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Michel Tournier : L'Adieu au père de Vendredi
Publié dans Les ECO le 24 - 01 - 2016

Ce début d'année 2016 a vu nombre de grands noms des arts s'éteindre. Le 18 janvier, c'est la littérature qui a dû faire le deuil d'un des plus populaires écrivains français du vingtième siècle. Michel Tournier s'en est ainsi allé, à 91 ans, laissant derrière lui une myriade de lecteurs orphelins. Retour sur l'œuvre, ou plutôt les œuvres du père de Vendredi.
Michel Tournier avait une voix. La voix d'un homme âgé, grasseyante mais inflexible. Sans que le temps constitue pour lui un ennemi, ainsi que le définissait Baudelaire, il était cependant fatigué de vivre. Vivre une vie où sa mobilité était réduite semblait n'avoir pour lui aucun sens.
Une œuvre mythique
Si l'auteur a arrêté d'écrire durant les années 1990, il n'a, cependant, jamais arrêté de donner des conférences, çà et là, de s'exprimer sur son œuvre et ses passions. L'on connaît l'homme de lettres grâce à Vendredi ou les limbes du Pacifique (1967), roman dans lequel il réécrit le Robinson Crusoé de Daniel Defoe, ainsi que Vendredi ou la vie sauvage (1971), réécriture et pendant jeunesse du premier. Le thème de la civilisation, qui s'oppose à la nature, n'est pas sans rappeler le mythe du bon sauvage, selon lequel l'homme est naturellement bon, mais qu'il est perverti au contact de la civilisation.
Même si c'est dans les romans de Tournier que le personnage de Vendredi prend vie et corps, la «révolution» réside dans le fait que ce dernier va jusqu'à éclipser le personnage de Robinson. La réécriture est chère à Tournier : outre ce premier exemple, l'on peut citer Le roi des Aulnes (1970), dont le titre renvoie directement au célèbre poème de Goethe. La réécriture s'opère également à travers la convocation quasi systématique des mythes (Castor et Pollux dans Les Météores), à la fois universels et sacrés. Le sacré sous-tend l'œuvre tournérienne par le biais, également, de la mobilisation d'un référent biblique. Les Rois mages renvoient naturellement à Gaspar, Melchior et Balthazar, tandis que Le Roi des aulnes met en scène Abel Tiffauges, manière de Saint Christophe portant l'enfant Jésus. Eléazar ou la source et le buisson renvoie, lui, à Moïse et à l'Exode. Autrement, Gilles et Jeanne raconte Gilles de Rais, qui fut le compagnon de Jeanne d'Arc et monstre sanguinaire, figuration de l'Ogre.
Il est un des exemples de (la) perversion, qui est «la beauté du mal», selon l'homme de lettres, et un thème récurrent dans son œuvre. La perversion s'inscrit en opposition de la pureté qui, pour lui, relève du vice. Le mythe, que Tournier suppose «basé sur un fait divers», ponctuera une œuvre riche composée de romans, de recueils de contes et d'essai. Cette œuvre sera couronnée par le Grand prix de l'Académie française, obtenu en 1967 pour Vendredi ou les limbes du Pacifique, et par le Goncourt en 1970 Pour Le Roi des aulnes. Deux ans plus tard, il deviendra membre de l'Académie du même nom, de laquelle il démissionnera en 2010. Souvent pressenti pour le Prix Nobel, il ne l'obtiendra jamais. Qu'importe puisque, citant madame de Staël, «La gloire est le deuil éclatant du bonheur».
Photographe, aussi
Si l'on connaît principalement Michel Tournier pour son œuvre littéraire, celui-ci était animé par une autre passion : la photographie. En effet, dix années durant, il animera, mensuellement, une émission à la télévision devenue célèbre, «Chambre noire», et ce dès 1960. En 1969, il sera le co-fondateur des Rencontres internationales de la photographie d'Arles avec le photographe français Lucien Clergue et l'historien Maurice Rouquette. Ces rencontres verront l'exposition des travaux de photographes tels que Robert Doisneau (1975), Man Ray (1976), Henri Cartier-Bresson (1982) Andres Serrano ou encore Marc Riboud (1994), mais également la révélation de pléthore de talents. Figure parmi ces derniers la photographe Leila Alaoui, qui avait donné à voir ses travaux en 2011. Dans une interview accordée à Christophe Ono-dit-Biot, évoquant sa vie, Michel Tournier avait déclaré : «Finalement, la grande question [...] est : «Est-ce que j'ai eu de la chance ?». Une question à laquelle il finira par répondre par l'affirmative. Une longue et riche vie, à la fois «ici», dans la littérature, et ailleurs, en France -tout en ayant un pied en Allemagne-, résolument productive, et laissant à la postérité une œuvre unique, appréciée du vivant de l'homme de lettres.


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