Nommée à la tête d'une structure indépendante de contrôle du marché des capitaux, Hayat semble déterminée à remettre les pendules à l'heure. L'autorité s'attellera à restaurer la confiance des investisseurs, des institutionnels et des petits porteurs pour redynamiser le marché. La démutualisation de la Bourse de Casablanca semble traîner le pied, selon le sentiment de Boussaïd. C'est mercredi, en fin d'après-midi au ministère des Finances à Rabat, que la passation des pouvoirs entre Nezha Hayat et Hassan Bouknadel, ex-DG du CDVM, a eu lieu. Nommée par le souverain à la tête de la nouvelle Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) qui remplace le CDVM, Hayat, peu bavarde, compte bien se retrousser les manches pour mener à bien une réforme tant attendue. Née en 1963, elle a fait ses armes en Espagne avant d'intégrer la BNP en 1993. En 2007, Hayat fut la première femme marocaine à accéder au statut de membre du directoire en l'occurrence de la SGMB. Elle a aussi roulé sa bosse dans les sociétés de bourse, un secteur qu'elle connaît assez bien. Bref était son mot à l'issue de la cérémonie de passation des pouvoirs. Elle montre d'emblée la couleur, «je suis venue pour agir et non pour parler». Elle se contentera ensuite d'expliquer que l'ambition de l'AMMC est de permettre au marché des capitaux d'être en phase avec les meilleurs standards internationaux et de faire du Maroc un hub financier dans la région. «L'Autorité s'attellera à restaurer la confiance des investisseurs, des institutionnels et des petits porteurs pour redynamiser le marché des capitaux au Maroc», Conclura-t-elle. Efficience Les défis que Hayat sera amenée à relever, sont énormes puisque la nouvelle autorité est caractérisée par son indépendance. Une indépendance, comme l'a expliqué Mohamed Boussaïd, susceptible de donner plus d'efficience à la mission de contrôle du marché en harmonie avec les autres instances de contrôle, tels que BAM. Pour le ministre, la création d'une autorité n'est pas une fin en soi, mais un moyen, qui s'impose aujourd'hui, pour donner un vrai coup de fouet au secteur. À plus forte raison que le marché des capitaux n'a jamais été un long fleuve tranquille, bien au contraire. Or, le plus important, quand la crise pointe du nez, c'est que les acteurs continuent malgré tout de respecter les règles du jeu. En tout cas, Hayat aura toute la latitude de brandir des cartes jaunes, voire rouges s'il en faut. Boussaïd lui a exprimé la disposition de son département et du gouvernement à soutenir cette volonté de réforme. Plusieurs réformes l'attendent, y compris celle de la Bourse, lancée par le ministre qui n'a pas manqué de faire un clin d'œil au processus de démutualisation qui traîne le pied. Considérée comme l'inflexion majeure du marché en 2015, l'ouverture du capital de la Bourse des valeurs de Casablanca vise, avant tout sa modernisation pour une meilleure ouverture cette fois-ci sur le financement de l'économie. Entrée en vigueur, le 1er janvier 2016, cette démutualisation exauce un vœu depuis longtemps exprimé par les banques, les assurances et la CDG, qui font désormais partie du tour de table aux côtés des sociétés de bourse. Il ne faut pas se leurrer, le Maroc ne peut avoir une place financière d'envergure sans une bourse forte, liquide et moderne. Dans ce sens, Bouknadel a souligné : «La création de l'AMMC est une sage décision pour réaliser un pôle financier à rayonnement régional et mondial».