Du 31 octobre au 3 novembre, Essaouira a fêté le 10e anniversaire du festival des Andalousies atlantiques. L'émotion était palpable autour de cet évènement culturel qui a rassemblé juifs et musulmans au rythme de belles musiques ! «Ce qui se passe ici, vous ne le verrez nulle part ailleurs. C'est une scène dédiée exclusivement aux juifs et aux musulmans, qui ont décidé de résister à l'amnésie !», déclare André Azoulay, président de l'association Essaouira Mogador lors de la conférence : «Mémoires et histoires, l'importance du lien, l'importance du lieu». Un thème qui a rassemblé pendant 3 jours des centaines de personnes. Et tout le monde était «vip», musiciens, spectateurs , touristes etc...Une expérience unique. La 10e édition du festival des Andalousies atlantiques a été l'occasion de faire des pauses dans la mémoire pour ne pas oublier l'histoire. L'histoire qui ne sait pas mentir puisque depuis toujours, juifs et musulmans sont proches, sont frères. La culture et la gastronomie sont là pour en témoigner, la langue, les valeurs qui se ressemblent et surtout la musique le prouvent. Entre plusieurs interventions, les musiciens, qui ont trouvé en Dar Souiri un refuge, se sont mêlés à la foule et ont joué leurs morceaux, tantôt à capella, tantôt en les improvisant, des morceaux du répertoire judéo-marocain jusqu'au répertoire berbère marocain, interprétés par la chanteuse Françoise Atlan, directrice artistique du festival. Le violoniste Elad Levy, le pianiste Omri Mor, la chanteuse Neta Elkayam, des Marocains venus d'ailleurs, ont chanté avec leurs compatriotes musulmans issus de la même génération, à savoir Marouane Hajji, une étoile montante du samâa et du chant andalou, Abir El Abed, venue de Tanger, Nouhaila El Kalai de Fès et Zainab Afailal de Tetouan tandis que sur scène le grand Abderrahim Souiri invite à se joindre à lui, Benjamin Bouzaglo. Il porte le message du festival à son firmament et la musique réussit ce que la politique ne réussit pas ! Françoise Atlan fera de même en partageant de beaux moments sur scène avec le groupe «Chekara». Digne directrice, elle enchante le festival par sa présence et son dévouement en lui apportant une touche féminine pleine d'émotion et de sensibilité. Un dévouement également apporté par les membres de l'association Essaouira-Mogador, qui se donnent corps et âmes pour leur ville , bénévolement, main dans la main avec la Fondation des trois cultures pour la paix, le dialogue et la tolérance. Il y avait des moments précieux, des surprises inattendues, des improvisations des plus réussies, sublimées par des réactions surprenantes, comme celle du violoniste Elad Levy, qui a surpris la foule en prononçant les mots : «Je me sens musulman» après une fatha dédié aux victimes de l'accident de la route Agadir-Essouira, souvenu la vieille du début du festival ou encore le «moual» du palestinien Maher Diba, qui a ému la salle de Dar Souiri. Un festival pas comme les autres puisqu'il est l'exemple parfait du pouvoir d'une musique fédératrice. Une musique qui n'a pas de langue, ni de nationalités, encore moins de religion, le tout avec des valeurs qui étaient celles du désormais célèbre Festival des Andalousies atlantiques !