Haissam Chraiteh Président-directeur général de Sanofi au Maroc. Les coûts logistiques occupent une part importante dans le prix des médicaments.Pour baisser ses prix, Sanofi optimise sa distribution. Les ECO : La nouvelle plateforme logistique, installée au Maroc, va-t-elle influer les prix de vos produits sur le marché subsaharien ? Haissam Chraiteh : En effet, Sanofi a inauguré en avril 2013 une importante plateforme logistique. D'une superficie de près de 12.000 m2 et d'une capacité de 14.500 palettes, le nouveau centre de distribution de Sanofi au Maroc traite 1.300 références produits générées par la filiale marocaine pour l'exportation vers les pays d'Afrique subsaharienne, la production pour le marché marocain et l'importation de produits finis. Ce modèle de centre de distribution à la pointe de la technologie intègre de manière harmonieuse de nouvelles technologies, des services de pointe ainsi que le respect de l'environnement. Cet investissement s'inscrit également dans le cadre du Contrat-programme national (Signé en février 2013 lors des Assises de l'industrie à Tanger), visant à définir un cadre général pour le développement de l'industrie pharmaceutique marocaine. Les coûts logistiques constituent un élément important du coût de revient des médicaments. La distribution de nos produits répond à des normes draconiennes de qualité, de BPD (Bonnes pratiques de distribution) et d'HSE (Hygiène, sécurité & environnement). Une optimisation de la distribution pourra contribuer à terme à une baisse sensible du prix des médicaments. Les génériques seraient-ils la solution ? Sanofi affiche des ambitions fortes sur le marché des génériques en Afrique depuis plusieurs années, en développant à partir de sa filiale Zentiva, un portefeuille de génériques de qualité à prix adaptés. Les génériques constituent donc un levier important. S'agissant de la baisse des prix (prévue au Maroc dans les prochains mois), il n'est pas sûr qu'elle génère des effets volumes, contrairement à l'élargissement de la couverture médicale, qui est un facteur essentiel d'accès aux soins et d'amélioration de l'espérance de vie. Nous sommes bien entendu en phase avec les autorités de santé marocaines pour développer l'accès aux médicaments, mais nous sommes inquiets quant à la mise en œuvre opérationnelle de cette baisse tarifaire et notamment au vu de l'instabilité inquiétante de la livre turque, qui risque de tirer dangereusement les prix vers le bas, avec une menace réelle sur les équilibres socio-économiques des industriels, la gestion du stock existant dans les circuits de distribution et le transfert de marges additionnelles par l'industrie pharmaceutique dans le canal de distribution. Nous demandons donc aux autorités publiques sanitaires d'associer l'ensemble des parties prenantes pour établir un plan de déploiement opérationnel réaliste et efficace de cette baisse des prix. De plus au-delà de ceci, il s'agit de lancer rapidement des mesures d'accompagnement du secteur. Que représente Sanofi Maroc dans votre stratégie de développement industriel en Afrique ? Le site industriel au Maroc a bénéficié de plus de 500 MDH d'investissements en 10 ans. Il produit 70 millions de boîtes par an sur un marché total de 300 millions, 20 millions de boîtes vont à l'exportation grâce à l'ASAQ Winthrop. Cependant, notre groupe souhaite opérer des synergies entre les sites industriels de Sanofi au Maghreb et en Egypte. En effet, la production d'une grande diversité de médicaments constitue un facteur de complexité industrielle. Afin de pérenniser et développer davantage notre présence et nos capacités industrielles au Maroc, la concentration sur les médicaments à fort volume (Export, génériques) devient nécessaire. C'est pour cela que nous proposons la mise en place de flux croisés avec les sites industriels de Sanofi en Tunisie et en Egypte, qui sont des pays signataires de l'accord d'Agadir. Les traitements antipaludiques sont l'un des créneaux sur lesquels Sanofi est fortement présent en Afrique.... Effectivement, le paludisme est la maladie parasitaire la plus meurtrière de la planète. L'intégralité du traitement ASAQ Winthrop est produite par Sanofi Maroc. Le site industriel de Casablanca Zenata est certifié par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) pour la production d'ASAQ Winthrop (Antipaludique), lequel est exporté dans plus de 30 pays d'Afrique subsaharienne. En 2012, le site a produit 80 millions de traitements ASAQ, soit l'équivalent de 20 millions de boîtes (Sur un total de 70 millions qu'a produit le site de Zenata en 2012). En 2013, plus de 100 millions de traitements ont été produits. Cette activité d'exportation est valorisante pour l'industrie pharmaceutique au Maroc. Quelles sont les prochaines étapes de l'évolution de votre dispositif logistique sur le continent ? L'évolution des modes de vie en Afrique se traduit par une transition épidémiologique majeure. Si les maladies transmissibles semblent maîtrisées dans certains pays, les maladies non transmissibles (maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers) suivent une progression alarmante. L'accès aux soins est donc un enjeu essentiel. Nous sommes présents dans 8 pays via des filiales. Nous disposons de 7 sites industriels : 1 au Maroc, Algérie (2), Tunisie (1), Egypte (1), Sénégal (1) et Afrique du Sud (1). Les médicaments de Sanofi sont disponibles dans 51 pays du continent et près de 60% de nos médicaments distribués en Afrique sont produits sur ce continent. Nous maîtrisons donc l'amont et l'aval du processus et nous disposons de capacités industrielles et logistiques suffisantes pour couvrir les besoins africains. 80 M€ ont été investis par Sanofi au cours des 5 dernières années et 120 M€ seront investis au cours des cinq prochaines années.