La taxe spéciale sur le ciment pose également problème, selon l'Association marocaine de l'industrie du béton./DR Les industriels marocains du béton sont en colère. Est en cause la politique publique en vigueur pour ce secteur, qui prévoit entre autres l'exonération de la TVA appliquée à l'auto-construction. Pour l'Association marocaine de l'industrie du béton (AMIB), qui a organisé jeudi dernier une conférence à Casablanca, cette mesure «facilite l'évasion fiscale, fait régner l'informel et encourage la non transparence dans le secteur du bâtiment en général et des matériaux de construction en particulier». Quelque 60.000 logements par an sont concernés, selon l'association. L'exonération de la TVA a, selon l'AMIB, eu comme conséquence de priver le budget de l'Etat des recettes de la TVA et de l'IS «qui font majorer plus de deux fois le montant alloué au logement social». Cette mesure a ainsi eu pour «effets directs» de priver l'Etat de plus de 5 milliards de DH de recettes fiscales, d'encourager la non-qualité des produits en béton et de freiner l'investissement dans le secteur, estime l'association. «Situation illogique» La taxe spéciale sur le ciment pose également problème. Pour l'association, celle-ci est «contraire au principe de la neutralité fiscale, handicape l'industrie du béton en faveur d'autres industries et favorise l'importation de produits étrangers au détriment de la production nationale». «On est taxé parce qu'on utilise un produit national, c'est une situation illogique», a estimé Azzedine Abaakil, président de l'AMIB. Pour Mehdi Mâachi Haddou, vice-président de l'AMIB, «cela favorise des groupes qui font de la fraude et ce n'est pas en travaillant au noir qu'on va attirer des investissements». Pour y remédier, l'AMIB propose d'établir un autre mécanisme de récupération de la taxe spéciale sur le ciment par les industriels et d'instituer un contrôle de l'exonération de la TVA sur l'auto-construction. Et d'ajouter : «La prise de ces deux mesures aura pour conséquence de relancer l'essor du secteur qui deviendra ainsi attractif pour les capitaux, ce qui lui permettra d'atteindre le niveau de développement qu'ont atteint les industriels dans les autres pays comparables au Maroc».