Descendre en gamme, avec du raffinement et des arguments, mais en évitant toute fausse note. Telle est la philosophie opérée par Maserati avec la Ghibli, qui vise la clientèle supérieure du segment des routières premium. Première prise en main. Voici le modèle avec lequel Maserati entend bien faire décoller ses ventes mondiales, en attendant l'arrivée de son futur 4x4, le Levante. Son nom, Ghibli, désignait jusqu'en 1998 un coupé descendant d'une grande lignée. Aujourd'hui, il est ressuscité pour désigner l'ultime nouveauté de la marque au Trident. Une berline opérant dans le segment des grandes routières premium, véritable chasse gardée des marques germaniques. À ce niveau bien précis, il incombe de dire que la Ghibli, non seulement se positionne un cran au-dessus de la mêlée des Série 5, Audi A6 ou Mercedes Classe E (et plutôt du côté des A7 et CLS), mais surtout qu'elle s'est largement donnée les moyens pour séduire une clientèle plus «distinguée». Nouveaux riches s'abstenir ! Trident jusqu'aux dents Opérant juste en dessous de la Quattroporte, dont elle s'inspire nettement sur le plan du design, la Ghibli s'inscrit dans la veine des coupés-berlines, arborant une ligne profilée et des portes dépourvues d'encadrement. Difficile de ne pas craquer face au physique de cette italienne, qui derrière son faciès fronçant et caractériel laisse s'esquisser un appréciable tour de hanche. Vue de profil sa chute de rein est tout simplement exquise, déboulant vers une poupe courte et ramassée, mais qui n'empêche pas un grand coffre (500 litres). Comme chez Audi, BMW ou Jaguar, la structure recourt à une construction en aluminium, intelligente et partielle (capot, portes...). Objectif : réduire le poids et le répartir selon le schéma (très «munichois») de 50/50 entre les deux essieux (avant/arrière). Sur papier, comme dans la réalité, la Ghibli rend près d'une trentaine de centimètres à sa grande sœur, histoire de contenir sa longueur totale sous la barre des 5 mètres. Cette envie de «compacité» n'a qu'une seule et noble intention : briller d'agilité et de dynamisme sur la route. Un bijou mécanique Chose que nous avons pu jauger et apprécier par nous-mêmes, sur les routes italiennes dans les environs de Sienne (Toscane). L'occasion de tester les trois motorisations qui animeront la Ghibli à son lancement à savoir le V6 essence dans ses deux puissances : 330 ch (500 Nm) et 410 ch (550 Nm), ainsi que le très coupleux 3.0 litres V6 diesel de 275 ch (600 Nm). Ce dernier, offre tout simplement le meilleur rendement de sa catégorie, avec en prime une sonorité retravaillée pour flatter l'égo et les tympans du conducteur. La version Q4 nous a littéralement bluffé par son comportement et ses accélérations de premier ordre, dont le 0 à 100 km/h en 4,8 sec. Concocté en association avec le meilleur équipementier en la matière, à savoir Brembo, le freinage s'avère aussi progressif qu'efficace, pouvant littéralement stopper une Ghibli lancée à 100 km/h en 36 mètres ! Pour le reste, toutes les Ghiblis que nous avons testées ce jour-là sont restées littéralement scotchées à la route, faisant preuve d'une motricité et d'une adhérence à toute épreuve. Ça vole très haut Un parcours, laissant votre humble serviteur installé dans un cockpit que rien ne perturbe et avec à chaque fois ce plaisir incommensurable de jouer des palettes de la boîte (à 8 vitesses) situées derrière le volant. À bord, matériaux et finition de haut vol nous interdisent toute critique. Petit clin d'œil à Porsche, le bouton de démarrage est placé à gauche du volant. Ici, le cuir pleine fleur des sièges (de série) côtoie les inserts en alu' anodisés et les placages en bois précieux de la console. Celle-ci se présente de façon épurée, grâce à un large écran tactile regroupant la quasi-totalité des fonctions et sophistications de confort, dont une caméra de recul. Enfin, une installation audio de pointe signée par le spécialiste Bowers & Wilkins (10 HP et ampli de 600 watt) parachève ce tableau idyllique. À coup sûr, la Ghibli fera de l'ombre à bien des berlines comme l'Audi A7 et la Mercedes CLS, surtout qu'en Europe, elle débute aux alentours de 66.500 euros. Au Maroc où elle est attendue vers la fin 2013, la Ghibli devrait se situer autour des 800.000 DH, ce qui en ferait une alternative de choix pour contourner les grandes routières allemandes. En attendant, cette italienne à la fois bourgeoise et sportive, vient nous rappeler –à notre grand désespoir–, que nous autres journalistes automobile spécialisés exerçons tout simplement l'un des métiers les plus frustrants au monde.