Deux événements radicalement différents se sont déroulés hier à Casablanca et recèlent pourtant bien des similitudes. Au moment où le Maroc inhumait son martyr Yassine Bahti, de jeunes ministres prenaient officiellement leurs fonctions devant le roi. Quatre nouveaux ministres et un pilote de chasse qui était voué à une belle carrière, tous issus de couches populaires et de l'école publique. Ces ministres comme ce militaire avaient des rêves de gamins et des ambitions d'adultes sans savoir qu'un jour tout le Maroc parlerait d'eux dans les circonstances que l'on connaît. Un message fort : aujourd'hui notre pays accorde un intérêt particulier à l'ascenseur social où la méritocratie s'impose de plus en plus. Nous ne sommes plus dans un système de rente ni dans une logique de grandes familles car il est révolu le temps où un grand banquier de la place avait rejeté la promotion d'un directeur de division parce qu'il avait «un nom d'usine». Dans le civil, l'on constate que de plus en plus d'éléments inconnus au bataillon s'investissent dans de grandes responsabilités au prix de leurs efforts et de leur mérite. Même son de cloche chez les militaires qui mettent depuis un certain temps des critères tels que la compétence, le dévouement et les capacités managériales au service d'un incontournable credo. Feu Bahti était voué à une belle carrière militaire, mais le sort en a décidé autrement et cela n'empêchera pas d'autres «oulad cha3b» de gravir les échelons et monter en grade. Repose en paix, Yassine Bahti.