Le patron du groupe marocain fait partie de ceux qui ont été retenus pour proposer des réponses aux questions que suscite le marché bancaire africain. C'était à l'occasion du New York Forum Africa, qui s'est tenu du 14 au 16 juin. «Ce type de forum est essentiel et entre en droite ligne du forum «Afrique développement» organisé l'année dernière à Casablanca au Maroc». Ainsi s'exprimait Mohamed El Kettani, le vendredi 14 juin dernier à Libreville (Gabon) à l'occasion du New York Forum Africa, une plateforme d'échanges sur les opportunités d'affaires entre le nord et le sud, organisée par l'homme d'affaires franco-marocain Richard Attias. Le président-directeur général du groupe Attijariwafa bank a fait ce jour-là une intervention sur l'environnement du système bancaire africain pour partager l'expérience d'Attijariwafa bank en Afrique. De son récit, l'on retient qu'avec déjà 2.400 agences opérationnelles au Maroc et environ 30% de parts de marchés, cette banque avait jugé le moment opportun pour s'attaquer aux marchés extérieurs, et à ce jour elle compte déjà 12 filiales sur le continent. Parmi elles, il y a la Société commerciale de banque au Cameroun, qui occupe actuellement la quatrième place parmi les 13 banques du pays. Au cours de cette intervention, Mohamed El Kettani a indiqué que le groupe Attijariwafa bank comptait bien continuer à ouvrir des filiales sur le continent. L'intervention du PDG d'Attijariwafa bank s'inscrivait dans le sous-thème 2 du forum intitulé «Les investissements», et plus précisément dans le chapitre consacré à l'environnement du système bancaire africain. À cet effet, il a pris la parole aux côtés d'Henri Claude Oyima, le PDG de BGFI, la banque gabonaise qui occupe le premier rang en Afrique centrale, selon le magazine panafricain Jeune Afrique. «Il y a deux facteurs positifs majeurs pour les banques en Afrique», croient savoir les organisateurs du New York Forum Africa, dans un des documents de l'événement. Ils citent d'une part le nombre de personnes qui n'ont pas de compte en banque à travers le continent : «seulement un quart des adultes en Afrique subsaharienne ont un compte en banque et seulement 3% ont une carte de crédit». D'autre part, ils évoquent «la diffusion rapide de la technologie qui permet aux banques de s'affranchir des institutions obsolètes et des systèmes trop bureaucratiques.», et pourtant la lenteur des retours sur investissements a souvent été une source d'inquiétudes pour les investisseurs du secteur bancaire. D'où les questions auxquelles les deux opérateurs économiques étaient appelés à répondre : «Quelle est la meilleure stratégie pour ceux qui mettent en place des banques régionales ? Maintiendront-elles leur indépendance ou les banques internationales verront en elles un moyen d'atteindre le marché africain ?» Outre le PDG d'Attijariwafa bank, beaucoup d'autres chefs d'entreprise marocains ont pris part à ce forum. Parmi eux, l'on a par exemple reconnu Anas Sefrioui, le patron du groupe Addoha, accompagné de ses principaux collaborateurs. Cette deuxième édition du New York Forum Africa, qui a accueilli plus de 1.500 personnes venant des cinq continents, se tenait en même temps que le sommet des chefs d'Etats de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale). Elle a donc été marquée par les discours de cinq des six présidents que compte cette communauté, qui regroupe le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Seul le président camerounais Paul Biya, absent à ce sommet, n'a pas pris la parole. L'autre particularité de cette édition est qu'elle a accueilli des dirigeants de PME et de jeunes entrepreneurs, «deux communautés de premier plan», expliquent les organisateurs. Par ailleurs, il y a été aussi question de la nouvelle économie des TIC, des technologies vertes et des nouveaux médias. Des thèmes absents de la première édition qui s'était déroulée en juin 2012, toujours à Libreville. Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Engagement impératif Que ce soit un simple hasard de calendrier ou une volonté des organisateurs respectifs, le New York Forum Africa de Libreville s'est tenu en même temps que la 102e conférence internationale du travail, qui a eu lieu à Genève en Suisse. Néanmoins, de part et d'autre, le même constat a été fait. C'est la situation professionnelle préoccupante des jeunes dans le monde aujourd'hui. À Genève, l'accent a été mis sur le diagnostic. Lequel révèle que «les jeunes représentent 43,7% du nombre total de personnes sans emploi dans le monde alors qu'ils ne constituent que 25% de la population active.» Pire encore, l'on a relevé que «3 personnes sur 5 chômeurs sont des jeunes et qu'en moyenne, 72% de la population de jeunes vivent avec moins de 2 dollars par jour.» À Libreville, les participants ont insisté sur le cas particulier du continent africain où jusqu'à 150 millions de jeunes gens sont sans emploi...Aussi effarantes qu'elles soient, ces statistiques ne sauraient être perçues comme une fatalité. Bien au contraire. Ces chiffres sonnent comme une interpellation et doivent plutôt déclencher un engagement impératif de la part des dirigeants et des décideurs africains d'aujourd'hui et de demain. Engagement de mettre au centre de leurs actions et de leurs programmes la condition des jeunes qui, un peu partout sur le continent, représentent l'essentiel de la population et, on ne le dira jamais assez : «ils sont le fer de lance des nations». C'est dire si ces nations, aujourd'hui tournées toutes vers l'émergence à court ou moyen termes, ne doivent plus hésiter devant l'obligation de réviser leurs stratégies pour inverser la tendance et apporter une amélioration décisive et constante aux offres professionnelles en faveur de ces jeunes, qui ont de l'énergie et du savoir-faire à revendre. Le forum de Libreville qui a réuni plusieurs centaines de décideurs politiques et économiques de premier rang d'Afrique et d'ailleurs est donc tombé à pic !