Najib Cherfaoui Expert maritime Casablanca accueille depuis jeudi dernier, le Port Finance International Maroc 2014. L'événement réunit des acteurs internationaux du monde maritime, issus notamment du continent. Cette année, il est justement question de discuter des moyens de développer l'offre au Maroc et en Afrique. À cet effet, le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime, revient sur les enjeux et le potentiel de développement des activités portuaires en Afrique. Les ECO : Quelle est l'utilité de ce forum dans le développement des échanges entre le Maroc et les pays africains ? Najib Cherfaoui : La finalité essentielle de ce forum devrait avoir pour objet de faire évoluer les mentalités. Les gens de mer de l'Afrique possèdent des compétences considérables qui ne sont jamais sollicitées ni consultées sur le devenir du secteur ainsi que sur les directions et les orientations à entreprendre sur le long terme. Ces hommes et ces femmes doivent s'organiser en une communauté capable d'instituer une veille maritime pour explorer les lignes d'horizon et dégager des pistes prospectives. L'objectif étant d'éviter que l'avenir ne devienne une contrainte à subir. Cette communauté doit, notamment, innover de manière solidaire pour accélérer l'émergence du système portuaire africain. Ainsi, les ports africains doivent se doter d'une vision future et œuvrer à la préservation du patrimoine naval. Pour cela, ils doivent interroger, écouter et mémoriser leur passé afin d'anticiper les tendances et surtout de guider les centres de décision actuels vers les chemins fructueux. C'est-à-dire créateurs de richesses, d'emplois et de prospérité. Pensez-vous réellement que les ports marocains constituent une passerelle obligatoire pour le transport et le commerce de et vers l'Afrique ? Il ne s'agit pas seulement d'une passerelle. Il faut d'abord régler la question du transport par voie de mer. En clair, il faut commencer par unifier le droit maritime, puis développer et mutualiser les flottes marchandes africaines pour améliorer leur rentabilité. Le problème portuaire est la dernière des priorités, car on construit les ports pour les navires et pas l'inverse. Globalement comment jugez-vous l'activité portuaire en Afrique ? Il ne s'agit pas de juger l'activité portuaire en Afrique car le trafic est réalisé par les chargeurs : le port n'est qu'une étape de passage. Autrement dit, votre question se ramène à savoir quel est l'avenir économique de l'Afrique. Là, je peux vous répondre que cet avenir est fabuleux : le Maroc et la Chine l'ont très bien compris. Quels sont les ports africains les plus dynamiques et les plus en vue ? Là aussi, il faut considérer non pas les ports mais plutôt les populations qu'ils desservent. Au tant un pays est peuplé et d'autant ses relations portuaires seront dynamiques. Cela revient à classer le dynamisme par la démographie. Il est à noter que globalement l'Afrique a franchi la barre du milliard d'habitants en 2010. Cela dit les ports de transbordement de conteneurs qui ont une vocation planétaire évoluent au gré des intérêts des grands opérateurs ainsi que des fluctuations de leurs alliances, indépendamment des hinterlands de leur implantation.