A l'occasion du 12e anniversaire de son accession au trône, le roi Mohammed VI s'est adressé dans la matinée de ce samedi 28 juillet aux citoyens. Un discours royal pour le moins exhaustif. Nouvelle Constitution, chantiers politique et économique à venir, relations internationales et diplomatiques notamment avec l'Algérie, Sahara et conflit israélo-palestinien étaient donc les points clés de ce discours royal. Saluant la participation «massive» et la «forte adhésion » du peuple marocain lors du dernier scrutin référendaire, le roi Mohammed VI a d'emblée souligné la nécessite de se concentrer désormais sur «l'étape consécutive à l'adoption de la nouvelle Constitution», rappelant que celle-ci «n'est pas une fin en soi, mais une base solide pour un nouveau pacte constitutionnel marquant la volonté d'aller de l'avant dans la mise en place d'institutions efficientes et crédibles». A cet effet, le grand défi qui se présente aujourd'hui est celui de « la qualification et de la mobilisation de tous les acteurs ». Il n'y a qu'ainsi que la nouvelle Constitution «deviendra une réalité concrète et une pratique quotidienne qui reflète la démocratisation de l'Etat et de la société à la fois», ajoute le souverain. Et cela en ouvrant de nouvelles perspectives dites «prometteuses d'une vie libre et digne», particulièrement pour les jeunes et pour les catégories populaires les plus démunies. Mettant ainsi en avant le «climat de confiance qui règne sur le territoire», le souverain a insisté sur la nécessité d'une nouvelle génération d'élites «qualifiées, imprégnées de culture et d'éthiques politiques nouvelles», ainsi que «des politiques audacieuses» en mesure de «préserver les acquis, de corriger les dysfonctionnements et de faire aboutir les réformes globales» pour prendre en main le chantier que dresse la Constitution. Dans un souci de transparence et de bonne gouvernance, le roi Mohammed VI a également rappelé que le nouveau texte constitutionnel sanctionne la concomitance de la responsabilité et la reddition des comptes, en ce qui concerne les élus. Diplomatie internationale «Fidèle aux liens séculaires de fraternité qui unissent nos deux peuples et soucieux de répondre aux aspirations des générations montantes, nous tenons à l'amorce d'une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres». C'est en ces termes que le souverain a exprimé sa volonté de construire une Union maghrébine avec les pays voisins et notamment l'Algérie. Et d'ajouter en ce sens que «le Maroc ne ménagera aucun effort pour développer ses relations bilatérales avec les pays de la région, prenant acte de l'évolution positive que connaissent les rencontres ministérielles et sectorielles en cours, convenues avec l'Algérie». Abordant la question du Sahara, le roi Mohammed VI s'est dit persuadé que «la remarquable évolution» observée par le royaume tant sur le plan institutionnel qu'en matière de bonne gouvernance et de développement constituera un «puissant soutien» à l'Initiative de l'autonomie. Celle-ci apparaissant comme la solution politique et définitive au conflit «artificiel» suscité autour du Sahara marocain. L'entreprise Maroc Dans discours prononcé à l'occasion du 12e anniversaire de la Fête du trône, le roi Mohammed VI a appelé à un contrat social et économique solidaire permettant à tous citoyens de ressentir l'impact positif de ses droits constitutionnels. C'est dans ce contexte que le souverain a appelé au lancement d'une nouvelle génération de réformes profondes donnant accès aux citoyens à «un enseignement utile, un emploi productif, une couverture médicale efficiente, un logement décent et un environnement sain». Le roi a souligné que «la mise en œuvre des mécanismes prévus par la nouvelle Constitution ne devrait pas faire perdre de vue la nécessité de poursuivre les efforts engagés en matière de développement». Celui-ci devrait au contraire, «constituer un puissant levier pour accélérer le rythme de ce processus». Et ce tant au niveau social qu'économique. En effet, dans son discours, le roi insiste sur le fait que «la même exigence s'impose en ce qui concerne le nouveau pacte économique». Celui-ci appelant a être attentif à l'appareil de production et à stimuler l'esprit d'initiative et la libre entreprise, en s'attachant notamment à encourager les PME. De même, l'élargissement du domaine des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, énoncé dans la nouvelle Constitution, implique le devoir de persister à relever d'autres défis d'importance, à savoir la lutte contre le chômage, la pauvreté, la précarité et l'analphabétisme. Cette démarche est en accord avec l'esprit de la nouvelle Constitution qui consacre l'Etat de droit dans le domaine des affaires, poursuit le souverain. Le texte prévoit par ailleurs une série de droits et institue un certain nombre d'instances économiques qui sont, entre autres choses, chargées de garantir la liberté d'entreprendre et les conditions d'une concurrence loyale. La prochaine étape L'attachement à la suprématie de la Constitution, la nécessité de créer un climat politique sain et la nécessité d'œuvrer, dans un esprit consensuel positif, à l'opérationnalisation des institutions constitutionnelles. C'est sur la base de ces trois fondamentaux que le souverain a appelé à préparer la prochaine étape de ce chantier de restructuration, en l'occurrence les prochaines élections législatives. Mettant en garde contre tout «atermoiement» qui risquerait d'hypothéquer la dynamique de confiance et de dilapider les opportunités qu'offre la nouvelle réforme, le roi Mohammed VI a appelé l'ensemble des acteurs concernés à «adopter un échéancier rigoureux». Ce calendrier devrait donner une vision claire du processus de mise en place des institutions constitutionnelles, à court et moyen terme. A court terme, «la priorité devrait être donnée à l'adoption des nouvelles lois relatives aux institutions législatives, exécutives et judiciaires», explique ainsi le souverain. Tandis qu'à moyen terme, la mise à niveau législative globale reste l'un des principaux chantiers qu'il appartient au gouvernement et au parlement de mettre en marche avant la fin de la prochaine législature. C'est dans ce sens qu'une feuille de route «rigoureuse» sera donc mise au point pour l'élaboration et l'adoption des différentes lois organiques prévue par la nouvelle Constitution et la mise en place des différentes institutions dédiées aux droits de l'homme et celles vouées au développement. Lire aussi :