Cotonou ou comment démystifier le marché béninois 97 PME marocaines, dont 75% n'ont jamais exporté au sein de notre continent, ont fait escale dans la capitale économique béninoise, Cotonou. Les rencontres B to B entre chefs d'entreprise marocains et béninois étaient intensives. 250 opérateurs économiques béninois ont pris part aux rencontres, débouchant ainsi sur 800 contacts avec les femmes et hommes d'affaires marocains, soit 25% des 3.200 rendez-vous recensés lors de l'ensemble de la mission commerciale. Toutefois, cette étape a principalement été l'occasion pour les PME marocaines de nouer les premières relations d'échange, et surtout de briser la glace, tout en démystifiant ce marché très peu connu de l'entreprise marocaine. Il faut reconnaître qu'au cours de cette étape, beaucoup de participants attendaient l'escale suivante, Abidjan. «Il est très conseillé de trouver un partenaire local fiable pour exporter ou entreprendre dans un pays comme le Bénin», estime cet industriel marocain, en marge des rencontres d'affaires qui se sont déroulées hier à Cotonou. Si, naturellement, rares ont été les concrétisations, l'ensemble des PME marocaines sont à l'affût de la moindre opportunité. «La forte majorité des entreprises marocaines présentes ici avec nous sont des PME dynamiques, ayant montré un intérêt particulier pour l'investissement et le partenariat avec les pays de notre continent en général et le Bénin en particulier», soulignait Mohamed Abbou, ministre délégué en charge du Commerce extérieur, lors de l'ouverture du «Symposium sur les relations économiques Maroc-Bénin». Enfin, l'une des opportunités les plus prometteuses scrutées par les participants marocains est d'exploiter la facilité d'accès au marché nigérian, limitrophe et très difficile à atteindre directement, vu l'instabilité et l'insécurité qui règnent dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique. Abidjan, accompagner le boom des infrastructures Contrairement à la précédente étape de «B to B in Africa», il n'était plus question de «briser la glace» à Abidjan. Les officiels capitalisent sur la dernière visite royale pour booster les contacts, dans un contexte où les échanges commerciaux bilatéraux se sont accrus de 165% depuis 6 ans, mais les PME marocaines rechignent toujours à l'investissement direct. Dans la capitale ivoirienne, il est clairement question de monter en puissance et de passer aux choses sérieuses. «J'invite les opérateurs ivoiriens et marocains à être pragmatiques, créatifs et crédibles, en vue de faire naître des projets conjoints, concrets et rentables», insistait d'ailleurs Mohamed Abbou, qui n'y va pas par quatre chemins pour souligner le défi actuel et futur de la coopération économique entre le royaume du Maroc et la république de Côte d'Ivoire. Ceci-dit, la nouveauté dans ce marché qui commence à jouir d'une stabilité politique relative, est la démultiplication des projets d'infrastructures, qui se chiffrent en milliards de dollars. La rencontre de la délégation marocaine avec Daniel Kablan Duncan, Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire a été l'occasion pour ce dernier de lister une multitude de projets de développement, auxquels les Marocains pourraient prendre part. Infrastructure routière et autoroutière, ouvrages d'art, unités de transformation de cacao et de noix d'acajou, partenariats dans le textile pour la valorisation du coton ou encore l'installation de 7.000 km de fibre optique, autant de commandes publiques et autant d'appels d'offres à suivre de près, dans des domaines très variés. Si la concurrence est effectivement très rude, notamment face aux Turcs et aux Chinois, les opérateurs marocains ont là de vraies opportunités à saisir. Dakar, capitaliser sur une proximité encore sous exploitée Avec 500 opérateurs locaux ayant répondu présents et 1.280 rendez-vous d'affaires entre entrepreneurs marocains et sénégalais, l'étape de Dakar a été la plus intense pour les participants à la mission commerciale «B to B in Africa», devant Abidjan où 1.120 contacts d'affaires ont eu lieu. À l'unanimité, les participants se sont sentis «comme chez eux» et le «courant commercial et entrepreneurial» est particulièrement bien passé. Les secteurs de l'agroalimentaire, de l'électricité, des BTP et IMME se sont mis en avant lors des rencontres B to B, toutefois, l'agroalimentaire occupe la pôle-position. Il faut dire que les entreprises de l'agro-industrie ont été les plus représentées parmi la délégation marocaine avec près de la moitié des 97 entreprises participantes. Officiels et opérateurs ont déploré l'insuffisance de la concrétisation des relations commerciales, au vu de «l'excellence des relations qui lient les deux pays». Par ailleurs, c'est «une évolution naturelle», rétorquent les plus optimistes. Les perspectives commerciales sont effectivement très prometteuses. «La concrétisation des relations commerciales et des projets de développement des entreprises marocaines peut se réaliser à court terme, dans un horizon de 3 à 6 mois», estiment les managers de Maroc Export. «Toutefois, un travail de suivi de l'ensemble des réalisations est indispensable pour mener à bout l'ensemble de ces résultats», tempèrent-ils. La démarche est générale : se rencontrer, se faire confiance et ensuite passer aux choses sérieuses par l'échange de correspondances et l'organisation de rencontres bilatérales.