Les mangas, ces sulfureuses poupées japonaises qui peuplent les B.D. et les films d'animation, font l'objet d'un véritable culte de la part d'adeptes très nombreux. La Fondation Cartier à Paris leur consacre une exposition qui dure jusqu'au 27 octobre. Sait-on ce que c'est que les mangas ? C'est la création japonaise contemporaine la plus agressive, celle qui a pourfendu les marchés occidentaux et fait des adeptes invétérés aussi bien au Japon qu'en Occident. Les mangas sont des créatures sorties de l'imagination de dessinateurs japonais. Ils font référence à l'imagerie enfantine en livrant des espèces de Lolita, très sexy, dans les bandes dessinées, les films d'animation et les jeux vidéos. Le monde des mangas est complètement virtuel. Ce qui n'empêche pas ses adeptes d'être fort nombreux. On les voit assemblés dans les rayonnages des B.D. de la FNAC ou autre grande surface. Il ne faudrait pas croire qu'il s'agit d'enfants. Les plus fanatiques consommateurs de mangas sont adultes. Les B.D. pornographiques livrant à leur appétit ces créatures juvéniles comptent parmi les best-sellers du genre. La Fondation Cartier, l'une des plus importantes en matière d'art contemporain, s'intéresse à ces personnages. Elle expose dans ses locaux à Paris des mangas conçus par Takashi Murakami, considéré comme l'un des chefs de file du «néopop» japonais. Né en 1962 à Tokyo, Takashi Murakami est le créateur de personnages fétiches: Kiki et Kaikai, et surtout, «Mr. Dob». Créé en 1993, cette espèce de souris à l'air naïf, capable de se transformer en monstre au regard psychédélique, connaît au Japon un véritable succès populaire et se décline aujourd'hui en peluches, t-shirts ou porte-clés. En ouvrant ses portes à cette exposition, la Fondation Cartier montre qu'elle est à l'écoute des transformations dans les habitudes de consommation, et que l'art, sans être de masse, et sans dénoncer, souligne les déclics dans le temps.