BMW M6 Gran Coupé. Désormais déclinée en version M, la Série 6 Gran Coupé mélange la sportivité d'un coupé à la polyvalence d'une berline. Le tout, propulsé par un V8 puissant et pointu. Récit d'une épreuve de conduite inoubliable au volant d'une énième interprétation de la «force tranquille». Aborder la plus sportive des bavaroises à quatre places revient à se poser une question : est-ce un coupé M6 qui a gagné deux portes ou le Gran Coupé encanaillé et passé à la sauce M ? La réponse combine les deux options et constitue assurément une jolie pierre jetée dans la cour du concurrent direct (Mercedes AMG). Cela, même si du côté de BMW on s'intéresse surtout à la croissance commerciale de ce département sportif. Selon Friedrich Nitschke, le patron de cette dernière, 26.872 BMW frappées du sceau M ont été vendues dans le monde l'an dernier, soit une hausse de 40,6% par rapport à 2011. Un engouement qui devrait se poursuivre en 2013, avec l'élargissement de la gamme Motorsport, désormais coiffée par la M6 Gran Coupé. Un vaisseau amiral qui devrait toucher une nouvelle cible de clientèle et en particulier ceux qui trouvent une M5 pas assez «noble». Noble sportivité... C'est d'ailleurs avec ce vocable que l'un des responsables a qualifié ce coupé à quatre portes lors de sa présentation aux journalistes conviés à Munich pour l'essayer, en parlant d'une «sportivité noble». Dans le même sillage du discours marketing, on nous rappelle que la M6 Gran Coupé a décroché une belle distinction internationale, en l'occurrence un «Red Dot Design Award». À voir la ligne à la fois racée, élancée et épurée de l'engin, on comprend bien pourquoi. Mais ce qu'il faut surtout comprendre, c'est qu'au-delà de son look, ce bolide respecte à la lettre les impératifs du design industriel qu'imposent son potentiel sportif et son rendement aérodynamique. L'écoulement de l'air sous le véhicule, la géométrie du châssis, la ventilation du bloc moteur (via des volets sur le bouclier et la calandre) ou encore, la répartition optimale des masses sont autant de paramètres techniques ayant été pris en compte lors de la conception du véhicule. Pour le reste, les amateurs apprécieront les quelques artifices sportifs qui distinguent cette M6, comme le toit en fibres de carbone, les quatre sorties d'échappement et les jantes spécifiques de 20''. Un cocon pour Pdg jeune et pressé Difficile de rester de marbre lorsqu'on prend place à bord du Gran Coupé M6, surtout à la place du conducteur. L'ambiance M est au rendez-vous, avec outre le rappel de cette (noble) lettre sur les seuils de portes, l'instrumentation, les dossiers de la sellerie en cuir, le pommeau du levier de vitesses, ainsi que le volant qui reçoit l'habituelle couture à couleurs contrastées (bleu et rouge) et typique aux modèles M. Mais encore ? On apprécie aussi l'habillage du ciel de toit en Alcantara, les pédaliers ajourés en aluminium et le dessin enveloppants des sièges. L'accès à l'arrière n'implique pas tant de contorsions et ne présente pas risque de se cogner la tête. Cela, d'autant plus que le vitrage latéral est dépourvu d'encadrement. Et si les deux places arrière versent confortablement dans le cocooning (assise basse, commandes de climatisation, sièges chauffants...), c'est à l'avant qu'il y a le plus d'opulence et de gadgets de confort. Surtout à la place du conducteur qui, outre une pléthore de sophistications (affichage tête haute, système de vision nocturne, caméras de recul et d'intersection...), reste une belle invitation à l'évasion. Un V8 peu mélodieux, mais valeureux Atteindre des puissances élevées grâce à de gros moteurs à 10 ou 12 cylindres, voilà un credo qui n'est plus en odeur de sainteté chez BMW. La M6 Gran Coupé reprend donc et à son compte le V8 4,4 litres TwinPower Turbo qui anime la M5 et qui délivre 560 ch de puissance et 680 Nm de couple. Sans plus tarder, une pression sur le bouton du démarrage s'impose. La prise en main est immédiate et nous laisse découvrir la discrétion de ce V8, mais aussi l'agilité de l'auto. À ce titre, on précisera que celle-ci affiche le même poids que la M5... à 5 kilos près, soit 1.950 kg. Un embonpoint que gomme la cavalerie dans une rapidité et une quiétude absolues. Le 0 à 100 km/h s'exécutant en tout juste 4,2 secondes, il n'est pas surprenant de voir l'aiguille du compteur virevolter à 150 ou 180 km/h, alors qu'elle peut atteindre 250 km/h, voire 305, si l'on lève la bride via un stage de pilotage (option). Déraisonnable, même si ici, en Allemagne, certains tronçons de l'«Autobahn» (autoroute) n'affichent aucune limitation. À cela nous avons préféré une conduite coulée à travers les paysages verdoyants des petites routes de Bavière. L'occasion de gouter au plaisir de conduite qu'offre ce coupé des temps modernes et pour lequel il faudra débourser environ un million et demi de dirham en le commandant auprès de l'importateur de BMW (Smeia).