Le petit festival devenu grand s'apprête à fêter ses 10 printemps en ce début d'hiver. Les Andalousies Atlantiques est un rendez vous où la musique se fait l'intermédiaire entre les différentes cultures et les différentes religions pour effacer les différences et les conflits. Il s'agit là d'un rendez-vous tolérant et fédérateur. «L'inédit est souvent la règle à Essaouira et le Festival des Andalousies Atlantiques, qui fête cette année son 10e anniversaire, est sans doute le rendez-vous le plus exaltant que la Cité des Alizés a su donner à la musique, quand elle nous fait vibrer à l'unisson autour de partitions dont les notes sont puisées au plus profond de nos mémoires». C'est ainsi que du 31 octobre au 3 novembre, «l'édition 2013 sera à cet égard la plus emblématique du patrimoine que nos poètes, chanteurs et musiciens, musulmans et juifs ensemble et d'une même voix, ont su créer et perpétuer au fil des siècles pour notre plus grand bonheur». C'est ainsi que le festival fait découvrir aux curieux et aux mélomanes toute cette jeunesse d'ici et d'ailleurs qui a su conserver l'héritage judéo-marocain à travers sa musique, son répertoire. Des invités de renom sont à l'honneur comme Abderrahim Souiri, l'enfant chéri d'Essaouira, le grand-maître Mohamed Briouel ou Mohamed Amine El Akrami venu de Tétouan. Le cantor Benjamin Bouzaglo, le violoniste Elad Levy avec le groupe Dialna, le pianiste Omri Mor, la chanteuse Neta Elkayam, pour n'en citer que quelques-uns, vont se retrouver sur scène avec leurs compatriotes musulmans de la même génération: Marouane Hajji, étoile montante du samaâ et du chant andalou, Abir El Abed, venue de Tanger, Nouhaila El Kalai de Fès et Zainab Afailal de Tetouan qui chantera avec Françoise Atlan, directrice artistique du festival que l'on ne présente plus, et qui montera sur scène à plusieurs reprises. Pour ses 10 ans, les festival se permet une belle folie afin de faire vibrer la ville d'Essaouira au son de la voix d'Estrella Morente, la plus grande et la plus emblématique chanteuse de flamenco, dans la lignée la plus pure de son père Enrique Morente et d'une famille qui a donné au flamenco andalou son école la plus authentique et la plus talentueuse. Estrella Morente avait été l'icône du cinéaste Pedro Almodovar pour son interprétation de Volver. À Essaouira, Estrella Morente présentera en avant-première, avec l'ensemble de Jalal Chekara, le spectacle qui sera donné dans quelques semaines à Madrid et dans d'autres villes d'Europe où il est très attendu. Au-delà de minuit, et comme c'est la tradition, Dar Souiri ouvrira ses portes aux écoles de musique d'Essaouira et aux confréries de la ville dont la très riche et diversité n'est plus à présenter. Tout comme les «Moments Précieux» de l'après-midi et «Au-Delà de Minuit» à Dar-Souiri, les «Matinées-Forum», qui s'ouvriront sur une rétrospective de l'œuvre de la cinéaste marocaine Izza Genini, feront cette année la part belle au débat autour de «Mémoires et Histoires, l'importance du lien, l'importance du lieu». L'histoire et la mémoire sont au cœur du mystère de la ville, et en font son charme, autant qu'un leitmotiv pour ce festival authentique. Il fait bon vivre à Essaouira, certes, mais un tel rendez-vous musical transforme la ville, et les moments deviennent inédits. On ne s'en lasse pas; la ville est habitée par la passion et la musique, et ses habitants, amoureux et respectueux, le lui rendent bien. Le rendez-vous est donc pris pour le 31 octobre prochain afin de profiter des belles notes et des ondes positives des Andalousies Atlantiques...