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«Le marché de la production est en récession, en général»
Publié dans Les ECO le 29 - 03 - 2013


Ilan Ngûyen
journaliste et historien du cinéma d'animation
Un festival rime forcément avec rencontres. Cette fois-ci, la magie et le monde fantastique de la bande dessinée ont permis un aparté haut en couleurs et en rêverie avec un spécialiste du cinéma d'animation japonais : Ilan Nguyen. Le journaliste et historien doté d'une maîtrise de la langue et de la civilisation japonaises (INALCO),, s'est intéressé à l'endroit où le manga est une véritable culture, là où tout a commencé....
Les ECO : Depuis la fin des années 50, la production japonaise est l'une des plus riches au monde en longs métrages animés. À quel point ce phénomène est-il paradoxal ?
Ilan Nguyen : Il s'agit en effet d'une catégorie paradoxale puisqu'il est à la fois la principale perception du grand public et le rapport aux coûts de production, qui induit une distance spécifique entre courts et longs métrages animés. Historiquement, il existe de la production de long métrage dérivée de celle télévisée. Dès les années 60, apparaissent des remontages pour les séries télévisées ou alors des productions de longs métrages originaux plongées dans l'univers de la bande dessinée, comme le cas des Simpsons par exemple. Il y a donc des séries à succès, qui font naître des long métrages, parfois plusieurs basés sur le même univers et avec les mêmes personnages. Donc là, la bande dessinée est première, elle génère des productions télévisées ou de longs métrages. Vous avez tous les cas de figure. Des bandes dessinées adaptées à la télévision et ensuite au cinéma, ou alors directement adaptées au cinéma.
Le Boom des mangas n'est venu que bien plus tard pourtant...
La vague de succès des Mangas s'avère être le contrecoup d'un retard en fait. Si vous regardez l'histoire de la bande dessinée publiée en français ou en anglais, pendant longtemps, jusque dans les années 80, on a souvent ignoré un continent qui, quantitativement, est l'un des premiers créateurs de bandes dessinées dans le monde. On avait une vue déséquilibrée et parcellaire. Tout ceci n'est qu'un retour de balancier qui s'est opéré. De ce qui s'est produit ou de ce qui continue à se produire aujourd'hui, on ne connaît que 10 voire 20% de ce qui existe au Japon. On a une vision du côté émergé de l'iceberg, et reste inconnue encore ce qu'est la bande dessinée là-bas !
Justement, comment définissez-vous la culture de la bande dessinée au Japon ?
C'est d'abord le principe du récit long, en feuilleton, qui paraît de manière segmentée. Ce type de modalité de parution positionne le type de récit mis en place. Un autre aspect de cette évolution historique, les Japonais ont mis en place une forme de revue hebdomadaire qui est une forme dominante et très porteuse en termes de tirages, celle-ci a évolué dans un même groupe éditorial selon un principe d'escalier. Avec la montée en âge, on a mis en place de nouveaux titres s'adressant à ce type de cible là. Il y a donc eut une évolution naturelle de la production périodique, de manière corrélée au public. Il y a des bandes dessinées qui sont spécialement destinées aux soixantenaires par exemple. Les gens qui ont 50-60 ans peuvent constituer un public pour les bandes -dessinées. Ils ne sont pas exclus. Alors que ce qui s'est passé du côté des franco-belges, c'est qu'il y a eu une sorte de rébellion à la fin des années 60 avec «la BD de papa» qui niait le côté enfantin, a intégré des notions interdites à l'enfant, qui créaient une sorte de clivage. Les Japonais, avec le principe d'escaliers, ne sont pas du tout dans ce dualisme-là. Ce qui crée une diversité plus grande, ils ont une manière de segmenter les lecteurs selon le sexe, l'âge, les catégories professionnelles et vous avez toutes sortes de critères que vous pouvez croiser. Au Japon, vous pouvez imaginer une BD qui soit fantastique, d'horreur, érotique, s'adressant à un public féminin. Vous avez des sous-catégories qui créent un problème aujourd'hui, qui est celui de la perception de la bande dessinée, et du quadrillage, d'un point de vue individuel, de l'ensemble de l'offre. Le territoire est immense, il part dans toutes sortes de directions, couvrent tous genres, publics, tranches d'âge et donc vous ne pouvez pas exprimer une idée préconçue ou une vérité générale qui pourrait rendre compte de tout cela d'une traite. Vous êtes obligés d'aller au cas par cas et dans le détail. Chaque titre nécessite qu'on se concentre sur lui pour voir ses forces et ses faiblesses.
Cette diversité est sans doute une des clés du succès de la bande dessinée japonaise. Quelles en sont les clés à votre avis ?
Il y a plusieurs choses, mais un exemple simple est la cible des femmes. Pendant longtemps, la bande dessinée belge s'est adressée à une partie de l'humanité puisque les bandes dessinées n'étaient pas destinées aux filles, elles ne leur parlaient pas, n'avaient rien à leur dire. La bande dessinée japonaise n'a jamais considéré que c'était le cas et du coup, dès sa traduction, elle touche un lectorat féminin. Elle traite de thématiques auquel le public féminin est sensible. De plus, elles s'adressent également au public adolescent, entre le public enfantin et les adultes qui rejettent l'enfance, il y a une décennie qui n'est pas exploitée. L'enfant a un moment donné est censé se débarrasser de ses bandes dessinées comme de ses jouets. Les japonais n'ont pas considéré les choses de la sorte et ils ont mis en place un graphisme, un modèle de récit qui s'adresse spécifiquement à ce public-là. Il y a également un impact dramatique évident où le lecteur est tout de suite plongé dans la fonction, c'est immersif. C'est un stéréotype mais cela fonctionne.
Ce modèle connaît encore du succès à l'heure de la numérisation ou les mangas sont aussi en crise ?
Cette production va mieux que d'autres productions nationales. Le marché de la production est en récession, en général, c'est ce qui se dit, mais il faut savoir que c'est le deuxième marché de l'édition au monde, en volume. Il y au moins un zéro d'écart, en termes de production économique, avec la France. Cela n'a rien à voir. Les revues se vendent à des millions d'exemplaires, le quotidien qui se vend le plus au Japon, à plus de 10 millions d'exemplaires par jour, n'a rien à voir avec les 300.000 exemplaires du journal «Le Monde». Ces différences d'échelles font que, même si on nous dit que cela va mal, ça va quand même mieux que chez nous...


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