Pourquoi une session extraordinaire pour les parlementaires, alors que l'ouverture de la session d'automne est prévue pour le 14 octobre? La question a été posée à plusieurs parlementaires lors de cette session et la réponse a été pratiquement la même : «Il faut procéder à la traduction des nouvelles dispositions constitutionnelles et pouvoir être dans le calendrier de la réforme», comme l'a résumé le président de la Chambre des représentants, Abdelwahed Radi. Le maintien du bicaméralisme a fait que la première Chambre soit la seule concernée par le renouvellement des élites, alors que la Chambre des conseillers restera en fonction après les élections prévues le 25 novembre. C'est pourquoi probablement aucun signe de campagne électorale n'a été perceptible durant l'ouverture de cette session. Il s'agissait principalement de liquider les deux projets de loi où il y avait un grand vide : le nouveau texte sur l'observation neutre des élections et celui sur la révision des listes électorales. Les deux législations concernent directement le fonctionnement des bureaux de vote le jour du scrutin et se dressent comme les derniers remparts contre les irrégularités qui peuvent ternir l'image des prochaines législatives. Malgré le vote obtenu par une majorité de 42 députés et l'abstention de 30 représentants du groupe du PJD, les avis ont été presque unanimes à souligner la logique du «compromis», qui doit continuer à être mise en avant lors des travaux de cette session, que ce soit pour la majorité sortante ou pour l'actuelle opposition. Le président du groupe socialiste, Ahmed Zaidi, fait partie de ceux qui pensent que «la révision des listes électorales a toujours été un grand souci, depuis des années déjà et c'est la première fois que les comités administratifs des bureaux de vote seront présidés par des magistrats au lieu des présidents de communes». «Le débat sur la loi organique du Parlement sera d'un autre genre et verra une discussion élargie en son sein», promet-il. Même son de cloche auprès de Najib Boulif, membre de la commission des Finances et député du PJD, qui évoque «la rapidité avec laquelle les nouvelles dispositions constitutionnelles devront être exécutées» et le fait que «cette session extraordinaire a été décidée par le gouvernement pour préparer ce volet, avant la tenue de la session ordinaire le 14 octobre». Au niveau de la deuxième Chambre, les Conseillers ne veulent surtout pas constituer un goulot d'étranglement pour l'adoption des nouvelles lois proposées lors de cette session extraordinaire. «Le seuil des attentes du peuple marocain a été élevé, avec des nouvelles institutions qui vont forcément être différentes des précédentes», explique Abdelhakim Benchamasse, président du groupe du PAM. «L'essentiel est de contribuer à approfondir le changement dans la stabilité», insiste le chef de la principale formation de l'opposition au sein de la Chambre haute du Parlement marocain. Il faut enfin signaler que le projet de loi de Finances 2012 a de fortes chances d'être rajouté à l'ordre du jour de cette session extraordinaire, qui a également à son menu 3 projets sectoriels, concernant respectivement l'efficacité énergétique, la conservation foncière et le dahir de création de l'Office national de l'eau et de l'électricité.