux de réalisation. Il doit y avoir des responsabilités civiles», lance le promoteur immobilier.