Tsuneo Kurokawa : Ambassadeur du Japon au Maroc Le chef de la mission diplomatique japonaise au Maroc salue la dynamique du développement économique du royaume. Pour Tsuneo Kurokawa, l'ambition du Japon est d'intensifier sa coopération avec le Maroc au profit de nombreux secteurs en Afrique. Le diplomate vise également à faire du Maroc un hub pour les entreprises nippones intéressées par le continent. Les ECO : Commet le Japon peut-il contribuer au développement des relations entre le Maroc et l'Afrique ? Tsuneo Kurokawa : Notre ambition est de travailler davantage avec le Maroc au service de l'Afrique. Cette action vise à dépasser le cadre de la coopération entre les Etats. Nous visons à intensifier les investissements du secteur privé. Les entreprises du secteur privé japonais sont conscientes de l'intérêt de travailler avec le Maroc pour mieux accéder au marché africain. Pour nous, c'est une approche très efficace au bénéfice à la fois du Japon, mais aussi du Maroc et de l'Afrique. Dans quels secteurs l'investissement maroco-japonais peut-il être utile à l'Afrique ? Ces secteurs sont nombreux et divers. Le Japon est très actif dans l'industrie automobile et le câblage. Plusieurs entreprises japonaises ont déjà contribué à la création de plus de 25.000 emplois au Maroc, mais en dehors de l'automobile, les entreprises japonaises s'activent dans d'autres secteurs comme l'énergie. Nos sociétés contribuent aux projets de réalisations d'infrastructures énergétiques à Jorf Lasfar et Safi par exemple. Nous ambitionnons aussi de mieux participer au développement des énergies renouvelables. Les entreprises japonaises peuvent contribuer aux chantiers en cours à travers leur expertise et leurs technologies, en collaboration avec leurs partenaires marocaines. C'est notamment le cas à Ouarzazate où une société japonaise est impliquée pour la recherche et le développement de la nouvelle technologie de l'énergie solaire, notamment dans la perspective de la tenue de la COP 22. Globalement, comment jugez-vous le niveau de la coopération entre le Maroc et le Japon ? Je suis très content de l'évolution de notre coopération bilatérale. Le Maroc fait d'importants progrès vers le développement. Au niveau du Japon, le Maroc est vu comme un pays qui fournit des efforts considérables pour parachever son essor économique. Cela, d'autant plus que le pays ne dispose pas de ressources naturelles importantes comme le pétrole, le gaz, etc. Le point fort du Maroc, c'est que vous avez des ressources humaines de qualité. Près d'une centaine d'agents subsahariens viennent de bénéficier d'une formation dans l'électricité au Maroc, en partenariat avec le Japon. Êtes-vous satisfait de ce programme ? Le développement des infrastructures, y compris dans le secteur de l'électricité, est soutenu par les ressources humaines. Je crois que la formation dont ont bénéficié des agents subsahariens à l'Office national de l'eau potable et de l'électricité (ONEE), en partenariat avec l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) est une très bonne initiative. Le Maroc entretient des relations historiques et a beaucoup de points communs avec l'Afrique. Le Japon est très heureux de coopérer avec le Maroc pour contribuer au développement du continent africain, notamment dans des secteurs stratégiques. D'autres programmes sont-ils prévus ? Effectivement. Dans le cadre de la coopération tripartite, nous ciblons de nombreux autres secteurs en dehors de l'électricité. Par exemple, des programmes de partenariats sont prévus dans les domaines de l'eau, du développement portuaire et du réseau routier, mais aussi de la santé, la pêche maritime, etc. TICAD VI : de nouveaux financements attendus Selon une source gouvernementale japonaise citée par le quotidien nippon : «The Japan Times» dans son édition du 14 février, le pays du Soleil-Levant devrait octroyer de nouveaux financements à une soixantaine de projets en Afrique. L'annonce devrait être faite lors de la 6e Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (TICAD VI), qui se tiendra les 27 et 28 août à Nairobi, au Kenya. Ces financements, dont le montant n'a pas été révélé, seront essentiellement alloués à des projets d'infrastructures, notamment l'exploitation du gaz naturel au Mozambique, la mise en place d'un réseau de transport urbain à Nairobi ainsi que la distribution d'équipements de dépistage de maladies contagieuses en Zambie. Selon une étude publiée en mars 2015 par le cabinet d'avocats d'affaires international «Linklaters», le Japon a investi 3,5 milliards de dollars sur les 4,2 en provenance de pays asiatiques et consacrés à la construction de diverses infrastructures, ce qui en fait le premier investisseur asiatique dans des projets en Afrique, loin devant son concurrent chinois.