Coup d'envoi, ce vendredi 24 mai de la douzième édition du Festival Mawazine, Rythmes du monde à Rabat. Un rendez-vous mondial avec de grandes stars de la musique et de la chanson. La programmation en propose pour tous les goûts. Où donner de la tête lorsqu'il y a le choix entre plusieurs scènes, plusieurs artistes et plusieurs genres musicaux en même temps ? Mélomanes, passionnés et curieux s'apprêtent à se creuser les méninges pendant 9 jours afin de choisir parmi les différentes scènes proposées du 24 mai au 1er juin. Pour les amateurs de musique pop, la programmation sera de taille à l'OLM Souissi, même si elle est tout de même moins diversifié que les années précédentes. Le public aura l'occasion d'écouter la pop star Rihanna en ouverture et qui commence sa tournée européenne «Diamonds» à Rabat mais également Jessie J et son fameux «Price tag», Mika pour une deuxième fois, The Jacksons qui ne sont plus que 4, Deep Purple, David Guetta, Sexion d'Assaut, Loreen, Enrique Iglesias, et Taio Cruz. Maroc Culture avait annoncé le phénomène PSY en ouverture mais il aurait annulé à la dernière minute pour laisser la clôture du Festival au talentueux CeeLo Green. D'ailleurs, l'artiste américain aux 5 Grammy awards, connu pour avoir été coach à «The Voice USA» et surtout derrière la chanson «Crazy» qui a fait des ravages partout dans le monde, remplace une première partie d'artiste. Etonnant qu'un musicien de son calibre fasse la première partie de Taio cruz, médiatisé certes, mais tout de même débutant. Autant de questionnements qui demeurent sans réponse comme cette question récurrente de la qualité de la programmation de cette année. Certes, on a misé sur des «stars», des «people», des «phénomènes» mais où est la musique dans tout cela, se demanderaient les nostalgiques de Stevie Wonder, Sting, Santana ou encore Whitney Houston, invités des éditions précédentes? L'âme du festival ne serait-elle pas dédiée à la diversité dans la programmation pour que tous les âges, tous les genres et toutes les époques se retrouvent ? Dans tous les cas, les puristes seront heureux de retrouver une programmation de qualité au Théâtre Mohamed V avec notamment le grand George Benson qui retrouve l'Orchestre symphonique royal pour un hommage à Nat King Cole, des voix suaves et envoûtantes grâce à Sara Tavares , Toto La Momposina, Ana Moura , Sandra Nkake Lotfi Bouchnak et Abdelwahab Doukkali ou encore des spectacles tout en émotion avec El Gusto et Bond Girls. La salle voisine du Théâtre, la Renaissance, propose une musique du Maghreb avec Abdelwahed Tetwani et Abdesslam Sefiani, mais aussi Fattah Ngadi, Laila Lamrini ou encore Haj Youness. Les amateurs des chaînes libanaises et égyptiennes à camperont, eux, à Hay Nahda, scène investie par les artistes du Maghreb et du Moyen-Orient. Le chanteur et acteur libanais Walid Toufik ouvre le bal, suivi de Cheb Mami qui revient de loin , de Sherine Abdel Wahab et de Assi El Hellani, artistes qui ont marqué les esprits dans l'édition de «The Voice Arab», Mohamed Mounir, Tamer Hosny qui revient puisqu'il aime le festival, Ahlam dont la voix se fait entendre à «Arab Idol» et la grande Najwa Karam. Oui, où donner de la tête lorsque des sonorités d'Afrique se feront entendre de l'autre côté du lac, sur la scène du Bouregreg? En provenance du Nigéria, de Cuba, du Mali ou d'Algérie, des groupes colorés feront danser et rêver; des Tambours de Brazza du Congo au blues désertique du groupe Tinariwen , du grand Seun Kuti qui fera revivre l'héritage de son père Fela Kuti à la formation Ondatropica, réunis autour du répertoire colombien, en passant par Jupiter & Okwess, mené par l'artiste congolais Jupiter Bokondji, surnommé «le prophète de la soul kinoise», le jazzman Hugh Masekela, Gnawa Diffusion qui font un retour fracassant, le duo malien Amadou & Mariam et Blitz the Ambassador, qui lui clôturera le festival sur cette scène. C'est dire si la scène africaine, cette année, est mise à l'honneur, plus qualitative et diversifiée que sa consoeur de l'OLM Souissi. Ceux qui préfèrent la musique marocaine auront l'embarras du choix, le moderne et se mêlant au traditionnel sur la scène de Salé. Des rythmes gnaoui aux rythmes ghiwani, seront présentés par trois groupes mythiques des années 70 : le groupe Siham, Jil Ghiwane Jalal et la formation slaoui Ghiwane Salwan. Le chaâbi sera porté par Najaat Aâtabou, Hajib et Rachid Lamrini. La fusion, le mélange des genres, prendra le relai avec un concert des multi-instrumentistes, auteurs et compositeurs Jbara et Majid Bekkas, le maâlem gnaoua Hamid El Kasri, le rappeur Don Bigg et Saïd Mosker. Mawazine c'est aussi de l'animation urbaine, via des prestations des groupes marocains de breakdance Halla KingZoo, double champion d'Afrique de la discipline ou Overboys, groupe de percussion, la Compagnie de Théâtre nomade, dont le spectacle «Cigognes» met en scène des marionnettes géantes aux couleurs du Maroc, le Collectif Eclats de lune pour la parade itinérante et évolutive «Azalai», la troupe de musique Dudu Tucci & Brasil Power Drums, la Fanfare P4 spécialisé dans la musique tzigane électrique, Fanfaraï, la fanfare la plus atypique du Maghreb, et Tapha N'Diaye Rose du Sénégal. La scène de Chellah, elle, offre un ticket pour l'Asie et l'Europe. La scène se veut une carte postale des pays traversés par la Route de la soie, et un jeu de miroirs monumentaux renverront aux spectateurs les motifs de soieries mêlées aux tapis du sol. Finalement, Mawazine sera l'occasion pour les festivaliers de se rapprocher au nom de l'amour de la musique. Espérons que tout se passera bien et s'il est vrai que la musique frappe des fois de plein fouet, le prophète du reggae avait bien précisé que cela se fait «sans aucune douleur».