L'épidémie d'Ebola pourrait engendrer des pertes économiques de l'ordre de 32,6 milliards de dollars en Afrique de l'Ouest, au cours des deux prochaines années. C'est ce que relève une récente étude de la Banque mondiale, qui mentionne des risques de contamination régionale. Les chiffres que vient de publier la Banque mondiale sur l'impact économique, à court et moyen termes, de la crise liée à Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014 sont effrayants. Selon les conclusions de l'évaluation émanant de l'étude, les pertes économiques pourraient s'élever à 32,6 milliards de dollars au cours des deux prochaines années pour la sous-région. Le rapport, qui fait suite à celui publié, il y a quelques mois déjà, sur les impacts économiques de l'épidémie d'Ebola dans les pays les plus touchés (Guinée, Liberia et Sierra Leone), contient de nouvelles estimations des coûts de l'épidémie à l'échelle de la région. Pour ce faire, l'étude s'est basée sur deux scénarios. Dans le cas du scénario dit de «faible Ebola», l'épidémie serait contenue d'ici début 2015 avec environ 20.000 cas, et l'activité économique reprendrait progressivement. Pour le second scénario dit de «fort Ebola», l'épidémie serait circonscrite plus lentement et s'aggraverait jusqu'à mi-2015, pour toucher 200.000 personnes. Selon les estimations de la Banque mondiale, dans le scénario dit «bas», les pertes du PIB de l'Afrique de l'Ouest peuvent s'élever à 2,2 milliards de dollars en 2014, et 1,6 milliards de dollars en 2015. Dans l'autre scénario, dit «haut», ces pertes s'élèveraient à 7,4 milliards de dollars en 2014 et à 25,2 milliards de dollars en 2015. Il convient de relever que ces deux scénarios prennent en compte des effets de contagion sur d'autres pays. Impact financier régional L'analyse de la Banque mondiale a relevé le fait que, si l'épidémie est contenue d'ici la fin de l'année 2014, l'impact économique en Afrique de l'Ouest -y compris en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone- pourrait être atténué, et les économies de la région redémarrer et se relever rapidement. Si, en revanche, la crise devait persister en 2015, la croissance la plus faible pourrait coûter 32,6 milliards de dollars à la région en 2014 et 2015, augmentant ainsi l'incidence de la pauvreté. Il ressort, par ailleurs, que l'impact financier d'Ebola croît sous l'effet de coûts directs (dépenses publiques de santé) et indirects (liés à la baisse de la productivité avec le nombre de travailleurs malades, de mourants ou de personnes assistant leurs proches). À cela s'ajoutent les coûts plus élevés des activités économiques dans chacun des pays, mais aussi des échanges entre ces pays. «Les comportements de psychose et la peur de contracter le virus Ebola privent beaucoup d'entreprises de leur main-d'œuvre, perturbent les transports et conduisent les ressortissants des pays touchés par l'épidémie à limiter leurs voyages», souligne la Banque mondiale. C'est pourquoi les auteurs de l'étude -la première du genre- recommandent aux gouvernements et aux partenaires internationaux de jeter les bases de politiques qui pourront contenir l'épidémie et lever les craintes des agents économiques. Aussi, il serait important d'accroître les appuis financiers extérieurs pour que les gouvernements puissent continuer de fonctionner avant le retour de la croissance économique. De même, il s'avère nécessaire de rétablir la confiance pour que les investissements domestiques et internationaux reviennent dès que l'épidémie sera contenue et, par la suite, investir dans des systèmes de santé efficaces et résilients, après que l'épidémie d'Ebola ait été contenue. Comme le souligne cette étude, sans de telles mesures, «au-delà des pertes humaines qui n'ont pas de prix, les pertes de revenus dans le scénario dit «haut» pourraient mettre des années à se résorber».