Entre le chic parisien et la tradition fassi, la mode «made in Casa» est née à travers les mains d'Ali Drissi, un autodidacte qui s'est formé à l'observation et à la passion. L'enfant de Casablanca, amoureux de Paris signe une collection pour Anna Kaona, qu'il expose pour la première fois depuis le 24 janvier. Une carrière est née... En plein quartier CIL, un vendredi 24 janvier, Anna Kaona, cette maison d'hôte de la création a laissé entrevoir le talent presque inavoué d'un jeune créateur marocain : Ali Drissi. Marketeur de formation, il s'oublie à l'Ecole nationale de commerce et gestion de Settat où il organisera quand même un défilé caritatif, et s'oriente vers une carrière dans les ressources humaines. Toutefois, Ali Drissi n'a jamais oublié d'où il venait : du monde de la haute couture. Comme si les tissus et les textures avaient toujours eu un sens pour lui, Ali Drissi a toujours eu la mode et la couture pour passion. Né à Casablanca, il a toujours été attiré par l'habillement, les retouches, le relooking, des poupées de sa sœur aux mannequins qu'ils imaginaient déjà dans sa tête. Avec des idées à foison et une sensibilité à fleur de peau, Ali Drissi ne cesse de créer en griffonnant des modèles dès qu'il en a l'occasion ou en les pensant tout simplement. «Je trouve que la femme est une des créatures les plus réussies de l'histoire de la création. Il n'y a rien de plus harmonieux», s'enthousiaste le jeune créateur qui a pour modèle une mère et une grande sœur douées pour la création et les coupes. C'est d'ailleurs à la suite d'un voyage à Paris avec sa mère, que le créateur tombe amoureux de la ville de la mode et de la grande couture. «J'étais complètement scotché par les ateliers du sentier», se souvient Ali Drissi, qui a été marqué à jamais par Paris et ses success-story, de Jean Paul Gautier à Yves Saint Laurent en passant par Coco Chanel. Son côté parisien ne fait que s'exacerber tout en assumant et en laissant s'exprimer sa marocanité et sa passion pour les ateliers de couture du fin fond de la médina de Fès. Ses créations sont le reflet de cette biculturalité puisqu'Ali Drissi privilégie les gros volumes pour créer un mouvement permanent. Il le prouve lors d'un défilé organisé lors de ses études en école de commerce en 2003 où il crée à partir de «récup», une collection au profit d'une association caritative. Après avoir mis sa passion de côté, il décide de donner naissance à une collection sobre et discrète, comme pour commencer une carrière dans la douceur. Entre les nuances noires, grises et nude, la collection Ali Drissi est prudente, presque timide. Oubliant son influence punk-chic des débuts, le créateur réinvente les codes du classique et du raffiné. Un résultat brillamment sobre mais qui reste le reflet des prémices d'une créativité débordante, qui ne demande qu'à s'exprimer et donner libre cours à une folie enfouie. De premiers modèles qui constituent un laboratoire d'idées pour le jeune artiste. Un laboratoire d'idées amené à se développer vers l'excentricité dans les collections à venir. Entre temps, celui qui compte les centimètres de tissu pour trouver le sommeil n'a pas fini de faire parler de lui. Sa singularité et sa sensibilité naïve parleront pour lui-même s'il n'aime pas se comparer aux autres. Il s'agit d'une ruée vers l'art, vers les «sentiers» de la mode, rythmée par un refrain d'une vie qui ne cesserait de répéter : «le noir, c'est chic»...