L'OCDE tire la sonnette d'alarme: les risques d'instabilité financière sont considérables. «Les pouvoirs publics doivent renforcer leur action collective de toute urgence, en recourant davantage à la politique budgétaire et aux politiques structurelles propices à la croissance», somme l'organisation. À elle seule, la politique monétaire s'est révélée insuffisante pour stimuler la demande et engendrer une croissance satisfaisante. L'inquiétude est de retour sur le comportement de l'économie mondiale. Après un retour furtif à l'optimisme sur la tendance de la croissance mondiale, les puissances mondiales sont en train d'être rattrapées par les déséquilibres macroéconomiques chroniques, qui remettent en cause le retour à la prospérité. Les dernières Perspectives économiques intermédiaires de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sont sans équivoque sur la question. «L'obtention d'une forte croissance de l'économie mondiale reste hors de portée, compte tenu de la reprise modeste des économies avancées et du ralentissement de l'activité dans les économies de marché émergentes», indique l'organisation qui collabore étroitement avec le Maroc depuis la signature d'un programme de coopération de deux ans avec le gouvernement Benkirane en juin 2015. Aussi, selon les données du rapport, la croissance de l'économie mondiale ne sera probablement pas plus rapide en 2016 qu'en 2015, où elle avait atteint son plus bas niveau depuis cinq ans. «Les échanges et l'investissement sont faibles. L'atonie de la demande se traduit par une inflation basse et une progression inadéquate des salaires et de l'emploi», confirme l'organisation. Dégradation généralisée La dégradation des perspectives mondiales depuis les dernières Perspectives économiques de l'OCDE parues en novembre 2015 est généralisée, et concerne aussi bien les économies avancées que les grandes économies émergentes, les effets les plus marqués étant attendus aux Etats-Unis, dans la zone euro et dans les économies tributaires de leurs exportations de produits de base, comme le Brésil et le Canada. «Les risques d'instabilité financière sont considérables», ainsi que l'ont montré les récentes baisses des cours des actions et des obligations observées à l'échelle mondiale, et la vulnérabilité grandissante de certaines économies émergentes exposées à des flux de capitaux volatils et aux effets d'un endettement interne élevé. «Les perspectives qui se dessinent sont celles d'une croissance mondiale quasiment stationnaire, les données récentes ont été décevantes et les indicateurs laissent entrevoir un ralentissement de la croissance dans certaines grandes économies, malgré l'effet positif exercé sur l'activité par la faiblesse des cours du pétrole et des taux d'intérêt», a déclaré la Chef économiste de l'OCDE, Catherine L. Mann. «Compte tenu des risques à la baisse importants que représentent la volatilité du secteur financier et la dette des économies de marché émergentes, les pouvoirs publics doivent renforcer leur action collective de toute urgence, en recourant davantage à la politique budgétaire et aux politiques structurelles propices à la croissance, afin de dynamiser l'expansion économique et de réduire les risques financiers». Un «New Deal» mondial s'impose Aussi, l'OCDE appelle les pouvoirs publics à renforcer leur action, en modifiant le dosage des composantes de leurs politiques économiques afin de s'attaquer plus efficacement à l'atonie actuelle de la croissance. L'organisation souligne qu'à elle seule, la politique monétaire s'est révélée insuffisante pour stimuler la demande et engendrer une croissance satisfaisante, alors que l'orientation de la politique monétaire est restrictive dans plusieurs grandes économies et que le rythme des réformes structurelles s'est ralenti. Selon l'OCDE, les politiques monétaires devraient conserver une orientation très expansionniste dans les économies avancées, jusqu'à ce qu'il apparaisse clairement que l'inflation évolue durablement vers les objectifs officiels. Dans les économies de marché émergentes, les autorités monétaires devraient mener une politique de relance dans la mesure du possible, en tenant compte de l'évolution de l'inflation et des réactions des marchés de capitaux. D'après les Perspectives économiques intermédiaires, des mesures de politique budgétaire plus énergiques, conjuguées à une relance des réformes structurelles, s'imposent pour soutenir la croissance et instaurer un environnement plus favorable aux changements et aux innovations propices aux gains de productivité, en particulier en Europe. «L'accent devrait être mis sur les mesures qui ont des retombées positives importantes à court terme et contribuent également à la croissance à long terme. En s'attachant à accroître les investissements publics, les autorités stimuleraient la demande tout en contribuant à étayer l'expansion économique future», préconise l'économiste en chef de l'organisation.