Alors que l'Europe ne jure que par la rigueur et la réduction des dépenses, Obama projette de relancer l'économie en y injectant 447 milliards de dollars. Plusieurs observateurs ont estimé que cette décision est dictée par l'approche des élections présidentielles aux Etats-Unis. Il y a en effet une sacrée différence entre un discours qui demande aux citoyens de se serrer la ceinture et un autre qui leur promet plus d'argent. En temps de crise, les politiciens sont réduits à être francs et impopulaires ou flatteurs et appréciés. Si la première attitude ne manque pas de courage et pourrait résoudre les problèmes économiques, la deuxième est certainement plus rentable électoralement. Les hommes politiques ont perdu de leur panache et ne brandissent plus la démission quand ils sentent leurs idées ou leur honneur mis en cause. Chevénement est probablement l'un des derniers de cette trempe. Il a démissionné trois fois de son poste de ministre : en 1983, en 1991 et en 2000. Nos hommes politiques ne risquent pas de suivre ce cas, extrême, il faut le reconnaître, parce qu'ils ne savent plus où se situent leurs idées et quelles sont réellement leurs convictions. C'est pourquoi les fausses promesses électorales ont la priorité sur les vrais projets. Ces promesses sont considérées comme un moyen légitime d'accéder au pouvoir. Il y a dans les promesses électorales un degré d'hyperbole qu'il ne faudrait jamais dépasser. Plus elles sont farfelues et proches des échéances électorales, plus elles prennent ceux à qui elles s'adressent pour des niais. Voilà une règle que notre gouvernement semble méconnaître. On assiste ces jours-ci à l'agitation de celui qui voudrait accomplir ses dernières tâches dans les dernières minutes. L'équipe au pouvoir a ainsi pris des décisions politiques des plus ardues, comme elle n'a jamais osé en prendre pendant des années passées au pouvoir. On vient d'apprendre que les poursuites judiciaires, tant attendues à l'encontre des mis en cause par les différents rapports de la Cour des Comptes, vont être finalement lancées. C'est une bonne nouvelle, qui perd néanmoins de sa crédibilité, du fait de sa proximité avec les prochaines élections. Enfin, notre gouvernement, qui a toujours défendu une politique libérale où l'encouragement de l'activité économique passait par la baisse de la fiscalité sur les sociétés, les diverses exonérations des secteurs prioritaires, l'encouragement de l'investissement privé, etc. se découvre subitement un élan social qu'on ne lui soupçonnait pas. Il voudrait taxer la fortune. Voilà une proposition dont le dessein démagogique ne fait aucun doute. L'idée est très judicieuse, mais elle nécessite un changement si radical dans la conception de la justice fiscale et une si longue préparation des mentalités qu'il aurait été plus respectueux de l'intelligence des citoyens de ne pas la proposer maintenant. Il est certainement trop tard pour ce gouvernement de lancer des projets. L'heure du bilan est par contre arrivée. On se demande comment un gouvernement aussi composite dans sa constitution pourrait défendre son bilan. Déjà, certains partis ont passé des alliances avec l'opposition. Ils pourront ainsi défendre et critiquer en même temps leur bilan. Comment font-ils pour concilier deux attitudes aussi contradictoires ? On ne sait pas, mais il est certain que nous sommes en face d'une misère de la politique, où la conquête du pouvoir est une finalité qui ne s'embarrasse pas des moyens. Nos élus sont capables de changer de bord, d'idéologie et de philosophie avec une simplicité déconcertante, pourvu qu'ils gardent leur siège. Cela ne semble nullement tourmenter leur conscience politique. Bien au contraire, certains se pavanent fièrement avec leurs nouveaux amis comme le ferait une belle femme avec sa nouvelle conquête pour faire enrager son ex. On se demande après pourquoi les gens n'ont plus envie de voter. L'équipe gouvernementale est arrivée à un tel état de désagrégation que les coups bas sont à peine dissimulés. Le ministre de la Jeunesse et des sports en a fait l'amère expérience cette semaine. Des voix vertueuses se sont élevées pour dénoncer son train de vie, jugé scandaleux. Cette indignation provient d'un journal porte-parole d'un parti au gouvernement et qui reproche au ministre de s'être offert une voiture de luxe, à un prix exorbitant. Certes, l'affaire n'est pas très défendable, mais connaissons-nous précisément le train de vie de notre gouvernement ? Il y a certainement dans l'opulence des ministres beaucoup de choses qui choqueraient les citoyens peinant à joindre les deux bouts du mois. Les critiques adressées au ministre auraient été plus crédibles si elles n'étaient pas si sélectives et si proches des élections. Nos politiques devraient savoir qu'un peu plus de sincérité augmenterait leur crédibilité et notre confiance en eux. «Respectez, s'il vous plaît, l'intelligence des Marocains, car ils ont beaucoup changé et vous donnez l'impression de ne pas vous en être aperçus».