Hamidou Benmassoud Comédien Du charisme, une bonne tête d'acteur comme on n'en fait plus et un jeu d'une justesse incroyable, c'est ce qui caractérisait Hamidou Benmassoud, dit Amidou, décédé jeudi dernier, des suites d'une longue maladie. Claude Lelouch en avait fait son acteur fétiche et l'international se l'arrachait. Retour sur une carrière riche en qualité et en longévité... Sa dépouille a été rapatriée à Rabat ce dimanche face à un parterre d'artistes qui était là pour lui rendre un dernier hommage. Rabat où il est né le 2 août 1935 et qu'il a quitté pour devenir le premier acteur marocain à obtenir un prix d'interprétation au Conservatoire national d'art dramatique, et à faire ses premiers pas au théâtre, avec Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, dans «Les paravents» de Jean Genet, en 1968. De plus, il a été un des acteurs fétiches de Claude Lelouch, tournant plus de dix films avec lui, dont le premier long-métrage du cinéaste : «Le propre de l'homme» (1960). Il a joué aussi dans «Un homme et une femme», «Vivre pour vivre», «Le voyou», «La belle histoire» ou encore «And now... Ladies and gentlemen». Il a travaillé avec de nombreux réalisateurs français de renom, dont Georges Lautner (La valise), Philippe de Broca (La poudre d'escampette) ou Alexandre Arcady (Le grand pardon 2, L'union sacrée...). Au total, une quarantaine de films au compteur. Le dernier ? «Les cinq doigts de la main» (2010) d'Alexandre Arcady. Toutefois, la France ne lui suffit plus et l'appel de l'international se fait entendre. Malgré des seconds rôles, l'acteur est le premier marocain à jouer dans des productions américaines. On retient des films avec William Friedkin (Le convoi de la peur, L'enfer du devoir), Otto Preminger (Rosebud), John Huston (À nous la victoire), John Frankenheimer (Ronin),ou encore Tony Scott (Spy game, jeu d'espions). À la télévision également, il se distingue avec des rôles comme dans «L'inspecteur Leclerc enquête : Les Blousons gris» de Marcel Bluwal et Catherine de Marion Sarraut, Amour et chocolat (Hot chocolate) de Josée Dayan, «Joséphine Ange gardien : Romain et Jamila» de Farid Dahoud, «Ali Baba et les 40 voleurs» de Pierre Aknine et jusqu'à l'année dernière dans «Aïcha» de Yamina Benguigui où il joue le père. Acteur complet à la comédie dans le sang, il reçoit de nombreuses récompenses à l'image du prix d'interprétation masculine au Festival international du film du Caire pour le film «Poursuite», en 2004 et du prix d'interprétation masculine au festival du court-métrage méditerranéen de Tanger, en 2004. Toutefois, c'est en 2005 qu'il se voit remettre un trophée en hommage à sa belle carrière de la part de Martin Scorsese en personne lors de la cérémonie d'ouverture du Festival international du film de Marrakech. Un grand moment qui avait beaucoup ému l'acteur. Amidou, qui avait la double nationalité française et marocaine, était le père de la comédienne Souad Amidou, distinguée chevalier d'honneur, laquelle a suivi le chemin de son père tantôt à la télévision et tantôt au cinéma avec des films comme «Le nombril du monde» d'Ariel Zeitoun, «Tom est tout seul», «Et si l'on vivait ensemble», «Le plus beau métier du monde» de Gérard Lauzier, «And now... Ladies and Gentlemen» de Claude Lelouch , «3 zéros» de Fabien Onteniente, «Munich», «Adieu mères», «Le noir (te) vous va si bien» de Jacques Bral. Une fille qu'il aura inspirée comme bien d'autres jeunes maghrébins. En résumé, le cinéma franco-marocain a perdu un acteur cher à son cœur. Son regard pétillant et son charme auront marqué le grand écran. Il a ouvert les portes a bien des générations, sans le savoir. Adieu maestro !