Abdou Diop Directeur associé, en charge de l'offre «Services et régulation», Mazars Audit & Conseil De l'avis de Abdou Diop, le climat des affaires global en Afrique s'améliore, même si plusieurs défis économiques et politiques sont encore à relever. Les ECO : Parmi les principales conclusions du Doing Business 2014, 9 des 20 économies ayant le plus progressé depuis 2009, dans le monde, sont d'Afrique subsaharienne. Comment appréciez-vous ces améliorations ? Abdou Diop : L'amélioration du climat des affaires en Afrique découle de plusieurs facteurs. D'abord, la résolution de plusieurs conflits armés dans la région, que ce soit en Côte d'Ivoire ou dans la région des grands lacs ainsi que la «sortie du printemps arabe». Ensuite, la compétition entre pays pour attirer les investissements directs étrangers a obligé les Etats africains à faire des efforts considérables pour améliorer l'attractivité de leur économie. Enfin, le troisième facteur est relatif à une cette nouvelle perception portée sur l'économie du continent : puisque les pays européens sont en récession et que les géants asiatiques ont une croissance qui évolue moins vite, la perception relative de l'attractivité de l'Afrique s'est améliorée de fait. En contradiction avec ces progrès, la promotion et le développement des PME/PMI demeure toutefois problématique. Ces types d'entreprises ne sont pas encore suffisamment pris en compte dans les politiques économiques... La PME, qui a toujours été le moteur des économies de plusieurs pays africains, reste effectivement le parent pauvre des mesures de développement économique des Etats africains. Nous avons l'impression que les préoccupations principales sont focalisées sur les grandes entreprises et qu'il existe un manque de créativité de la promotion de la PME et dans la mise en œuvre d'une réelle politique adaptée. Par ailleurs, la forte présence du secteur informel, grand pourvoyeur d'emplois dans beaucoup de pays, annihile l'impact que pourrait avoir les différentes politiques envers la PME. La croissance africaine est encore fortement corrélée au commerce des matières premières. Dans une conjoncture instable, ce modèle est-il toujours viable ? Il est clair qu'aujourd'hui, les économies de nos pays ne seront viables qu'avec le développement de l'industrialisation, la mise en œuvre effective de l'intégration régionale et de réelles communautés économiques régionales. Nos pays ne peuvent se développer en se basant uniquement sur les marchés domestiques. Il y a lieu également d'avoir une réelle politique de valorisation locale des matières premières car de nombreux pays produisent de la matière première qu'ils exportent pour les réimporter sous forme de produits manufacturés. Le cas le plus anachronique est celui du Nigeria, très grand exportateur de brut mais importateur de produits raffinés. Le Maroc et l'Afrique du Sud sont déjà bien engagés sur la voie de l'émergence. Ne pensez-vous pas que ces pays ont sans doute un véritable rôle de locomotive à jouer pour la dynamique économique du continent ? Aujourd'hui, les Communautés économiques régionales ne peuvent être effectives qu'avec des Hub forts. Le Maroc en Afrique du Nord, le Kenya en Afrique de l'Est, l'Afrique du Sud, etc, doivent servir de locomotive pour entraîner l'émergence de leurs régions respectives.