Ahmed Benlafkih Directeur du réseau de Casablanca en charge du marché détail et Marocains du monde à la Banque Populaire. Les dépôts à terme gagnent en attractivité. En effet, le taux moyen pondéré des dépôts à 6 et 12 mois observé par Bank Al-Maghrib au niveau des banques a gagné près de 11 points de base par rapport au mois de novembre dernier, passant à 3,88% en décembre. Dans le détail, les taux se sont chiffrés à 3,71% pour les dépôts à 6 mois et à 3,99% pour les dépôts à 1 an. Les ECO : Quelles sont selon vous les raisons de la hausse des taux des dépôts à terme pratiqués par les banques ? Ahmed Benlafkih: La rémunération des dépôts à terme est indexée sur les taux du marché monétaire. La tendance des bons du Trésor globalement haussière est reflétée au niveau des taux minima appliqués aux comptes d'épargne, qui connaissent des évolutions soutenues par les pouvoirs monétaires. D'autre part, il est clair que la situation de la sous-liquidité que vit le secteur bancaire au Maroc depuis quelques années et qui perdure, a poussé les banques à chercher les dépôts à tout prix. L'offre étant limitée, il est normal que la rémunération de l'épargne connaisse une augmentation notable. Cette situation a eu tendance à s'aggraver durant le dernier trimestre de l'année puisque toutes les banques se lancent dans une course aux chiffres afin de maintenir leurs parts de marché, sans oublier leur volonté de faire face également à la demande toujours importante du crédit. Quelle est votre lecture de l'évolution des taux des dépôts à terme en 2013 ? Durant l'année 2013, les taux des dépôts à terme ont connu une légère hausse qui s'explique essentiellement par le manque de liquidité sur le marché. Cet accroissement aurait pu être plus prononcé si le marché boursier était plus dynamique. En effet, beaucoup de particuliers boursicoteurs ont tourné le dos à la bourse, permettant ainsi d'orienter une partie de leurs investissements vers les placements bancaires classiques, plus sûrs en termes de rentabilité. Quelle a été l'évolution des dépôts à terme du secteur bancaire sur les dernières années par rapport à d'autres formes de placement comme le compte sur carnet ? Depuis 2011, les dépôts à terme ont connu une évolution positive. Ainsi, en 2012, et selon les statistiques de BAM, les dépôts ont progressé de +3,1% par rapport à 2011. Cette même tendance a été observée pour 2013 par rapport à 2012, avec une évolution de +5,5% pour un encours de plus de 153 MMDH en 2013 contre 145 MMDH en 2012. Les réalisations de l'année se sont établies à environ 8 MMDH à fin décembre 2013 contre 6,6 MMDH à fin novembre 2012. Sachant que les taux de rémunération des comptes sur carnets se rapprochaient significativement de ceux des dépôts à terme, y a-t-il eu un engouement pour ces derniers en 2013 ? D'emblée, il faut préciser que les comptes sur carnets présentent plusieurs limites par rapport aux placements en dépôts à terme. En effet, les comptes sur carnets ne sont proposés qu'aux personnes physiques excluant toutes les personnes morales. En plus, et c'est le plus important, ces comptes sont plafonnés à 400.000 DH. De ce fait, nous sommes en droit de dire qu'on ne joue pas sur le même terrain. Les dépôts à terme sont donc ouverts également aux personnes morales et les montants de placement y sont illimités. Il faut aussi noter que les taux de rémunération des dépôts à terme, même s'ils apparaissent plus faibles, bénéficient d'une certaine flexibilité de la part des banques, ce qui n'est pas le cas pour les comptes sur carnets. En effet, une marge de manœuvre est généralement accordée au réseau d'agences pour proposer des taux sensiblement plus intéressants à la clientèle et ceci en fonction de l'importance du montant et de la durée de placement. En définitive, nous pouvons dire que ce sont deux produits différents, répondant à des besoins distincts et ayant des clients différents, ce n'est donc pas la rémunération qui en ferait des produits «concurrents». Selon vous, comment devrait évoluer la rémunération des dépôts à terme en 2014 ? Je pense qu'on restera plus ou moins sur la même tendance que celle de 2013.